Albert : Condamné au silence

France Dimanche
Albert : Condamné au silence

En mettant aux enchères une partie de la collection de voitures prestigieuses appartenant à son père, le prince Albert lance une nouvelle ère. La sienne. Il tire un trait sur son passé.En mettant aux enchères une partie de la collection de voitures prestigieuses appartenant à son père, le prince Albert lance une nouvelle ère. La sienne. Il tire un trait sur son passé.

Tous les monarques ayant hérité d'un trône ont probablement vécu leurs premières années au pouvoir sous le regard imaginaire de la figure tutélaire qui les a précédés. Avant que Rainier disparaisse, on a longtemps pensé qu'Albert n'était pas prêt à exercer les plus hautes fonctions de la principauté monégasque. Dissipé, plus féru d'activités sportives que politiques, réservé : sa montée sur le trône a pu susciter des interrogations. Elles sont aujourd'hui levées.

Le prince Albert semble avoir pris la pleine mesure de son rôle. À tel point que le mari de Charlène vient de faire un geste très fort, comme s'il souhaitait enfin, sept ans après la mort de son père et près de trente ans après celle, tragique, de sa mère, tirer un trait sur un passé par trop douloureux.

->Voir aussi - Albert et Charlène : séparés !

Tout a justement commencé par un retour sur ce passé, le 21 juillet dernier, lorsque le souverain s'est rendu aux Baux-de-Provence. Cette ville, dont il est le marquis, rendait un vibrant hommage à ses parents à travers une exposition de photos rares, intimes, fournies par le magazine Paris Match. « Bien entendu, ce sont des documents que je connaissais déjà, mais c'est toujours émouvant, a glissé le prince devant les clichés. Il s'agit de souvenirs extrêmement chers. »

Albert s'est ainsi longuement arrêté sur une image le montrant enfant dans les bras de sa mère, son père, au second plan, barrant le yacht de la famille. Puis sur une autre où, encore très jeune, on le voit assis au volant d'une voiture rouge, Stéphanie à son côté. Un véhicule, comme il le confie alors au maire de la commune, qu'il croit bien avoir gardé quelque part.

C'est qu'à Monaco, les voitures, on les garde. Ou plutôt, devrions-nous dire, on les gardait... Lorsqu'il est monté sur le trône, Albert a en effet hérité de son père d'une fabuleuse collection de 142 bolides.

De la dernière Mercedes de Rainier, achetée en 1983, à une vieille Panhard de 1913, ces belles mécaniques, dont les cartes grises sont toutes au nom d'Albert, prenaient, paraît-il, beaucoup de place dans les garages du palais et, accessoirement, représentaient une somme rondelette, à l'heure où le Rocher traverse, comme beaucoup, une période d'austérité.

Patrimoine

Le prince a donc décidé de vendre aux enchères une partie de ce patrimoine, afin, a-t-il expliqué, de libérer de l'espace pour effectuer de nouvelles acquisitions : 38 véhicules ont ainsi été mis en vente le 26 juillet dernier à Monaco. Et tous ont évidemment trouvé preneurs !

Si la majorité des modèles ont été acquis pour une somme deux fois supérieure à leur estimation, certains d'entre eux ont fait monter encore davantage les enchères.

La fameuse Mercedes personnelle de Rainier, estimée entre 15.000 et 25.000 euros, a ainsi été adjugée à 117.500 euros. À l'instar de cette voiture, les sommes déboursées, plus d'un million d'euros en tout, étaient bien supérieures au prix réel de ces véhicules. Mais pour des collectionneurs, leur histoire particulière justifiait cette dépense.

Quant à Albert, en se séparant de ces biens que gardait son père, il a non seulement fait de la place dans son palais, mais aussi du ménage dans sa tête, sa vie et son passé. À 54 ans, un an après son mariage avec Charlène et alors que toute la principauté retient son souffle dans l'attente de le voir devenir père à son tour, cette décision est hautement symbolique.

La liberté de parole existe-t-elle au palais de Monaco ? La question mérite vraiment d'être posée à la lumière d'un étrange événement qui s'est déroulé début juillet, alors qu'Albert et Charlène venaient de fêter leur premier anniversaire de mariage.

Pour l'occasion, la chaîne de télévision américaine CBS avait sollicité une interview du souverain et de l'ancienne nageuse sud-africaine. Face aux caméras, le prince, en costume sombre, et son épouse, dans un ensemble sans manches gris taupe, semblaient parfaitement détendus. L'entretien pouvait commencer.

C'est à Charlène que la présentatrice Holly Williams s'est tout d'abord adressée : « Qu'est-ce que cela vous fait d'être mariée ? », lui a-t-elle demandé. On a alors pu voir la princesse chercher le regard de son mari, comme si elle espérait un secours de sa part. Quelques instants plus tard, le prince, visiblement énervé, demande que l'on fasse une pause dans l'entretien. Mais cette séance allait réserver une surprise bien plus grande encore.

L'interview a repris lorsque la journaliste de CBS, se tournant vers Albert, lui demande s'il trouve des ressemblances entre sa femme et Grace Kelly.

« Je savais que quelle que soit la personne que je choisisse d'épouser, a répondu le prince, elle serait comparée à ma mère. J'étais préparé à cela. Mais je crois que Charlène a ses propres qualités, tout à fait merveilleuses, pour briller. » Une réponse sur laquelle Holly Williams rebondit : « Quelles qualités ? »

Charlène, en riant, plaque ses mains sur ses oreilles, faisant mine de ne pas vouloir écouter les compliments de son mari. Mais au moment où ce dernier veut parler, un officiel du palais surgit, exigeant le silence. Motif : « La question est trop personnelle ! »

On croit rêver ! Albert n'aurait-il pas le droit de dire publiquement quelles qualités il trouve à son épouse ? On n'ose imaginer ce qui se serait passé si la question avait porté sur les défauts de sa femme ! Une chose est sûre : la parole, à Monaco, est sous contrôle.

Aurait-on craint que des propos anodins ne révèlent des vérités dérangeantes ? Sinon, comment expliquer que la vidéo de cette interview, diffusée sur le site de CBS, soit subitement devenue indisponible ?

Christian Morales

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