Francis Perrin : “Mon fils est tiré d’affaire !”

France Dimanche
Francis Perrin : “Mon fils est tiré d’affaire !”

 Diagnostiqué � autiste � sévère à 3 ans, Louis était condamné par la médecine. Pas pour ses parents, qui se sont battus pour le sortir de son monde. Aujourd’hui, à 12 ans, il entre en cinquième avec 18,5 de moyenne.

« Louis naît le 8 avril 2002. À 2 ans, Louis a le comportement d’un enfant de 6 mois. Il ne se développe pas normalement. Louis est autiste. » Il est bouleversant d’entendre, prononcés sur un ton neutre, ces mots, dits par le père de ce petit garçon... Ce père, que l’on a d’abord connu comme un comédien épatant, faisant rire avec son bégaiement et ses reparties.

Mais, le temps d’une vie, Francis Perrin est passé de la place de joyeux luron à celle, grave, douloureuse, de père qui se bat pour que son fils puisse exister. Ces quelques phrases de présentation, qui ouvraient un reportage que lui consacrait France 2 dans Télématin, en juin 2012, montraient un adorable petit garçon et ses parents aimants au-delà de l’imagination.

Francis et sa femme, Gersende, avaient alors déjà accompli un très long chemin, semé d’embûches plus difficiles à surmonter les unes que les autres, à commencer par la parole des médecins quand ils examinaient ce petit bout de 3 ans qui ne parlait pas, ne marchait pas, se tapait la tête contre les murs, et qui semblait appartenir à un monde lointain et vide.

« Vous devez faire le deuil de votre enfant. Laissez tomber ! » Tel avait été le conseil d’un psychiatre spécialisé dans le domaine de l’autisme à ces parents démunis et dévorés par l’inquiétude.

Culpabilisés

Certains psys ont affirmé connaître l’origine de son mal. « On nous a reproché notre différence d’âge, vingt-sept ans, en suggérant que j’avais conçu Louis dans un rapport quasi incestueux avec Francis », expliquait Gersende à Elle il y a deux ans. Mais on lui a aussi dit que son fils était devenu autiste parce qu’elle n’avait pas su l’allaiter. Un autre lui a conseillé de chercher dans son passé un drame qui l’aurait rendue « incapable d’être une mère bienfaisante »...

Heureusement, Gersende et Francis Perrin n’ont pas abandonné. Malgré les injonctions des soi-disant spécialistes, ils ont décidé de tout faire pour que leur fils tant aimé ait accès à la vie telle que nous la connaissons. Avec ses plaisirs, ses joies, ses peines, toutes ces choses que les êtres humains bien portants peuvent expérimenter. Et dans ce parcours du combattant, qui les a sans doute vus souvent découragés, ces parents motivés par l’amour ont réussi une véritable prouesse.

Il y a quelques jours, en effet, Francis a déclaré à notre confrère Nice-Matin : « Louis est tiré d’affaire. Notre combat, avec mon épouse, face à son autisme [...] a permis de lui redonner son autonomie. Aujourd’hui, il s’amuse avec ses frères et sœurs, entre en cinquième avec 18,5 de moyenne, s’habille tout seul, etc. C’est un garçon comme les autres. Un pur bonheur ! »

Comment cela a-t-il été possible, alors que l’idée la plus répandue est que l’autisme est un mal contre lequel on ne peut rien ?

Méthode

Eh bien, c’est une méthode américaine fondée dans les années 60, nommée ABA (« Applied Behavior Analysis », qui signifie « analyse appliquée du comportement »), qu’ont adoptée les parents de Louis. C’est une technique qui permet de rééduquer le comportement, par les sens, de façon intensive, en stimulant la personne qui est atteinte. Ce qui fait parfois qualifier de « dressage », cette façon de faire particulière.

Francis Perrin pense, lui, qu’il ne s’agit pas du tout de cela. Ce qu’il sait, c’est que quelques semaines après avoir débuté son traitement, son fils a commencé à changer. « Il a prononcé ses premiers mots et nous a nommés : maman, papa... Nous étions en larmes », confiait-il à Elle. Et depuis, Louis n’a cessé de progresser.

Si ce traitement a fonctionné pour lui, rien n’assure évidemment qu’il marche aussi bien pour d’autres enfants. Gersende et Francis en sont conscients. Ils savent aussi qu’ils sont privilégiés d’avoir pu financer cette méthode, qui coûte très cher, et être assez disponibles pour se consacrer, des mois durant, à la seule éducation de Louis.

Mais ils ont voulu que les parents qui se retrouvent dans la même détresse que celle qu’ils ont connue sachent qu’il existe d’autres voies pour motiver un enfant atteint de cette maladie. C’est pour cela qu’ils ont écrit Louis, pas à pas, (éd. JC Lattès), qui n’est autre que l’histoire de la seconde naissance de leur enfant.

Un message plein d’espoir, qui dit qu’il ne faut pas forcément croire ceux qui affirment que tout est perdu d’avance. Le récit de cette bataille, vous pourrez d’ailleurs le retrouver l’an prochain, dans un téléfilm qui sera diffusé sur France 2, avec, dans les rôles de Francis Perrin et Gersende, Bernard Campan et Julie-Marie Parmentier.

D’ici là, Louis, aujourd’hui âgé de 12 ans, aura vécu de nouvelles expériences, éprouvé de nouveaux sentiments. Des choses qu’il n’aurait jamais connues si ses parents ne s’étaient pas acharnés à le vouloir. S’il y a une morale à tirer de cette incroyable histoire, c’est peut-être qu’il faut savoir rêver, envers et contre tout, et tous.

Laurence Paris

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