Lola Marois-Bigard : J’ai été sauvée par mon mari !

France Dimanche
Lola Marois-Bigard : J’ai été sauvée par mon mari !

Après un émouvant témoignage sur la prématurité de ses jumeaux, Lola Marois-Bigard nous livre un premier roman pour le moins inattendu !

En plus d’incarner la policière Ariane Hersant dans Plus belle la vie, la comédienne, qui soufflera ses trente-cinq bougies le 5 novembre, nous livre un premier roman sulfureux ! Bad Girl narre avec humour la dérive d’une jeune femme «trop belle, trop feignante, trop cul, trop défoncée qui veut juste profiter de la vie. Et pour ça, elle choisit d’être escort.»

Mais qui finit par se marier et faire deux enfants. Pourtant, «quand ses démons ressurgissent, elle plonge tête la première.» Un destin qui aurait pu être celui de Lola si, comme elle nous l’a confié, «je n’avais pas pris le bon chemin...».

France Dimanche : Comment est née l’idée de ce livre ?

Lola Marois-Bigard : Disons qu’après un bac L et un an en lettres modernes à la Sorbonne, avant d’entrer aux cours Florent, j’avais la fibre littéraire. Et quand j’ai écrit mon premier bouquin, À demain mes amours, sur le drame de la naissance de mes enfants, j’y ai vraiment pris goût. Et cette fois-ci, j’ai choisi le roman, pour libérer ma plume acerbe, libertaire et iconoclaste, comme moi. Ce récit sans concession m’a permis d’exorciser mes angoisses. J’ai eu envie d’écrire sur ce que je savais de la vie, sur ce qui me faisait peur aussi, la vieillesse, le temps qui passe, mes phobies... Enfin pas toutes, car il me faudrait plusieurs tomes ! Et oui, cette bad girl aurait pu être moi si, à un moment donné, je n’avais pas pris le bon chemin.

F.D. : Qu’est-ce qui a fait que, finalement, vous avez pris le bon ?

L.M.-B. : Ma passion pour la comédie et mon amour pour mon mari. Ils m’ont délivrée de mes travers et de mon instinct d’autodestruction. Grâce à eux, je ne suis pas devenue Enja, mon héroïne, qui tombe dans la prostitution, les drogues et l’argent facile. Ce livre n’est pas autobiographique, même s’il y a beaucoup de moi dans cette histoire, ce que j’avoue sans rougir ! Avec ce roman, j’ai imaginé ce qu’aurait pu être ma vie si je n’avais pas été sauvée par mes passions et ma rencontre avec Jean-Marie. Car, auparavant, j’errais dans le milieu très dangereux de la nuit qui aurait pu m’abîmer à maintes reprises. J’estime que l’existence peut être dure et violente, et c’est pour ça que j’ai écrit un texte dur et violent. C’est un hymne à la vie qui rappelle aussi sa cruauté. Même quand tout va bien, comme en ce moment, que mon mari est en bonne santé, que je regarde nos deux enfants merveilleux et que j’ai plein de projets professionnels... Je ne peux pas m’empêcher de me dire qu’il va arriver un truc pas cool.

F.D. : De qui vous êtes-vous inspirée pour votre héroïne ?

L.M.-B. : Une de mes meilleures amies que j’ai rencontrée quand j’avais 20 ans et dont je tairais le nom. Une personne intelligente et sensible, mais qui a choisi cette vie-là et n’en changerait d’ailleurs pour rien au monde. Ensuite, j’ai tellement écumé les nuits parisiennes que je savais parfaitement ce qui s’y passait. Mais, quand je voyais ma pote me planter en plein dîner pour partir avec un client dégueulasse, je trouvais ça dingue ! Je me disais : «Quoi ? Elle préfère aller baiser avec un inconnu que de se faire une petite soirée entre copines !» Ça me paraissait hallucinant. J’ai vu tout ça de tellement près que c’est comme si je l’avais vécu moi-même. Et j’ai voulu le raconter.

F.D. : En quoi Enja vous ressemble ?

L.M.-B. : Elle a grandi sans apprendre à s’aimer. C’est en cela qu’on se rejoint. Comme elle, mon enfance n’a pas été un long fleuve tranquille. Je n’ai pas manqué d’amour mais de repères. C’est pour ça que j’ai voulu me marier et avoir des enfants.

F.D. : Votre héroïne est en quête d’une passion dévorante. Et vous ?

L.M.-B. : Non, je ne crois pas. En fait, j’ai une vision assez pessimiste de tout ça, même si ça fait dix ans que j’aime le même homme. Mais nous, notre amour a dépassé le stade du «je t’aime», «je ne t’aime plus». Le pari est gagné.

F.D. : Pourquoi le prénom Enja ?

L.M.-B. : Parce qu’à 15 ans, j’étais interne en seconde à Grignon (Yvelines), dans une boîte à bac très cher pour petits délinquants et fils de bourgeois, où régnait une ambiance assez hard en fait. Si vous aimez vos enfants, ne les envoyez jamais là-bas ! Moi j’en suis revenue, mais ce n’est pas le cas de tout le monde ! Dans cet internat, il y avait une fille magnifique, avec un visage de poupée qui me fascinait. Elle s’appelait Enja, et j’ai toujours gardé ce prénom dans un coin de ma tête.

F.D. : Ne craignez-vous pas qu’on pense qu’Enja, c’est vous ?

L.M.-B. : Je m’y attends bien sûr ! Mais bon, je ne crains pas grand-chose, ni les médias ni l’opinion... S’ils ont envie de faire des parallèles, ça ne me dérange pas. C’est juste une fiction. D’ailleurs, je suis en train d’en écrire une autre.

F.D. : Ça y est, vous êtes lancée ?

L.M.-B. : J’ai écrit Bad Girl il y a quatre ans. J’ai essuyé des refus d’à peu près toutes les maisons d’édition. Et puis, j’ai débarqué chez Hugo & Cie. Eux ont eu le courage de relever le défi. à certains moments, je craignais tellement que ce texte ne meure au fond d’un tiroir que j’ai pensé le sortir sous un pseudonyme. Et puis, je me suis dit : «Assume ma vieille ! Tu es la personne que tu es. Ton mari est très intelligent et tu n’as absolument pas à rougir qu’on associe ton image à la sienne. S’il a un humour parfois un peu grivois, il n’en reste pas moins quelqu’un de brillant, sinon tu ne serais pas avec lui.» Bref, je ne regrette pas d’avoir gardé mon nom. Peut-être que je n’aurais pas l’intelligentsia parisienne de mon côté, mais je m’en fous ! J’ai écrit un roman et je suis très heureuse qu’il soit publié. Un peu angoissée quand même à la veille de sa sortie. C’est un peu comme si, demain, on allait me dire : «On t’aime » ou « On ne t’aime pas».

F.D. : Votre héroïne a du mal à jouer son rôle de mère. Vous ressemble-t-elle en cela ?

L.M.-B. : Non, du tout ! Mais je trouvais amusant et libérateur d’en faire une mauvaise mère : elle aimerait y arriver mais n’a pas les codes du bonheur. Il y a de nombreuses mamans du quartier qui arrivent à me faire culpabiliser, des nanas méga-organisées qui font des quiches ou des gâteaux, accompagnent à toutes les sorties scolaires, traversent Paris quinze fois le mercredi pour conduire leurs gosses à leurs activités. Moi, je n’ai même pas le permis ! J’aime mes enfants plus que tout au monde, mais j’ai quand même le sentiment d’être un peu rock’n roll.

F.D. : Pourquoi avoir choisi d’écrire à la première personne ?

L.M.-B. : Parce que je trouvais ça plus fort et que j’aime jouer sur l’ambiguïté, quitte à choquer !

F.D. : Qu’a pensé Jean-Marie de votre roman ?

L.M.-B. : Il a adoré bien sûr, c’est mon premier fan !

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Caroline BERGER

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