Gérard Darmon : Son terrible calvaire !

France Dimanche
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À 74 ans, l'acteur a décidé de lever le voile sur une épreuve traumatisante…

Pour le grand public, Gérard Darmon, c'est avant tout un acteur à la voix grave dont l'humour dévastateur s'exprime dans des films devenus cultes tels que La Cité de la peur, Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre ou encore Le Cœur des hommes. Difficile de soupçonner que, derrière cette façade de séducteur pince-sans-rire, se cache un homme meurtri qui porte toujours en lui les stigmates d'une enfance douloureuse...

Celui qui a fait un carton sur Netflix, dans la série Family Business, a connu gamin la brutalité de l'antisémitisme jusque dans la cour de récréation. Un terrible calvaire qui a fait de lui un citoyen engagé, s'évertuant toute sa vie à combattre le racisme.

“On m'a toujours demandé de me tenir à carreau."

Le 6 février 1990, dans l'émission Ciel, mon mardi ! animée par Christophe Dechavanne, consacrée ce jour-là à l'extrême droite et qui avait dégénéré en bagarre générale, il était même monté au créneau suite aux propos révisionnistes et nauséabonds tenus par l'écrivain Olivier Mathieu. Il n'avait pas hésité à débarquer sur le plateau pour apporter son soutien à son copain Jean Benguigui, rien que pour faire entendre sa voix avec beaucoup de dignité et de courage.

Trente-deux ans plus tard, dans un autoportrait en forme de tribune publié ce 16 juillet dans Le Journal du dimanche, l'ex de Mathilda May persiste et signe en révélant le calvaire de ses jeunes années marquées du sceau de l'infamie.

Né en 1948, soit trois ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le comédien raconte qu'à cette époque la haine envers les Juifs était toujours présente en France. « Mes parents ont été aux premières loges de l'antisémitisme, même s'ils sont passés au travers. C'étaient des immigrés, Juifs et pieds-noirs de surcroît », confie l'acteur.

Après la guerre et jusqu'au milieu des années 50 règne en effet en France un effroyable climat où les Juifs sont stigmatisés. « Il s'agissait de ne pas la ramener... On ne claironnait pas que l'on était juif », précise-t-il. Ses parents font tout pour paraître de « bons Français ». « Je ne sais pas si l'on devait faire profil bas ou si c'était devenu un réflexe. Reste que moi, en tant que Juif, on m'a toujours demandé de me tenir à carreau. »

Dans ce climat de défiance, ses géniteurs trouvent plus prudent de l'appeler Gérard et de ne pas déclarer le second prénom de leur fils, Élie. « On m'a prénommé Gérard, un nom à consonance germanique. Et Élie, mon deuxième prénom est hébraïque, celui que l'on me donne lors de la bar-mitsva n'est pas déclaré pour ne pas éveiller les soupçons. »

Mais toutes ces précautions ne suffisent pas. À l'école, les autres élèves ne sont pas dupes. En plus d'être rejeté par ses petits camarades, Gérard doit aussi encaisser leurs injures ! Mais il se défend. Face à ces « insultes plus ou moins explicites », il riposte et répond carrément « par la bagarre ». Des échauffourées qui lui ont laissé une certitude : face à l'adversité, pas question de se renier.

À 74 ans, plus que jamais fier de ses origines, il continue à combattre les antisémites, « ces fourbes qui s'infiltrent partout... »

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Valérie EDMOND

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