Géraldine : “Je suis sauveteuse en mer !”

France Dimanche
Géraldine : “Je suis sauveteuse en mer !”

 A 47 ans, Géraldine est bénévole à 
la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM). À l’occasion des cinquante ans d’existence de cette association, cette femme de cœur, lance 
un appel aux dons. A 47 ans, Géraldine est bénévole à 
la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM). À l’occasion des cinquante ans d’existence de cette association, cette femme de cœur, lance 
un appel aux dons.

« Voilà six ans que je suis à la tête de cette petite station de sauvetage en mer et je gère cette structure d’une quinzaine de personnes comme ma seconde maison. Née à Granville, j’ai toujours vécu au bord de l’eau. Et dès mon plus jeune âge, j’ai été attirée par ces sauveteurs qui partent en mer, devant appareiller en moins de quinze minutes après l’alerte.

Nous sommes tous mobilisés vingt-quatre heures sur vingt-quatre et 365 jours par an, par tous les temps, dès que le SOS émis par le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) nous parvient. Alors, on s’organise et on embarque à bord de notre canot semi-rigide...

Géraldine

Hier, c’était un bateau en panne dans la baie du Mont-Saint-Michel avec sept personnes à bord que nous avons dû remorquer. Parfois, ce sont des kite-surfeurs ou des véliplanchistes en perdition. Ou des navires qui cassent leur mât au large. On ne peut tout de même pas laisser les gens à la dérive !

Les interventions plus nombreuses l’été varient en fonction de la météo : elles peuvent durer une journée, comme une heure trente. Quand on sort en mer, on ne sait jamais vraiment quand on va rentrer.

En 1997, je participais à ma première intervention, en tant qu’équipière d’intervention d’appoint. La course de catamarans se passait pourtant bien avec un soleil radieux et des marins joyeux, lorsque les éléments se sont brusquement déchaînés : le vent a forci, la mer a grossi. Des creux de deux mètres se sont formés.

-> Plus d'infos sur le site : https://don.snsm.org

Embarquée en catastrophe à bord du canot orange de la SNSM, je voyais bien qu’on naviguait à vue... Il y avait une cinquantaine de bateaux dont beaucoup chaviraient. Oui, c’était ma première grosse journée et je m’en souviendrai toute ma vie : tout le monde s’en est sorti. Quel soulagement ! Avec du recul, je sais que j’aime sauver des vies, me mettre dans l’urgence pour secourir les autres.

Plus jeune, alors que je n’avais que 13 ou 14 ans, je passais déjà mes vacances d’été à vendre des tickets pour récolter des dons au profit du sauvetage en mer. Je sillonnais toutes les villas du coin et demandais aux vacanciers de bien vouloir aider la SNSM*, qui ne vit que par les dons.

Être sauveteuse en mer, ce n’est pas “vraiment" un métier en soi. Chacun est bénévole ici et possède son métier à côté. Moi, j’étais commerçante puis restauratrice, mais lorsque le téléphone sonne, on lâche tout, on laisse tout en plan et on appareille. Cela exige une grande disponibilité. Et puis c’est toujours quand vous avez des amis à dîner le soir que vous êtes appelé. Souvent le week-end aussi. En fait, une intervention ne tombe jamais au bon moment ! Parfois aussi, on a le ventre vide et donc le... mal de mer.

Rigueur

Je possède les deux permis de naviguer : le côtier et le hauturier, au cas où. J’aime être sur le terrain, sur les flots. J’apprécie aussi la cohésion de l’équipe et la bonne entente qui existe entre nous. Les sauveteurs de Jullouville sont tous jeunes, entre 21 et 50 ans à peine. Deux femmes (dont une infirmière) et treize hommes capables d’endosser la combi orange de rigueur et de se mobiliser à tout instant pour embarquer sur le canot.

Au total, la SNSM au niveau national compte 218 stations indépendantes. Et chacune doit trouver des fonds privés pour financer en partie le matériel utilisé lors des interventions. Tout l’été, nous organisons ainsi des loteries sur les plages, des journées portes ouvertes, des braderies et des fêtes.

Cette année, nous fêtons les cinquante ans d’existence de l’association qui vient au secours à quelque 6 000 personnes en détresse sur l’eau chaque année. Le sauvetage en mer a été qualifié de “grande cause nationale" par l’état qui vient de donner à la SNSM un chèque de 100.000 €.

Une petite reconnaissance certes, mais en fait, une goutte d’eau dans l’océan : ce n’est même pas le prix d’un canot tout temps ! »

Alicia Comet

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