“J’ai fait danser les Papous !”

France Dimanche
“J’ai fait danser les Papous !”

Cette jeune femme a quitté quelques jours le célèbre Lido, où elle se produit, pour se rendre au bout du monde afin d’aider son nouvel ami à gagner un concours de danse...

« Coiffes extravagantes, plumes colorées et répétitions de danse, voilà à quoi ressemble mon quotidien dans l’un des plus célèbres cabarets parisiens. Une vie que j’adore et que je ne pensais pas transposer un jour en... Papouasie !

Tout a commencé il y a cinq ans, quand à la fin d’une représentation, j’ai rencontré un spectateur hors du commun : un Papou, chef de tribu, nommé Mundiya Kepanga. Un homme de petite taille avec une fine baguette dans le nez. Nous nous sommes tout de suite bien entendus et c’est avec plaisir que nous nous sommes revus. Il m’a expliqué à quel point la danse, les coiffes, le maquillage et les parures occupent une place centrale dans la vie de son peuple. Comme dans la mienne ! C’est donc en toute logique que nous sommes devenus amis. Je lui ai montré mes costumes, nos plumes de toutes les couleurs, et il a adoré ! Il était fasciné.

Avant son départ, il m’a fait promettre de venir le retrouver en Papouasie. Son rêve était que j’aide sa tribu à gagner un festival de danse qui compte beaucoup pour eux. Ce n’est que cinq ans plus tard, et avec l’aide du Lido, pour lequel je travaille, que j’ai pu tenir parole. Accompagnée de deux autres danseuses, je me suis retrouvée en pleine jungle pour deux semaines. L’occasion était si extraordinaire qu’une équipe de télévision* nous a suivies pour raconter ce périple.

Cocotiers

À notre arrivée, nous avons tout de suite senti la joie de cette tribu, qui avait entendu parler de nous grâce à Mundiya Kepanga. Ils avaient aménagé pour nous une hutte spéciale, pourvue de fenêtres et de chambres. Ils étaient si excités de nous voir, nous, femmes blanches, “grandes comme des cocotiers“, qu’ils n’ont pas dormi de la nuit, occupés à discuter autour du feu. Tous étaient intrigués par les grandes malles que nous avions apportées et, quand nous avons sorti, sous leurs yeux émerveillés, nos gigantesques coiffes de spectacle aux plumes roses, ils ont voulu les essayer ! Ce fut un moment extraordinaire !

À leur tour, ils nous ont montré les différentes plumes qu’ils récupèrent sur les oiseaux. Mais, en tant que femmes, nous n’avions pas le droit d’y toucher, car, selon leurs croyances, nous leur aurions fait perdre leurs pouvoirs magiques, leurs couleurs et leur beauté. Nous avons quand même eu l’honneur d’en porter, mais ce sont les hommes qui les ont positionnées sur nos têtes et nous les ont retirées !

Mais nous n’étions pas venues en simples touristes, notre objectif était de les aider à se préparer pour le festival. Ensemble, nous avons amélioré leur danse en travaillant sur une nouvelle chorégraphie à laquelle nous participions. Nous avons donc répété pendant des heures jusqu’au jour du départ pour une première épreuve, le Pim Show, pour laquelle nous avons porté nos costumes parisiens. C’était génial de voir autant de tribus ! Notre danse a fait sensation et nous avons gagné un prix spécial du jury ! Puis nous nous sommes rendues au festival qui les faisait tant rêver : le Hagen Show, le plus grand rassemblement tribal de Papouasie. Il était inimaginable d’y porter nos tenues de scène.

Rencontre

Nous avons donc mis les ensembles traditionnels qu’ils avaient confectionnés pour nous. Jusqu’au dernier moment, nous avons eu peur de ne pas avoir le droit d’entrer... Mais, une fois sur place, tout s’est très bien passé. Suscitant l’étonnement et la curiosité des organisateurs et des autres tribus, nous avons été très bien accueillies. Les hommes ont passé des heures à se préparer, à se maquiller, à se coiffer, on pouvait sentir la pression et la concentration. Et là aussi nous avons gagné ! Ou plutôt, ils ont gagné. Nous étions leur “arme secrète". J’étais très heureuse d’avoir pu aider Mundiya et sa tribu à réaliser leur rêve !

Bien entendu, les adieux furent très difficiles. Les Papous sont un peuple fier, et certains ne sont même pas venus nous dire au revoir par peur de verser une larme devant les autres. Je suis rentrée charmée par ce pays, par ces gens qui prennent le temps de vivre, de profiter des plaisirs simples, comme celui de passer des heures à chanter ou à danser. Moi qui avais toujours été attirée par l’art tribal et les peuples premiers, je suis revenue avec des souvenirs plein la tête et avec la certitude qu’un jour je retournerai dans leur village et que j’irai à la rencontre d’autres tribus. »

* Le documentaire Danse avec les Papous, réalisé par Jean-Marie Barrère et Marc Dozier, sera diffusé mardi 1er janvier à 15 h sur France 5.

Propos recueilli par Julie Boucher

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