Charlotte Gainsbourg : Elle révèle tout sur son enfance !

France Dimanche
Charlotte Gainsbourg : Elle révèle tout sur son enfance !

“L’exquise esquisse”, le livre de Fabrice Bellengier, brosse 
un portrait inédit de Charlotte Gainsbourg, la fille du 
célèbre chanteur.

Timide et discrète, c’est l’image que cette artiste aux multiples talents nous offre depuis le début de sa carrière au cinéma et dans la chanson. Mais si la fille de Serge et Jane est, sans aucun doute, réservée, avec sa voix frêle et tendre, c’est une tout autre jeune femme que nous raconte aujourd’hui le livre de Fabrice Bellengier, Charlotte Gainsbourg, l’exquise esquisse, édité chez Mareuil.

Un portrait vérité, reposant sur de nombreux entretiens donnés par l’artiste, retraçant son extraordinaire parcours. Celui d’une femme aujourd’hui âgée de 46 ans (elle en paraît toujours 15 !), qui a réussi sans tapage et en quelques films, parfois sulfureux, à imposer son talent si particulier et à trouver sa place en haut de l’affiche. Là où d’autres sont restées pour toujours des « filles de... ».

Pourtant, c’est dans ce contexte que l’on pourrait croire propice pour entamer une carrière que tout a commencé pour elle : enfant chérie, adorée, de deux monstres sacrés, Charlotte aurait pu n’exister que dans leur ombre. Mais la craintive interprète de Lemon Incest, titre aux relents de scandale écrit en 1984 par Gainsbourg, était une petite, puis une jeune fille au caractère bien trempé, qui a flirté de très bonne heure avec la transgression !

Pension

Il faut dire qu’à la maison, au temps du couple heureux que formaient ses célèbres parents, mais aussi après leur séparation, sa vie n’a rien eu de banal : « Adolescente, je n’avais aucune restriction d’heure, a confié l’actrice. Je me souviens que je mentais aux autres enfants pour avoir l’air normale, en disant que je devais rentrer à minuit. J’ai fait mes premières tentatives de sorties en boîte de nuit vraiment tôt. À 13 ou 14 ans. »

Sa star de papa a beau être l’homme de tous les excès, pas question pour lui de laisser la porte ouverte à des débordements lorsqu’il s’agit de sa fille ! « Mon père avait téléphoné aux Bains-douches pour qu’on m’en interdise l’entrée, a encore expliqué Charlotte. Il avait entendu dire que j’y fumais des joints. Faux. Je n’en ai jamais fumé. J’aurais bien aimé pourtant. »

En revanche, impossible d’empêcher la jeune fille de toucher à la cocaïne... Bien malgré elle, toutefois. C’était sur le tournage d’un film où elle accompagnait Jane Birkin : « C’était pour Souvenirs secrets, avec ma mère et Féodor Atkine, a confié la compagne d’Yvan Attal. J’avais une rage de dents, je souffrais beaucoup. Féodor m’a fait venir dans sa loge, a ouvert une petite boîte avec de la poudre blanche et il m’en a mis sur la gencive. C’était miraculeux. Je suis allée voir ma mère pour lui dire que je n’avais plus mal. Elle est devenue furieuse quand elle a compris. Mais j’ai fait pas mal de trucs à l’époque. Je m’inventais des barrières : toute sage à la maison, alors que je prenais des cuites très jeune, en boîte. Ça m’a permis de passer à autre chose après. »

Cette autre chose, justement, c’est l’envie, et même le besoin de définir ses limites que personne ne lui fixe vraiment : « J’ai eu une éducation très libre, presque trop, mes parents me laissaient faire tout ce que je voulais. Alors évidemment, par contraste, j’avais un énorme besoin d’interdits, d’ordre, de structure. À 13 ans, [...] j’ai demandé à partir en pension, dans un internat suisse, et j’y suis restée un an. »

Au cours de cette année, la toute jeune comédienne, qui a déjà tourné avec Élie Chouraqui dans Paroles et musique, trouvera dans le réalisateur et son épouse, qui vivent non loin de son établissement scolaire, des parents de substitution. C’est en revenant de Suisse qu’elle fait la connaissance de son premier amour. Une liaison qui durera de nombreuses années et dont Charlotte ne parlera à personne, encore moins à Serge et à Jane. « Comme j’avais cette relation qui était cachée, car il était bien plus âgé que moi, tout relevait du secret, toujours, même vis-à-vis de mes parents. »

Ses blessures, ses peines de cœur, ses peurs, ses soucis d’enfant, la petite Gainsbourg avait pris depuis longtemps l’habitude de les garder pour elle. Lorsque, en 1981, après sa douloureuse rupture avec Jane, son père s’était énamouré d’une certaine Caroline von Paulus, dite Bambou, contre toute attente, « l’effrontée » avait trouvé en cette jeune Eurasienne de 21 ans une véritable alliée qu’elle retrouvait chaque week-end avec grand plaisir.

Reconnue

Voyez ce qu’elle dit de celle qui, un peu plus tard en 1986, lui a donné un demi-frère prénommé Lucien : « Bambou, ma belle-mère, est comme une sœur. Elle a accompagné mon enfance. On a volé, fait du stop, déconné ensemble. Elle est très discrète, d’une gentillesse presque inédite. [...] Elle s’est vraiment occupée de moi. Mon père dormait jusqu’à 14 heures et moi, à 10 ans, je me levais tôt. La pauvre Bambou, qui avait passé la nuit à faire la fête avec mon père, devait se réveiller et m’emmener très vite au jardin ou dans un musée. Le bruit d’une gamine aurait énervé mon père. Je considère Bambou comme une deuxième maman. »

Plus tard, témoin impuissant du travail d’autodestruction auquel se livre son cher papa, la courageuse Charlotte, devenue une jeune actrice confirmée, tentera en vain de le remettre dans le droit chemin, prenant en quelque sorte, la place du père : « Je me souviens de moments où j’étais comme un flic..., peut-on lire dans le livre de Fabrice Bellengier. On a fait des voyages ensemble où j’enlevais toutes les bouteilles du minibar. J’étais très agressive par rapport à ça. C’était horrible. Je me souviens d’un voyage en avion où j’avais eu le malheur de m’endormir et, à mon réveil, il ne pouvait plus marcher. Je lui avais fait la gueule. J’étais très dure avec lui. C’était les dernières années, je m’en veux... Mais c’était difficile pour une petite fille. Je me souviens que je le portais dans la rue. Au final, je l’ai bien vécu, c’était comme ça et jamais je ne lui en ai voulu. Mais ce n’était pas si évident à vivre. »

Rest (Repos), le cinquième album de Charlotte Gainsbourg, est sorti le 17 novembre dernier. C’est un recueil de chansons très intimes, hommage, entre autres, à sa sœur Kate, disparue en 2013 et dont elle était très proche. Son nouveau film, La promesse de l’aube, réalisé par Éric Barbier, est sorti le 20 décembre.Une actualité chargée pour cette grande artiste, maman de Ben (20 ans), Alice (15 ans) et Jo (6 ans), qui a vécu tant d’épreuves et de deuils, et reste, pourtant, toujours bien présente après trente-trois ans de carrière, reconnue par ses pairs et par le public. Preuve, s’il en était besoin, que celle qui semble si fragile est bien comme le roseau de la fable : elle plie mais ne rompt pas !

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