Gérard Depardieu : Il s’est converti à l’islam !

France Dimanche
Gérard Depardieu : Il s’est converti à l’islam !

Tombé sous le charme envoûtant d’une femme, Gérard Depardieu s’est rallié au soufisme et passe de longues heures à étudier le� Coran…

Cet homme nous aura tout fait ! Et il nous aura tout fait en plus grand, en plus intense, en plus absolu que tout le monde. Parce que Gérard Depardieu fait partie de ces rares individus qui, dans le bien comme dans le mal, ont des dimensions qui excèdent celles des humains de modèle courant, c’est-à-dire vous et moi.

Si on devait qualifier ce « monstre sacré » (on a l’impression que cette expression a été inventée exprès pour lui !) en aussi peu de mots que possible, on se contenterait de dire : Gérard Depardieu est trop. Trop quoi ? Trop tout ! Il n’existe que dans l’excès, il n’est à son aise que dans la démesure.

Et lorsqu’un désir, voire une simple lubie s’empare de lui, il faut qu’il la réalise immédiatement ; qu’il s’agisse de devenir vigneron, de déclamer du saint Augustin dans une église, de faire du commerce avec Fidel Castro ou de claquer la porte de la France pour aller se faire Russe chez Poutine.

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Mais ce qu’on a appris de lui, il y a quelques jours, presque par hasard, dépasse tout ce qu’il avait pu imaginer pour rendre son existence encore plus pleine, vivre encore plus fort et plus vite. Car cette sommité s’est bel et bien convertie... à l’islam ! C’est la révélation de l’excellent documentaire que Gérard Miller lui a consacrée lundi dernier sur France 3 : Gérard Depardieu, l’homme dont le père ne parlait pas.

L’imagine-t-on, le petit Gégé de Châ­teauroux, se rendre à la mosquée, passer des heures à lire et méditer les sourates du Coran et dire pieusement ses prières cinq fois par jour, ainsi qu’il est prescrit à tout bon musulman ? Non, on ne l’imagine pas, et, pourtant, Gérard l’a fait !

Le plus incroyable, c’est que, comme pour la plupart de ses autres passions, cette conversion s’est décidée du jour au lendemain ! Même pas, d’ailleurs : une simple soirée y a suffi. Une soirée et la rencontre d’une femme au pouvoir irrésistible, à quoi Gérard a succombé sans même pouvoir s’en défendre.

Nous sommes à la fin des années 60. Fraîchement débarqué de son Indre natale avec son vieux copain Michel Pilorgé, élève au cours de théâtre de Jean-Laurent Cochet, le jeune rebelle est encore un inconnu complet. Mais le Gérard Depardieu que nous connaissons ne va pas tarder à exploser.

En attendant, un soir qu’il se trouve avec des amis musulmans, ceux-ci l’entraînent à l’Olympia pour assister à un événement exceptionnel : l’unique concert jamais donné en France par la plus illustre chanteuse du monde arabe, « l’astre de l’Orient », la grande Oum Kalthoum.

L’artiste égyptienne a alors environ 70 ans (on ne connaît pas sa date de naissance exacte), mais la puissance d’envoûtement de sa voix est intacte. La façon dont elle captive son public sous le charme de ces mélopées tient du sortilège. Pour tous les spectateurs présents ce soir-là, c’est un enchantement.

Mais pour le jeune Depardieu, c’est beaucoup plus que cela encore : une véritable expérience spirituelle, comme le souligne Miller. Pour lui qui a tant de mal à exprimer ce qui bouillonne en lui, pour ce gosse « dont le père ne parlait pas », la voix d’Oum Kalthoum est une sorte de libération fulgurante.

Il ressort de la salle comme foudroyé. Touché par la grâce, il décide alors de se convertir au soufisme, la branche mystique et ésotérique de l’islam qui apprend à ses adeptes à exprimer leurs émotions sans avoir besoin de passer par les mots : exactement ce dont avait besoin ce grand taiseux. « C’était une conversion totalement sincère », insiste Michel Pilorgé, dans le documentaire.

Elle va durer presque deux années durant lesquelles Gérard Depardieu « jouera le jeu » totalement, se rendant régulièrement à la grande mosquée de Paris, disant ses cinq prières quotidiennes, passant de longues heures à étudier le Coran. Il y puise une certaine forme de sérénité. Et, surtout, il trouve dans l’enseignement et la parole des religieux une sorte de paternité pieuse, lui qui a tellement souffert de ne jamais pouvoir parler avec son père, avec « le Dédé ».

Cette période écoulée, il s’éloigne et met fin à cette étonnante expérience. Il est vrai que, dans l’intervalle, il est parvenu aux portes des studios de cinéma qui vont lui offrir un autre moyen de faire jaillir les volcans qu’il porte en lui : le musulman Gérard cède la place à Depardieu, le comédien de génie.

Pierre-Marie Elstir

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