Patricia Fagué : “J’aide 
les gens à retrouver leurs proches disparus”

France Dimanche
Patricia Fagué : “J’aide 
les gens à retrouver leurs proches disparus”

Depuis vingt-cinq ans, en plus de son métier de journaliste, Patricia Fagué mène l’enquête à la recherche de personnes perdues 
de vue. Une véritable passion qui ne la quitte plus.

« J’ai fait mes premiers pas d’enquêtrice à 24 ans, dans l’émission Perdu de vue, animée par Jacques Pradel dans les années 90 sur TF1.

Au début, je n’y arrivais pas, et je pleurais beaucoup. J’étais loin d’imaginer qu’on pouvait perdre son père après un divorce ou qu’une mère pouvait abandonner ses enfants. L’émission m’a vraiment prise aux tripes.

J’étais tellement touchée par le chagrin des familles que je me donnais à fond pour les aider. Et j’ai continué, j’y ai pris goût. Cela fait maintenant vingt-cinq ans que je mène des enquêtes.

"Ce qui compte pour moi, c’est de réparer les gens, pour qu’ils puissent de nouveau aller de l’avant."

L’envie de retrouver des gens disparus est profondément ancrée en moi. J’ai lu un livre qui m’a beaucoup émue quand j’étais petite, Le pays où l’on n’arrive jamais, d’André Dhôtel. Le bouquin raconte l’histoire d’un garçon qui part à la recherche de sa mère. Cette œuvre m’a bouleversée et ma passion pour les enquêtes vient probablement en partie de là.

Perdre la trace d’un proche est affreux. Si cela me touche autant, c’est aussi lié à mon parcours. Deux ans après avoir intégré l’équipe de Perdu de vue, ma mère me dit un jour : “C’est incroyable, cette fascination que tu as pour les enfants abandonnés, cela doit venir de ta grand-mère".

"Je n’abandonne jamais mes dossiers, je veux qu’ils soient résolus coûte que coûte."

Elle m’a alors appris que la mère de mon père était née sous X. Ce n’était pas vraiment un secret de famille mais on n’avait jamais eu l’occasion d’en parler. J’ai ainsi initié des recherches qui m’ont permis de retrouver, il y a un an seulement, ma famille biologique du côté de 
mon aïeule.

En 1997, lorsque l’émission Perdu de vue s’est arrêtée, j’ai souhaité continuer d’aider des gens à retrouver des proches. J’ai alors décidé de lancer le site internet “Personne disparue" en 2000. Je reçois encore des demandes tous les jours, que je traite souvent seule.

Mais lorsque les enquêtes sont très difficiles, je fais appel à des gens extérieurs pour m’aider. Depuis que je me suis lancée là-dedans, je ne suis pas peu fière d’avoir retrouvé des milliers de personnes. Le temps de recherche est très variable, de quelques heures à plusieurs années.

-> Plus d’infos sur : personnedisparue.com

Je n’abandonne jamais mes dossiers, je veux qu’ils soient résolus coûte que coûte. À noter : je fais payer les gens seulement en cas de résultat. Je ne peux pas sélectionner tout le monde. J’arrive très vite à jauger si l’affaire a des chances d’être résolue ou pas.

Il me faut un minimum d’informations : un nom, un prénom, une description physique. Si je ne peux rien faire, je préviens directement, sans donner de faux espoirs.

Pour venir à bout d’une enquête, il faut être patient. Je travaille beaucoup avec l’administration. Parfois, c’est un véritable combat. Même quand j’ai accès à des documents, je dois tout justifier alors que le droit m’y autorise. C’est très frustrant !

Les enquêtes me prennent beaucoup de temps, mais c’est ma passion. Ce qui compte pour moi, c’est de réparer les gens, pour qu’ils puissent de nouveau aller de l’avant. »

Cyril Coantiec 

À lire  : « Disparus sans laisser d’adresse... » de Patricia Fagué, aux éditions de l’Opportun.

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