Garou : Prisonnier de sa voiture en feu !

France Dimanche
Garou : Prisonnier de sa voiture en feu !

Lorsque sa Ferrari, devenue folle, s’est approchée du ravin, le chanteur Garou a compris qu’il allait mourir, et sa � dernière pensée � a été pour sa fille, Émelie.

Noël, chacun le sait bien, c’est avant tout la fête des enfants. C’est donc l’époque de l’année où les parents pensent le plus aux leurs ; aux célébrations précédentes, à tous les moments de bonheur qu’ils ont pu vivre ensemble... mais aussi, parfois, aux tragédies, celles qui se sont produites et celles qui ont été évitées d’extrême justesse.

Garou ne fait pas exception à la règle.C’est sans doute pourquoi, quand revient le temps des fêtes, un cauchemar atroce le hante au point qu’il ne peut s’empêcher d’en reparler, comme pour l’obliger à disparaître une bonne fois pour toutes – mais c’est hélas peine perdue. C’est ce qu’il a fait encore la semaine dernière, au micro de Déborah Grunwald, sur les ondes de France Bleu.

Ce souvenir terrible, c’est celui du jour où il a cru qu’il allait mourir sans avoir pu découvrir sa petite fille, Émelie, qui devait naître trois mois après le drame. Nous sommes le jeudi 17 mai 2001, l’aube se lève à peine...

Endormi

À cette époque, Garou, 28 ans, est encore un « jeune chien fou » qui se croit immortel. Il est presque seul sur l’autoroute, vient de quitter Montréal, où il a fait la fête toute la nuit – mais sans boire, car il savait qu’il devait prendre le volant... – et se dirige vers la maison de ses parents, à Sherbrooke, à une centaine de kilomètres de la métropole québécoise. Et, comme cela ne fait que deux jours qu’il possède cette superbe Ferrari 348 Spider, il a envie de voir ce qu’elle a « dans le ventre ».

Alors il accélère... Et là, c’est le drame. Le bolide italien effectue une embardée et vient heurter à toute vitesse le rail de sécurité de droite. Sous la violence du choc, la Ferrari fait un tête-à-queue et revient percuter ce même rail de sécurité, ce qui provoque un second demi-tour, lequel envoie la voiture valdinguer contre la glissière de gauche, cette fois ! Et c’est alors que le moteur prend feu !

Très vite, les secours arrivent sur place et les pompiers parviennent à maîtriser l’incendie. Mais que devient Garou, dans tout cela ? « Je me réveille au début des six secondes, a-t-il déclaré au micro de Radio Bleu ; j’aurais dû mourir à trois et, finalement, c’est allé jusqu’à six... »

Garou revient aussi sur les circonstances de l’accident lui-même : « Je m’étais endormi et j’ai manqué complètement la courbe. La voiture a foncé sur le parapet, elle a tourné, j’ai ouvert la portière et je me suis éjecté parce qu’elle était déjà en feu, et je croyais qu’elle allait passer dans le ravin. Le parapet m’en a empêché car c’était une voiture basse. Je me suis donc éjecté et j’ai roulé sur l’autoroute. Et j’ai vu la voiture en feu... »

Bien entendu, les sauveteurs emmènent Garou à l’hôpital le plus proche. Et, là, miracle : le chanteur n’a rien, pas même une petite égratignure ! Plus tard l’enquête officielle démontrera que Garou ne conduisait pas sous l’effet de l’alcool et que sa vitesse n’était même pas excessive.

En fait, les experts ont conclu à un assoupissement de quelques secondes, parfaitement plausible quand on songe que Garou venait de passer une nuit blanche avec ses copains, pour fêter la fin de sa grande tournée européenne d’alors.

Bilan

Ce que les enquêteurs et les pompiers ne pouvaient pas deviner, c’est que cet accident avait produit un second miracle. Garou y a fait une discrète allusion au cours de son interview sur Radio Bleu : « J’ai l’impression que j’ai passé une heure et demie, deux heures de réflexion... »

Le chanteur en disait un peu plus, en mars 2013, dans Paris Match, au moment où, déjà, il revenait sur cet accident qui semble bien le hanter : « Ma vie a défilé en six secondes. J’ai pris conscience que ma fille allait bientôt naître, que j’avais des responsabilités. Je suis devenu un autre. »

Oui, soudain, cependant que sa Ferrari devenait folle, Garou a eu le temps de faire le bilan de son existence, pour aboutir à cette pensée déchirante que, peut-être, si les choses se terminaient mal, à l’issue de ces terrifiantes secondes, il ne connaîtrait même pas cette enfant que la femme de sa vie, Ulrika, s’apprêtait à lui donner !

Il le disait presque explicitement dans France Soir, en septembre 2010, alors qu’il revenait, inlassablement, sur ce moment crucial de son existence : « Quand la voiture a percuté l’obstacle, j’ai cru que c’était la fin et c’est à elle [Émelie, ndlr] que j’ai pensé. Les dernières secondes de ma vie, je les lui ai dédiées alors qu’elle n’était pas encore de ce monde. »

Finalement, Garou a été épargné, mais c’est un être métamorphosé qui s’est extirpé de la Ferrari en feu ; un homme qui avait compris que l’on ne peut pas vivre que pour soi. Aujourd’hui, Émelie va sur ses 13 ans. Et Garou se félicite chaque jour que le destin lui ait permis de la connaître et de l’aimer. Elle aussi, d’ailleurs !

Pierre-Marie Elstir

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