ADIEU JOHNNY HALLYDAY : Un hommage grandiose

France Dimanche
ADIEU JOHNNY HALLYDAY : Un hommage grandiose

Nous avons assisté à la cérémonie rendue à Paris avec ses proches et 800 000 fans, en hommage à Johnny Hallyday, à jamais populaire.

«Johnny ! Johnny ! Johnny ! ». La foule a scandé le nom du chanteur pendant plus de cinq heures, samedi dernier. Tandis que la famille et les quatre cents intimes du rocker assistaient aux obsèques de Jean-Philippe Smet, en l’église de la Madeleine, la rue a rendu un hommage populaire grandiose à la star.

Ils étaient des centaines de milliers, ses fans, venus de toute la France, mais aussi des États-Unis, de Belgique et de Suisse. Quelque 800 000 admirateurs avaient envahi le quartier, de l’Étoile à la Madeleine, dès l’aube pour certains, malgré la fine couche de neige recouvrant les massifs de fleurs dans les contre-allées. À 10 heures, les rues étaient noires de monde, comme nous avons pu le constater depuis l’une des cinq estrades mises à la disposition de la presse par la présidence de la République, face à la Madeleine, coincés entre les caméras de France 24, BFMTV, les larges épaules de nos confrères et leurs sacs à dos.

Le plus important se passait alors dans la rue, où les fans semblaient venus en masse pour assister au 267e passage à l’Olympia de Johnny. En effet, lors de cette cérémonie, tous n’ont cessé de reprendre en chœur ses chansons jouées par ses quatre musiciens, jusqu’au moment où le corbillard est apparu sur la place de la Madeleine, suivi, à pied par Læticia, tenant par la main ses deux petites filles, Jade et Joy.

Ferveur

Un grand silence a accompagné le véhicule funéraire qui passait devant la Harley Softail Springer 1989 bleue, garée sur le parvis, que Johnny avait vendue il y a deux mois à un habitant d’Annecy, avant de faire don de la somme à l’association La bonne étoile. Le cercueil blanc, sorti à 12 h 55 du corbillard, a été longuement applaudi. Pour la première fois de sa vie, le rocker n’était pas en retard. Læticia, vêtue de noir, portant au cou le pendentif fétiche de « son homme », un Christ à la guitare serti de diamants, qui ne le quittait jamais, a été saluée à son arrivée par le président Macron. L’émotion de ce moment n’a pas échappé à l’assistance.

Sur le parvis de l’église se trouvaient notamment David et Laura, Nathalie et Sylvie, Estelle Lefébure, et les petits-enfants du chanteur, Emma, Ilona et Cameron, François Hollande avec Julie Gayet, Nicolas Sarkozy et Carla Bruni, Line Renaud, Muriel Robin, Jean Reno, Patrick Bruel, Eddy Mitchell, Michel Drucker, Claire Chazal, Adamo, Sheila, tandis que Claude Lelouch filmait ce moment intense avec son téléphone portable – un geste qui n’a pas été compris par tous. La Madeleine était cernée par un tel cordon de sécurité que certaines personnalités ont eu du mal à le passer. Ainsi, Jane Birkin a été refoulée une première fois. Elle a dû faire un grand tour pour trouver un agent plus physionomiste et rejoindre le carré VIP.

En ce samedi 9 décembre, tous n’étaient venus que pour Johnny. On n’a pas entendu les traditionnels : « Tu as vu celui-là ! Il fait plus grand à la télé ! », ou encore : « Oh là la ! Elle a pris un sacré coup de vieux ! » Lorsqu’Emmanuel Macron a pris la parole, la foule a sifflé le président de la République, réclamant le retour des musiciens. Ils ont cependant écouté le discours, ponctuant chaque phrase d’un « Johnny ! Johnny ! », avant d’applaudir leur idole, comme les y invitait le chef de l’État.

Un hélicoptère survolait toute la scène et des snipers veillaient au moindre mouvement suspect depuis les balcons des immeubles voisins. Pourtant, malgré ce dispositif exceptionnel, ces adieux ressemblaient plus à un ultime concert du rocker. La façade de la Madeleine était en partie cachée par le portrait géant de Johnny. De l’autre côté de l’église, du trottoir jusqu’aux chapiteaux des colonnades, le mur était couvert d’amplis poussés à fond, qui ont, cinq heures durant, craché toute la musique qu’il aimait, celle qui vient du blues.

Voir les musiciens de la star, installés sur une scène improvisée, jouant les intros de ses chansons, sans que Johnny fasse son entrée, ajoutait à l’étrangeté de ce moment. Car tout semblait réuni pour assister au show du siècle. Ne manquait que le chanteur. Nous avons partagé la tristesse de la foule, depuis l’estrade réservée aux journalistes qui se marchaient sur les pieds pour tenter de rendre compte de l’événement. Comme tous, nous avons baigné dans cette ferveur populaire. Nous avons été frappés par la grande dignité de spectateurs, qui tous gardaient au cœur un souvenir de Johnny. Un Johnny souriant, comme sur la façade de la Madeleine, qui malgré la douleur, prenait toujours le temps de recevoir ses fans après ses concerts, le temps d’un autographe ou d’une poignée de main.

Lumière

« Poussez-vous ! Laissez-nous voir, c’est la dernière fois, il n’y en aura pas d’autre », nous disaient les badauds installés derrière l’estrade. « Vous pouvez me faire une photo des fleurs, la guitare aux roses rouges, vous la voyez ? », nous a demandé un homme, les yeux embués. Nous nous sommes bien sûr exécutés, et d’autres nous ont aussitôt sollicités. Nous nous sommes sentis proches de ces milliers de spectateurs frigorifiés, heureux de pouvoir rendre un dernier hommage à cet artiste unique, à cette légende que nous avons suivie, à France Dimanche, depuis ses débuts. Comme les fans, nous avons remercié le ciel pour sa clémence. Au lieu de la pluie et de la neige annoncées par la météo, ce samedi, le soleil a été de la partie. Il a dardé ses rayons sur le portrait géant de Johnny au moment où le vicaire général de Paris, Mgr Benoist de Sinety, déclarait : « Entre dans la lumière, Johnny. »

La Madeleine a alors ouvert ses portes pour Johnny Hallyday, comme elle l’avait fait pour Chopin, Saint-Saëns, Gilbert Bécaud, Henri Salvador, mais aussi Joséphine Baker et Thierry Le Luron. Seules quatre cents personnalités proches du rocker et une sélection de journalistes avaient été admises à la cérémonie célébrée par Mgr Benoist de Sinety, assisté du « curé des loubards », le père Guy Gilbert, qui avait revêtu l’étole blanche par-dessus son éternel Perfecto en cuir.

Depuis la rue, nous avons assisté sur écran géant à ce dernier hommage illustré par des morceaux de musique interprétés par quatre guitaristes qui avaient travaillé avec Johnny : Matthieu Chedid, Maxim Nucci (Yodelice), Yarol Poupaud et Robin Le Mesurier. Les discours de Philippe Labro, Daniel Rondeau, Carole Bouquet, Patrick Bruel, le poème de Jacques Prévert, Les escargots, lu par Jean Reno au nom de Jade et Joy, ont su émouvoir. Et puis, Line Renaud, en larmes, a dit combien elle trouvait injuste que Johnny s’en aille avant elle, lui son cadet, trop jeune pour mourir.Le corbillard est reparti à 15 h 20. Le nom de la star, écrit en lettres de feu depuis le matin, a été décroché du fronton de l’Olympia sous les huées des fans. Johnny est mort, le spectacle continue.

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Dominique PREHU

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