Bernadette Chirac : Son bouleversant combat pour sa fille malade !

France Dimanche
Bernadette Chirac : Son bouleversant combat pour sa fille malade !

Elle était si discrète, la première dame de France, si effacée que certains humoristes n'ont pas hésité à se moquer gentiment de son côté vieille France. Mais Bernadette Chirac a su prouver que, sous ses tailleurs un peu stricts, se cachait une femme de coeur, dotée d'une volonté de fer. De fait, rarement épouse de président aura tant oeuvré pour soulager les personnes défavorisées.

Sa campagne «Pièces jaunes» rencontre chaque année un succès énorme. Et, grâce à cette opération nationale, mais aussi à la générosité de Patrick Poivre d'Arvor, elle a pu enfin réaliser son voeu le plus cher. Le 15 novembre se sont ouvertes, à côté de l'hôpital Cochin, à Paris, les portes de la première maison des adolescents, baptisée Maison de Solenn en hommage à la fille disparue du journaliste de TF1.

Un projet pour lequel Bernadette Chirac a lutté contre vents et marées, sans que l'on connaisse les raisons profondes de cette farouche détermination. «Cette maison, c'est ma grande affaire», se bornait-elle à dire jusqu'à présent. Des mots pudiques derrière lesquels elle a longtemps dissimulé le drame qui a marqué sa vie à tout jamais.

Mais aujourd'hui, pour la première fois, Bernadette a accepté de lever le voile sur un pan de son existence tenu jusque-là secret. C'est dans le magazine Madame Figaro qu'elle a enfin osé s'épancher. «Tout ça vient malheureusement de l'histoire de Laurence », vient-t-elle tout juste enfin d'avouer, avant de raconter la longue et douloureuse histoire de son bouleversant combat pour sa fille malade...

Tout a commencé pendant des grandes vacances passées en Corse, comme Mme Chirac l'a révélé dans son livre Conversation. Laurence avait 15 ans et, passionnée de voile, elle participait à une régate à Porto-Vecchio.

Un soir, en descendant de bateau, la jeune fille se plaint d'un terrible mal de tête. Quelques heures plus tard, une importante fièvre se déclarant, madame Chirac fait venir un médecin pour lequel il ne s'agit là que d'une lombalgie.

Mais, malgré l'aspirine, la fièvre ne descend pas et la nuit se passe très mal. Finalement, un autre médecin diagnostique une méningite.

Laurence, rapatriée par avion jusqu'à Paris, est aussitôt conduite à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, où on lui pratique une ponction lombaire. Un examen délicat, au cours duquel il semble que se soit produit un accident.

«Et c'est le départ de tout, écrira-t-elle quelques années plus tard dans son livre Conversation. À la suite de cette maladie, elle a commencé une anorexie mentale très grave.» En effet, la jeune fille rieuse et volontiers chahuteuse, douée pour tout, ne sera plus jamais la même. Quelque chose s'est définitivement cassé. Laurence n'est hélas plus que l'ombre d'elle-même, une adolescente renfermée, dépressive et suicidaire.

Insupportable Brisée par la lente et inexorable dérive de sa fille vers l'autodestruction, la situation est d'autant plus insupporta ble que cette mère meurtrie constate bien vite qu'elle ne peut vraiment rien faire contre ce profond mal de vivre.

«Nous avons pensé que nous pourrions la sortir de là, raconte encore Bernadette Chirac dans son poignant aveu au supplément du Figaro. Nous avons consulté la terre entière, mais les tentatives de suicide, les hospitalisations se sont succédé.

Il y a vingt ans, nous étions dans un terrible désert affectif et moral.» Ils vivent comme un terrible échec l'incapacité du corps médical à soulager la souffrance de Laurence ainsi que leur impuissance à lui redonner goût en la vie. Ce constat effroyable plonge, des années durant, les Chirac dans l'angoisse. Seuls face à leur désespoir, ils s'effondrent à chaque nouvelle crise que traverse Laurence.

Pourtant, madame Chirac saura transformer ce drame personnel en une formidable leçon d'espoir. Dans cette plaie toujours à vif, elle puise chaque jour le courage nécessaire pour se battre afin de soulager la peine et le malheur de milliers d'autres jeunes.

«Je me suis dit qu'il fallait faire autrement que ce qui avait été fait pour Laurence, l'isolement, l'incompréhension, poursuit-elle. Je voulais une maison d'accueil pour les adolescents en grande difficulté. J'ai voulu épargner aux familles le calvaire que nous avons vécu.» Un formidable combat dont elle a déjà remporté la plus belle des batailles avec l'ouverture prochaine de la maison des adolescents.

Anna HADRIEN

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