Pierre Tchernia : Sa dernière interview

France Dimanche
Pierre Tchernia : Sa dernière interview

“La mort de ma femme fut le pire moment de ma vie !” nous a confié Pierre Tchernia

C’est avec une grande émotion que nous avions rencontré Pierre Tchernia, qui nous avait ouvert les portes de sa maison, en avril dernier. Car ce monstre sacré, que tous les Français idolâtraient, avait gardé jusqu’au bout sa voix inimitable et sa bonne humeur contagieuse.

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France Dimanche (F.D.) : Comment expliquez-vous votre exceptionnelle longévité ?

Pierre Tchernia (P.T.) : J’ai d’abord présenté le journal télévisé en 1949. Et depuis, j’ai l’impression d’être toujours aimé. Ce sont ma voix, mon ton et mon sourire qui plaisent ! Je suis arrivé à la télévision avant qu’elle ne soit organisée. Alors j’ai tout fait : présentateur, réalisateur, producteur, auteur...

F.D. : Quelles furent vos émissions les plus populaires ?

P.T. :Monsieur Cinéma et L’ami public numéro un, consacré à Walt Disney. C’étaient des émissions qu’on regardait en famille. J’ai aussi présenté du cirque, avec La piste aux étoiles. J’ai également fait de la radio, du théâtre et du cinéma. Un parcours atypique, non ?

F.D. : Avez-vous eu le temps de connaître le chômage ?

P.T. : Non, pas une seule fois en soixante ans ! Mon seul regret, c’est que lorsque les gens m’arrêtent dans la rue, ils me parlent toujours de leurs souvenirs de Walt Disney, mais jamais de mes films ou téléfilms, comme ceux que j’ai réalisés avec mon grand copain Michel Serrault.

F.D. : Ce fut votre plus grand ami ?

P.T. : Oui ! Et un immense acteur. Ensemble on a connu notre plus beau succès avec Le viager. Mais j’ai aussi adapté pour lui des œuvres de Marcel Aymé pour la télévision : La grâce ou Le passe-muraille. De cela, les gens se souviennent moins. Que voulez-vous, c’est comme ça ! Michel était très croyant, alors je lui dis « Merci mon Dieu ! »

F.D. : Est-ce que vos petits-enfants savent que vous êtes adulé par les Français ?

P.T. : Quand ils avaient 3 ou 4 ans, ils l’ignoraient. Mais maintenant, ils le savent. Avec Les enfants de la télé, je me suis rendu compte qu’un public de jeunes me découvrait. Ils n’étaient même pas nés quand j’ai commencé à présenter le journal, en 1949. J’ai toujours eu un rapport très affectueux avec mes petits-enfants.

F.D. : Êtes-vous un papy gâteau ? Et combien de petits-enfants avez-vous ?

P.T. : J’ai la chance d’avoir une famille nombreuse : quatre enfants et huit petits-enfants ! Et grâce à eux, je fréquente des gens d’âges très différents. C’est bien d’avoir une descendance. On discute de tout. Les plus jeunes me posent des questions, sont curieux de tout. Ils comprennent des choses que je ne comprends pas, et, de mon côté, je peux leur parler de ma vie, leur faire part de mon expérience, leur raconter des anecdotes, comme je l’ai fait pour Les enfants de la télé. Je suis le dépositaire d’une mémoire qui transcende les générations.

F.D. : Quel a été le pire moment de votre existence ?

P.T. : La mort de ma femme, bien sûr. Après cinquante ans d’union heureuse, tout ce qu’on avait construit ensemble s’est soudain écroulé. Cela a été vraiment très douloureux.

Cédric Potiron

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