Salvatore Adamo : C’est un éternel séducteur !

France Dimanche
Salvatore Adamo : C’est un éternel séducteur !

Une jeune femme, de vingt-cinq ans 
sa cadette, a craqué pour Salvatore Adamo.

Le charme n’a pas d’âge, et les séducteurs continuent de plaire même quand le temps creuse ses sillons sur leur visage.

« Avec le temps, va, tout s’en va », comme le chantait Léo Ferré, sauf les rides d’expression qui en disent long sur les états d’âme des hommes et des femmes.

Chez Salvatore Adamo, ces traces visibles de son destin ont dessiné un sourire qui, depuis soixante-quatorze ans, illumine ses traits et reflète le plaisir que prend l’artiste à faire de nouvelles rencontres, même les plus improbables.

Celui qui trouvait « chouettes les filles du bord de mer » et demandait à un père « vous permettez, Monsieur, que j’emprunte votre fille » n’a pas changé.

Son élégance naturelle, sa curiosité envers ceux qui l’entourent et, bien sûr, son talent attirent les femmes.

Mêmes celles qui pourraient être ses filles et dont l’univers semble, à première vue, aux antipodes du sien. La preuve ?

Ce chanteur populaire vient de faire craquer une musicienne branchée dont les tubes enchantaient, au début de sa jeune carrière, un public plutôt élitiste, avant de conquérir, peu à peu, des fans venus de tous les horizons.

L’année 2017 aura été pour elle celle de la consécration, puisque son dernier album, Ouï, a été en tête des hit-parades. Cette auteure-compositrice et interprète, qui a plus d’une corde à sa guitare, n’est autre que Camille.

Avec une mère professeure au prestigieux lycée Henri IV, à Paris, et un père musicien, la jeune femme avait des atouts à faire valoir avec son profil d’artiste intello. Ses études littéraires (khâgne et hypokhâgne) et son diplôme à Sciences-Po n’ont fait que confirmer cette hypothèse.

On est loin du parcours de Salvatore qui a commencé, enfant, par gagner un concours de chant en interprétant L’amour est un bouquet de violette, de Luis Mariano.

Un triomphe qui lui vaudra de repartir avec un butin hypocalorique : deux kilos de chocolats... « Mes parents n’ont jamais cru que je les avais gagnés honnêtement, a-t-il précisé dans une récente interview accordée au quotidien Sud Ouest. Ensuite, il y a eu le concours de Radio Luxembourg. Les copains de la classe m’ont poussé à y participer. L’un des présentateurs, François Chatelard, m’a repêché dans les présélections et, le soir, j’avais gagné. C’est ainsi que j’ai enregistré mon premier disque [...] J’avais 16  ans et une fraîcheur qui a dû séduire le public. »

Salvatore et Camille sont donc tous les deux des « bêtes à concours », mais dans un registre très différent. Et si chacun à sa façon a su trouver sa voix, l’idée de les entendre se répondre dans un studio d’enregistrement paraissait, a priori, aussi plausible que de voir des images d’archive de la Callas se trémoussant sur scène avec Claude François en chantant Alexandrie, Alexandra.

Et pourtant... Le charme de cet éternel jeune homme a de nouveau opéré. La maison de disques d’Adamo lui a conseillé de contacter Clément Ducal et Maxime Le Guil, qui avaient déjà travaillé avec Christophe et Vincent Delerm. Tout de suite séduit par les arrangements créatifs et inspirés de ces deux grands pros, le vieux routier de la chanson décide de collaborer avec eux pour ce qui sera son vingt-cinquième album studio.

« On s’est trouvés sur la même longueur d’ondes. Clément travaillait chez lui sur Juste un je t’aime, a raconté l’artiste, toujours dans Sud Ouest, quand Camille [sa compagne, ndlr] a tendu l’oreille, et a beaucoup aimé. C’est ainsi que le duo est né. »

Têtes d’affiche

En décembre dernier, ils se sont associés pour « mettre en boîte » ce titre de l’album Si vous saviez..., qui sera dans les bacs le 16 février. Mais vous pouvez déjà le découvrir en avant-première sur les réseaux sociaux, et constater l’évidente complicité entre ces deux têtes d’affiche.

Les images et leur voix qui se répondent vous feront vite oublier les vingt-cinq années les séparant l’un de l’autre. Salvatore était d’autant plus ravi que, sans l’avoir rencontrée, il était déjà fan de Camille : « Je connaissais ses chansons, a-t-il expliqué, j’étais allé la voir à la Cigale et j’ai découvert une énergie et une poésie incroyables. Elle est sortie du monde de Lewis Caroll ! C’est Alice au pays des merveilles avec une grande lucidité. »

Quant aux raisons du coup de foudre de la jeune femme pour son aîné, elles sont peut-être à trouver dans Mon petit vieux, l’un des titres de son premier disque, Le sac des filles, datant de 2002, dont les paroles semblent plus que jamais d’actualité : « C’est lui sur le banc de square / C’est mon ami, mon amoureux / Et ça fait rire les pigeons / Parce que c’est un petit vieux / Nos rendez-vous / C’est pas comme dans les films / Je cours vers lui il reste assis / Un jour, il m’a dit : / “Tu es la femme du reste de ma vie". »

Le refrain est tout aussi explicite :« Les gens croient qu’il ne me touche pas / Mais il me touche mon petit vieux / C’est beau ses rides autour des yeux. »

À tout juste 24 ans, Camille posait donc déjà un regard plein de tendresse sur ceux qui étaient déjà entrés dans l’automne voire l’hiver de leur vie. Et aujourd’hui, alors que s’achève le mois de janvier, elle nous présente son meilleur vieux : Salvatore Adamo...

A lire aussi

Claude LEBLANC

En vidéo