Marcella Auvare : “Avec mes bêtes, les personnes âgées se sentent revivre !”

France Dimanche
Marcella Auvare : “Avec mes bêtes, les personnes âgées se sentent revivre !”

En apportant bénévolement d’adorables petites boules de poil dans les maisons de retraite, cette plasticienne Marcella Auvare donne aux résidents l’occasion de revivre leurs souvenirs, de partager de l’affection 
et même de se sentir à nouveau utiles…

« J’ai toujours vécu avec des animaux. Quand j’étais enfant, aux Pays-Bas, où je suis née, notre maison abritait des lapins, des hamsters, des cochons d’Inde, des chiens et des chats ! Il faut dire que les Hollandais sont proches de la nature.

Quand ma mère a dû entrer en maison de retraite, elle pouvait, comme les autres résidents, aller régulièrement voir les vaches, moutons, poules de la ferme voisine... C’est très courant en Hollande, où les effets bénéfiques de la zoothérapie sur les personnes âgées sont reconnus depuis longtemps.

Les personnes âgées de maison de retraite profitent des animaux amenés par Marcella.

Mais lorsque je me suis installée en France, sur la Côte d’Azur, j’ai constaté que dans les maisons de retraite autour de chez moi, les pensionnaires avaient au contraire très peu de contact avec les animaux. Tout au plus, pouvaient-ils caresser de temps en temps les chats du quartier, si, d’aventure, ces derniers pénétraient dans le jardin.

C’était vraiment dommage... Je me suis alors promis de trouver, un jour, un moyen d’y remédier.

Gambades

Ces dernières années, j’ai consacré mon temps à recueillir des chats, des chiens et des lapins abandonnés par leurs propriétaires. Au sein de l’association Hello Médiation Animale, que j’ai créée, je leur cherche des familles d’accueil. Et ce n’est que depuis quelques mois que j’ai pu mener à bien mon vieux projet : faire entrer des animaux dans les maisons de retraite.

Marcella arrive dans une maison de retraite avec ses chiens, cochons d'inde et lapins

J’ai contacté de nombreux établissements de ma région et évidemment, essuyé pas mal de refus. Mais certains m’ont fait confiance ! Du coup, j’ai déjà placé plusieurs lapins dans des Ehpad (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). Je leur fournis les animaux, une grande cage où ceux-ci mangent et dorment et un enclos transportable qui sert à les installer dans le jardin ou la cour, pour que les résidents puissent les voir gambader à côté d’eux, quand il fait beau !

Certains pensionnaires sont désignés pour nourrir les bêtes et leur prodiguer quelques soins. C’est extrêmement enrichissant parce qu’avec cette nouvelle responsabilité, ces “soigneurs" improvisés se sentent de nouveau utiles : en se réveillant le matin, ils n’ont plus pour seul objectif de regarder la télévision pour faire passer le temps. Ils sont conscients que les animaux qui leur ont été confiés ont besoin d’eux ! Et cette nouvelle motivation les fait revivre !

Miracles

Autre facette de mon action : régulièrement, je fais des visites dans des maisons de retraite qui n’ont pas choisi d’avoir des animaux à demeure, en apportant aux pensionnaires, pour quelques heures, des chiens, des cochons d’Inde et des lapins que j’ai recueillis. Et franchement, mes petits compagnons et moi, nous sommes attendus avec impatience.

Dès que nous arrivons, les visages s’éclairent, les yeux pétillent. Les résidents se mettent à prendre un cochon d’Inde sur les genoux, à brosser le poil d’un chien ou à donner une carotte à manger à un lapin ! Et là, des miracles s’opèrent ! Certaines personnes qui ne parlaient plus commencent à nous raconter leurs souvenirs : “Quand j’étais enfant, j’habitais dans une ferme, m’a un jour confié une très vieille dame. Et je me souviens que j’avais toute une basse-cour autour de moi : des cochons, des canards, des oies. Je les ai toujours beaucoup aimés..."

Une autre pensionnaire, âgée de plus de 90 ans, qui n’arrivait plus à bouger depuis plusieurs semaines, s’est redressée sur son lit pour voir mes chihuahuas et a tendu un bras hésitant pour les caresser. Un sourire s’est alors dessiné sur son visage, et j’ai croisé son regard apaisé. Tous ces moments forts de partage, de tendresse et d’émotion sont des récompenses inestimables pour moi. ça m’encourage beaucoup !

J’espère seulement que je trouverai des soutiens parce que jusqu’ici, j’ai financé sur mes propres deniers tous les équipements que j’apportais. Et, malheureusement, sans aide, je ne pourrai pas continuer mon action... »

Si vous voulez lui écrire : 
l’Atelier (à l’attention de Marcella), 81 route de la Badine, 
06160 Juan-les-Pins.

Thierry Lopez

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