Marcel Philippot : “Si je ne joue plus, je meurs !”

France Dimanche
Marcel Philippot : “Si je ne joue plus, je meurs !”

Après un sévère souci de  santé, l’acteur revient sur scène. Théâtre, cinéma et bien sûr pub... Pour ce survivant, le travail, c’est la santé !

« Je l’aurai un jour, je l’aurai ! », maugréait le comédien dans Palace, la série culte des années 80. Aujourd’hui, Marcel Philippot semble avoir la baraka ! Il est partout... À la télévision, toujours dans les désopilantes pubs de l’assureur MAAF ; au cinéma, à l’affiche des hilarantes Brèves de comptoir de Jean-Michel Ribes ; ainsi qu’au théâtre Daunou, à Paris, dans La pèlerine écossaise, une réjouissante comédie de Sacha Guitry. Bref, l’acteur est un homme comblé.

France Dimanche (F.D.) : Comment allez-vous ?

Marcel Philippot (M.P.) : Je suis en pleine forme, mais je reviens de loin. J’ai eu un gros pépin de santé début mai, qui a fait que j’ai été hospitalisé pendant plus de deux mois. D’après ce que m’ont dit les médecins, je suis une sorte de survivant. Disons que je ne suis pas passé loin du pire. Néanmoins, je me sens aujourd’hui au top, ça faisait d’ailleurs longtemps que je ne m’étais pas senti aussi bien. C’est quand même terrible d’être obligé d’en passer par là pour trouver que la vie est très belle.

F.D. : À 63 ans, prenez-vous toujours autant de plaisir à jouer ?

M.P. : Plus que jamais ! Pourtant, si mon plaisir est intact, j’ai bizarrement de plus en plus peur. Mais quelle chance de travailler dans ce lieu magnifique qu’est le théâtre Daunou ! En plus, une pièce de Sacha Guitry, mon auteur favori, avec des partenaires de rêve. Ça faisait vraiment un bon moment que je n’avais pas vécu une aventure artistique m’apportant autant de joie. Et au cinéma, les Brèves de comptoir sont des merveilles, d’une pertinence absolue et irrésistibles de drôlerie. Sans oublier la pub MAAF : je vais d’ailleurs bientôt en tourner d’autres. Bref, je suis comblé par tout ce qui m’arrive.

F.D. : Ça faisait longtemps qu’on ne vous avait pas vu au cinéma.

M.P. : Oui, je n’ai pratiquement pas fait de cinéma. Donc, je suis ravi. Cependant, ça m’a fait un drôle d’effet quand je me suis vu à l’écran, car on a tourné le film avant mon souci de santé, quand je faisais 15 kg de plus. En me voyant, j’ai dit : « Mais qui est ce gros monsieur ? » Je compte bien rester comme je suis aujourd’hui, je me sens très bien. Et puis, pour monter mes fameux six étages, c’est un rêve. Je me répète, mais je suis dans une période très heureuse.

F.D. : À quel moment avez-vous eu envie de devenir comédien ?

M.P. : Oh, ça date de l’école. Dans la cour de récréation, quand on constate que, d’un mot, on fait marrer les copains. J’avais des profs de maths ignobles, à tel point qu’en 6e ou 5e, quand j’avais cours avec eux le lundi matin, dès le dimanche soir j’avais du béton à la place de l’estomac. Je les haïssais... Je me souviens d’ailleurs de leur nom, que je tairai pour leur famille. En revanche, j’ai eu des professeurs de français absolument extraordinaires, qui m’ont tout de suite donné le goût du mot, de cette langue merveilleuse qui est la nôtre. Alors, quand on joue Guitry, c’est l’apothéose !

F.D. : Comment tout cela s’est-il concrétisé ?

M.P. : À 18 ans, avec mon bac en poche, je suis monté à Paris comme on dit. Et, sur les conseils de Pierre Vaneck, rencontré sur un tournage dans ma région, pour lequel je faisais de la figuration, je me suis inscrit au cours de théâtre Jean-Laurent Cochet. Curieusement, mes parents m’ont laissé faire, alors que nous n’étions pas du tout une famille de saltimbanques. Mon père était ingénieur dans les constructions navales. Mes parents m’ont quand même demandé de passer mon bac, que j’ai eu sans panache d’ailleurs. Ensuite, ils m’ont payé une minuscule chambre de bonne dans le quartier Montparnasse, ainsi que mes cours, comme si je leur avais dit que j’allais faire droit ou médecine. Ils ont vraiment été formidables !

F.D. : Qu’auriez-vous aimé faire si vous n’aviez pas été comédien ?

M.P. : Je serais devenu... acteur ! (Rires.) Plus sérieusement, à un moment, j’avais émis l’idée de faire médecine, mais j’étais très jeune et j’ai très vite explosé en vol. À cause des maths, ça n’a pas été possible ! Je suis retourné à mes études littéraires, et je m’en porte très bien.

F.D. : Si, pour une raison ou une autre, vous ne pouviez plus jouer...

M.P. : Ah mais ! je ne vous ai rien fait, pourquoi me voulez-vous du mal ? Eh ben, je meurs. Qu’est-ce que vous voulez que je fasse ? Je m’amuse beaucoup par ailleurs, mais ça, c’est mon moteur !

F.D. : Regrettez-vous de n’avoir jamais eu d’enfant ?

M.P. : Pas du tout. Je n’ai jamais souhaité me reproduire, car je me suis dit que si jamais il me ressemblait, ce serait une catastrophe ! Donc, faisons l’économie à la société d’un dérapage pareil ! (Rires.)

Caroline Berger

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