Frédéric Zeitoun : "En fauteuil roulant, on peut tout faire !"

France Dimanche
Frédéric Zeitoun : "En fauteuil roulant, on peut tout faire !"

Plongée sous-marine, quad, équitation... Malgré son handicap, le Chroniquer musical de France 2, Frédéric Zeitoun ne s'interdit aucune nouvelle expérience.Plongée sous-marine, quad, équitation... Malgré son handicap, le Chroniquer musical de France 2, Frédéric Zeitoun ne s'interdit aucune nouvelle expérience.

Quand il n'est pas sur les plateaux de télévision, Frédéric Zeitoun fait un tabac sur les planches. Chaque lundi soir (sauf celui de Pâques), le chroniqueur musical de Télématin et C'est au programme, sur France 2, est en effet sur la scène du théâtre parisien de la Gaîté-Montparnasse, avec le spectacle tiré de son livre, Toutes les chansons ont une histoire.

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Entre deux représentations, et avant d'entamer sa tournée, Frédéric, 49 ans, nous a accordé un peu de son temps pour nous parler de lui, de son enfance, de son handicap...

France Dimanche (F.D.) : Le succès que rencontre votre spectacle, qui s'arrête fin juin, doit vous réjouir...

Frédéric Zeitoun (F.Z.) : Je n'aurais jamais cru que ce spectacle, coécrit avec mon ami Quentin Lamotta, et qui évoque les secrets des grands tubes, recevrait un tel accueil de la part du public. Je suis surtout heureux des remarques de professionnels comme Michel Fugain, qui m'a dit qu'il avait adoré.

F.D. : Passer de chroniqueur à comédien était un pari risqué...

F.Z. : Oui, c'était loin d'être gagné ! Mais j'aime aller au bout de mes rêves. Et avec ce spectacle, j'en ai réalisé un qui me tenait à cœur. Pour atteindre mes objectifs, je n'ai pas peur de mouiller ma chemise. Et ne croyez pas que mon handicap soit un frein !

F.D. : Comment vivez-vous votre handicap ?

F.Z. : Ça n'a jamais été un problème parce que j'ai toujours été paraplégique. Je me suis donc toujours déplacé en fauteuil roulant. À ma naissance, le 2 juillet 1961, en Tunisie, les médecins ne savaient que faire avec moi. C'est mon père qui a décidé de me faire opérer au plus vite en France. J'avais à peine 8 jours quand j'ai quitté ma mère, qui est restée au pays avec mes deux sœurs. Je ne les ai revues que six mois plus tard... Le temps qu'il a fallu à mon père pour trouver du travail en France et faire venir sa famille.

F.D. : Votre sort vous a-t-il quelquefois rendu amer ?

F.Z. : Jamais. Au contraire, j'ai toujours pensé que j'avais de la chance. J'ai toujours fait ce que je voulais. Je rêvais de faire de la plongée sous-marine, aujourd'hui, j'ai mon diplôme de plongeur autonome ! Je voulais conduire une moto, je me suis mis au quad. Je pratique même l'équitation ! Certes, je ne pourrai jamais faire de claquettes. Ce qui ne m'empêche pas d'être l'homme le plus heureux du monde auprès de ma femme que j'aime depuis bientôt vingt ans et avec qui j'ai un fils, Simon, 4 ans.

F.D. : Comment appréhendez-vous le regard des autres ?

F.Z. : Je conçois qu'on puisse être mal à l'aise avec le handicap, j'en ai d'ailleurs souffert. J'ai même été viré à l'entrée d'un théâtre parisien sous prétexte que j'étais en fauteuil roulant. Ce qui est scandaleux ! Je me souviens aussi de cette affiche pour une campagne de prévention routière sur laquelle on voyait un homme en fauteuil roulant, et ce message : « Il n'a pas mis sa ceinture. » C'était honteux ! Les handicapés devenaient coupables ! Mes parents m'avaient prévenu que j'allais croiser des imbéciles. Il est vrai que mon fauteuil est un bon détecteur de conneries ! Pour moi, je n'ai pas de handicap, je suis juste différent. Ainsi, je suis incapable de monter un escalier. Mais une fois en haut des marches, je redeviens un homme comme les autres.

F.D. : Où diable trouvez-vous la force de positiver ainsi ?

F.Z. : Mes parents, qui ont toujours eu confiance en moi, m'ont beaucoup aidé. Et, à 15 ans, j'ai lu L'homme qui marchait dans sa tête, de Patrick Segal, cet ancien sportif de haut niveau qui a perdu l'usage de ses jambes à 24 ans, et qui a ensuite fait le tour du monde en fauteuil roulant. Ça m'a ouvert encore plus l'esprit. Si aujourd'hui mon témoignage peut en aider certains, alors tant mieux. Mais je ne veux surtout pas me vanter. J'ai juste un message à faire passer : en fauteuil roulant, on peut tout faire !

Philippe Callewaert

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