Pierre Perret : Accusé de maltraiter les animaux !

France Dimanche
Pierre Perret : Accusé de maltraiter les animaux !

 
Il a suffi que l’artiste Pierre Perret se montre avec un saumon qu’il venait de pêcher pour déclencher la fureur des défenseurs des animaux. Une polémique dont le chanteur d’“Ouvrez la cage aux oiseaux” se serait bien passée…

Qui aurait un jour imaginé que l’auteur d’Ouvrez la cage aux oiseaux serait accusé de cruauté envers les animaux ? C’est pourtant ce que des internautes « intégristes » ont fait, après la publication, sur la page Facebook de l’ami Pierrot, Pierre Perret, d’une photo où il brandit un saumon de belle taille, appâté quelque part près de son refuge irlandais.

« Bonjour, les pêcheurs en délire !!, écrit-il. Je sens que je vais encore faire de gros jaloux... Celui-là va être partagé avec les copains en ce 9 juillet, jour de mes... 82 balais ! Je vous embrasse, prenez soin de vous et que les âmes sensibles ne vocifèrent pas, j’en relâche plus que je n’en mange !!! » Cette dernière remarque n’a pourtant pas empêché les pisse-froid de se manifester et les vociférations n’ont pas tardé à se répandre sur sa page du réseau social.

->Voir aussi - Pierre Perret : Le saumon, c'est sa passion

Pilori

Pour se faire une idée, voici un petit florilège des « posts » scandalisés : « Pêcher un poisson pour le manger, c’est normal, mais pêcher pour “le sport" en rejetant à l’eau la pauvre bête stressée rien que pour le plaisir de l’avoir “eue", j’assimile cela à de la cruauté », reproche Michel. Isabelle l’interroge : « Pourquoi tu les fais souffrir ? J’aimerais bien te voir avec un hameçon dans la bouche juste pour voir l’effet que ça te ferait. »

Heureusement, il y a aussi des commentaires chaleureux. N’empêche, Pierre a été peiné de se retrouver sur le banc des accusés, aux côtés de certains gérants d’abattoir, cloués au pilori par des défenseurs de la cause animale. Et puis, il y a les effets de la mode « vegan », très répandue chez les stars : ses partisans pensent que l’homme doit se nourrir comme un lapin (on n’a même pas droit aux œufs et au fromage. Quelle tristesse !). La différence, c’est qu’il n’y a pas de commune mesure entre pêcher et faire délibérément souffrir un animal. Relâcher un poisson, parce qu’il n’a pas la taille requise, est plutôt un geste généreux.

Ce que défend Pierrot, c’est l’idée que les pêcheurs sont des gens paisibles, qui connaissent et respectent la nature. Il a évoqué tout cela avec tendresse dans son livre, Les poissons et moi, paru aux éditions Cherche Midi, en 2011. C’est entre Tarn et Garonne que, accompagnant son père, le petit garçon de Castelsarrasin a tout appris de l’art d’appâter, de la patience sans limite, des habitudes des poissons, de la virtuosité de la pêche à la mouche. Il évoque dans cet ouvrage ce je-ne-sais-quoi qui comble le pêcheur, même bredouille, toutes ces émotions qui traversent l’esprit quand, bien installé à « sa » place, on attend sur un pliant au bord de l’eau.

« Comme la plupart des pêcheurs, fuyant les bagarres, j’étais un doux rêveur, pacifique et contemplatif, écrit Pierrot. J’ai pêché depuis ce temps de ma jeunesse enfuie, sous tous les cieux, sous toutes les latitudes, et en de nombreux pays. » À cette lecture, on ne peut s’empêcher de penser aux si belles pages de La gloire de mon père où Marcel Pagnol se souvient de la fièvre qui s’emparait de lui, enfant, la veille de l’ouverture de la chasse.

Sérénité

Et puis, il ne faudrait quand même pas oublier que Pierre Perret, dans ses chansons, a toujours célébré la joie de vivre, la bonne chère et la générosité. Difficile de l’imaginer jubilant à l’idée de savourer quelques feuilles de salade et trois rondelles de concombre accompagnées d’une grande carafe d’eau, seul, debout devant un frigo vide.

Alors, l’été prochain, pour fêter ses 83 « balais », parions que, comme il le fait depuis plus de trente ans, Pierrot ira taquiner le saumon sauvage sur le lac Corrib ou sur la rivière Cong, à l’est du Connemara, en Irlande. Pierre Perret possède dans cette région une belle demeure, baptisée La maison du saumon bleu, où il cuisine de délicieux plats (et pas que du poisson !).

Cet épicurien, bec fin, gourmet – gourmand même – on ne l’imagine pas autrement que préparant, une fois de plus, un succulent dîner pour régaler ses potes. Cette histoire vaut bien un saumon !

Carlos Herrera

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