Alexandre Bertrand de The Voice : “En travaillant à l’usine j’ai fait une dépression”

France Dimanche
Alexandre Bertrand de The Voice : “En travaillant à l’usine j’ai fait une dépression”

Pour le chanteur de 33 ans, l’heure des “battles" a sonné. Le protégé de Garou nous livre ses blessures d’enfance, son mal de vivre mais aussi son  bonheur  retrouvé.

« Prends-le ! Il ne faut pas le laisser partir ! » n’a cessé de répéter Florent Pagny aux autres coachs lors de la merveilleuse prestation d’Alexandre aux premières auditions « à l’aveugle » de cette 3e saison de The Voice. Il est vrai que son incroyable performance sur You Make Me Feel, de Jimmy Somerville, n’a pas laissé indifférent le jury. Ni le public. Le chanteur marseillais nous a raconté son histoire, jalonnée de souffrances, mais aussi de joies puisqu’il a rencontré la femme de sa vie et est l’heureux papa d’un petit Diego. Confidences.

France Dimanche (F.D.) : Dès la première émission, les quatre coachs ont été séduits par votre voix. D’où vient-elle ?

Alexandre Bertrand (A.B.) : De beaucoup d’années de travail. Je n’ai jamais eu de cours de chant, j’ai appris seul dans ma chambre. J’étais passionné et déterminé ! Parfois, j’en sortais aphone tellement j’avais fait travailler mes cordes vocales. Mais la musique fait aussi partie de mes gènes. Mon grand-père était ténor lyrique, il chantait dans les églises !

F.D. : Il n’est plus là aujourd’hui ?

A.B. : Il est mort en 1997. J’avais 17 ans. Sa disparition a été le plus gros chagrin de ma vie. C’était mon modèle, je l’admirais beaucoup. Depuis, je pense à lui à chaque fois que je monte sur scène. D’ailleurs c’est à lui, ainsi qu’à mon fils, que je dédie mon aventure dans The Voice. J’espère que, de là où il est, il me voit et est fier de moi !

F.D. : Quel a été votre parcours musical ?

A.B. : J’ai commencé à chanter en 2003. C’est Jonatan Cerrada, le vainqueur de À la recherche de la nouvelle star, qui m’a donné le déclic. Il chante avec son cœur et fait passer beaucoup d’émotion dans sa voix. J’ai d’abord participé à des petites comédies musicales avec l’association Provence Variété, et chanté avec des orchestres en amateur, car je travaillais à l’usine, dans la métallurgie. Puis ma boîte a coulé et je me suis retrouvé au chômage. J’ai retrouvé un poste dans une autre usine, mais j’ai dû arrêter après un an et demi, car j’ai fait une grosse dépression...

Mika s'est retourné sur Alex qui choisira finalement Garou

F.D. : Pour quelles raisons ?

A.B. : Je ne supportais plus de me lever le matin pour faire quelque chose qui ne m’intéressait pas. J’avais 26 ans, et ma passion c’était le chant ! J’ai décidé alors de m’y consacrer pleinement, ce qui m’a permis d’aller mieux. Je suis devenu intermittent du spectacle grâce à l’orchestre Éric Roy dont j’ai fait partie cinq ans. J’ai également participé à la comédie musicale La belle et la bêtedans les sixties dans laquelle je jouais un fantôme. Enfin, cette année, j’ai intégré l’orchestre Cocktail de nuit, tout en passant les auditions pour The Voice.

F.D. : Qu’est-ce qui vous a poussé à participer à l’émission ?

A.B. : Le directeur de casting, Bruno Berberes, m’avait repéré lors des auditions de Dracula. Je n’ai pas été pris, mais Bruno a gardé mon numéro. C’est lui qui m’a contacté pour les auditions de The Voice. Ne connaissant pas le concept de l’émission, je n’ai pas voulu m’y aventurer la première année. La deuxième année, Célia, ma compagne, était enceinte. Il était hors de question que je la laisse seule. Cette année, je me suis dit : « Cette fois, c’est la bonne » !

F.D. : Comment avez-vous vécu les auditions à l’aveugle ?

A.B. : Même si, avec l’orchestre, j’ai l’habitude de chanter devant 4 000 personnes, j’avais beaucoup de pression. Car je participe à The Voice avant tout pour améliorer le quotidien de ma petite famille ! Je me fous d’être une star, et même de remporter ce concours. Ce que je veux, c’est me faire connaître pour me vendre plus cher et mieux gagner ma vie afin de subvenir aux besoins de Célia et de mon fils, Diego... Et oui, je suis jeune papa depuis quinze mois. Donc ma priorité, c’est lui !

F.D. : Vous rencontrez des difficultés pécuniaires...

A.B. : Disons que ce n’est pas facile tous les jours. Ma compagne Célia et moi sommes tous les deux intermittents du spectacle. Elle chante aussi dans un orchestre. Elle n’est pas connue, mais c’est une très belle artiste ! Après l’accouchement, elle a eu du mal à se remettre à chanter, car le corps se transforme et ce n’est pas évident... Alors c’est à moi d’assurer pour nous trois.

F.D. : Quel genre de père êtes-vous ?

A.B. : Célia est très « maman poule », mais moi, je suis à la fois « papa stress », « papa poule », « papa amour », « papa énervé »... Tout dépend de ce qui se passe autour de moi, je suis un peu une éponge.

F.D. : Comment avez-vous rencontré Célia ?

A.B. : Lors de la comédie musicale La belle et la bête dans les sixties. Elle jouait la Belle, et moi la Bête. Elle est devenue d’abord ma meilleure amie, ma confidente, puis on s’est mis ensemble et on a conçu Diego ! Toute ma vie tourne autour d’elle et de mon fils. Tant que tout va bien pour eux, je me sens bien.

F.D. : Pourquoi avoir choisi Garou comme coach vocal ?

A.B. : Parce qu’il est à l’opposé de ce que je fais. Il groove et va dans les graves, alors que j’ai une voix de tête. Je sais que je prends des risques mais, au moins, je vais apprendre avec lui. Vocalement et artistiquement, je me rapproche plus de Mika, mais le désigner comme coach aurait été choisir la facilité.

F.D. : Que pensez-vous de votre première prestation ?

A.B. : Elle était pourrie ! Techniquement, ça ne tenait pas trop la route, j’ai fait pas mal de fausses notes. En fait, j’étais très fatigué : entre les concerts à droite à gauche, les animations karaoké, et le petit qui ne fait pas toujours ses nuits, il ne me reste pas beaucoup de temps pour me reposer. La veille des battles, j’ai même fait un malaise : je revenais d’un concert et j’avais passé neuf heures en train couchettes avec la clim ! C’est un peu de la folie, mais on n’a pas le choix si on veut s’en sortir financièrement.

F.D. : Quel talent redoutez-vous le plus ?

A.B. : Il y a de grosses pointures cette année. C’est vraiment une saison de fous ! Igit et Pierre Edel sont très bons chez Garou.

Vanessa Attali

En vidéo