Catherine Laborde : “J’ai peur de tout !”

France Dimanche
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Frappée par une démence à corps de Lewy, Catherine Laborde vit un calvaire.

Enfin ! Après plusieurs mois de silence, l’ancienne madame Météo de TF1 donne de ses nouvelles ! Catherine Laborde qui avait raconté en 2018 dans son livre Trembler (éd. Plon) son bouleversant combat contre la terrible démence à corps de Lewy, un récit poignant qui nous avait émus aux larmes, vient d’accorder une interview à Paris Match. Elle revient sur le mal incurable dont elle souffre depuis six ans déjà et qui lui fait vivre un véritable enfer.

Cette affection dégénérative, dont les symptômes s’apparentent à la fois à ceux de Parkinson et d’Alzheimer, n’accorde à la courageuse présentatrice, qui fit les beaux jours de la météo sur TF1 de 1988 à 2017, que de brèves périodes de répit. « C’est une pathologie qui fonctionne un peu comme les montagnes russes, explique-t-elle. Alternant les phases douloureuses et des moments d’accalmie... »

Dès le début, son neurologue l’avait prévenue. Ces périodes de répit durant lesquelles le patient peut souffler ne durent jamais longtemps. Bien sûr, il faut en profiter, sans pour autant perdre de vue que la « bête » tapie dans l’ombre peut soudain ressurgir avec encore plus de hargne. Ne jamais baisser la garde et être vigilante à la moindre alerte sont devenus son lot.

Quand les premiers tremblements apparaissent en 2014, Catherine pense d’abord être atteinte de la maladie de Parkinson. Le corps médical avance à tâtons, lui faisant subir une batterie d’analyses. C’est seulement après de longs mois vécus dans l’angoisse, que l’effroyable diagnostic tombe. Lorsqu’on lui annonce la terrible nouvelle, la femme de télévision croit défaillir, car la perspective selon les médecins n’est guère réjouissante. La maladie dégénérative du cerveau dont elle souffre est peu connue, elle l’accompagnera jusqu’à la fin de sa vie car il n’existe, hélas, aucun traitement curatif, l’informent les spécialistes. évidemment, cela ne laisse que peu d’espoir. Pour elle, rien ne sera en effet plus jamais comme avant. Totalement imprévisible, cette affection, elle le sait, va vite bouleverser sa vie.

« C’est une sorte de vieillesse prématurée », avoue-t-elle avec pudeur. à 68 ans seulement, la toujours coquette Catherine doit faire face à une sénilité précoce avec tous les tracas que cela entraîne, tels que « la fatigue, les gestes pas coordonnés, les chutes ». Comment, dans ces conditions, se risquer à s’aventurer seule dehors ? La malheureuse y a d’ailleurs renoncé. « Ça m’est difficile de sortir dans la rue, j’ai peur de tout. Il y a tellement de choses que je m’interdis de faire, d’abord par crainte de ne pas y arriver. » Même chez elle, la sexagénaire redoute, en permanence, de tomber. Le moindre obstacle peut lui être fatal. Se prendre les pieds dans un tapis ou heurter la table basse du salon, et c’est la catastrophe. Malgré toute l’attention que son mari, l’écrivain Thomas Stern, lui porte au quotidien, le pire peut arriver à tout moment.

« Je trébuche au moins une fois par jour », concède d’ailleurs Catherine. Une révélation pour le moins inquiétante qui pourrait avoir des conséquences dramatiques. Mais son calvaire ne s’arrête pas là comme elle l’admet avec une franchise qui sert le cœur : « Ce n’est pas seulement le corps qui se défait petit à petit. J’ai aussi l’impression d’être beaucoup plus émotive qu’avant. » On imagine sans peine les crises d’angoisse, les doutes, les pleurs qui doivent l’assaillir et qui laissent Thomas, son mari, désemparé. Mais l’ancien publicitaire, devenu le roc solide et sûr contre lequel elle s’appuie, s’efforce, quoi qu’il arrive, de ne rien montrer de sa peine, alors qu’au fond de lui, il enrage de voir la femme de sa vie souffrir autant.

« Cette maladie représente pour moi une sorte de diable monstrueux qui me fait à la fois craindre la vie et la goûter un peu plus », expliquait Catherine il y a un certain temps déjà. à l’époque, c’était il y a deux ans, elle se disait déterminée à s’accommoder au mieux de ce « monstre » mais qu’en est-il aujourd’hui ?

Même si elle se veut d’entrée rassurante, à y regarder de plus près, tout ne serait pas aussi rose. à l’inévitable « Comment allez-vous ? » posé sans détour, elle assure aussitôt « Je vais bien, merci », juste avant de tempérer : « C’est un peu la réponse de l’Anglais qui assure qu’il fait beau, même quand il pleut à verse... J’ai passé des moments terribles, mais depuis un mois et demi, ça va beaucoup mieux. »

Une réponse mi-figue, mi-raisin qui laisse place à de nombreuses interrogations. Certes, Catherine semble vivre un moment d’accalmie, et même si l’on espère que celui-ci durera longtemps, on ne peut s’empêcher de se faire bien du souci pour la maman de Gabrielle (33 ans) et Pia (30 ans). Qu’elle s’efforce à garder le sourire et à conserver intacte sa foi en l’avenir force l’admiration. Quelle battante !

Mais il y a aussi les pertes de mémoire auxquelles elle est confrontée. Elle sait qu’elle ne peut y échapper et qu’à tout instant, elle peut chercher ses mots comme quand elle tente d’expliquer la pathologie dont elle souffre et que, soudain, elle ne peut finir sa phrase, faute de trouver le terme juste. « C’est une de ces maladies dégénératives du cerveau qu’on connaît très mal, explique-t-elle tout d’abord. C’est un domaine pratiquement inexploré, un peu comme le fond des océans. Inutile de vous dire que ce mystère accentue l’aspect effrayant de la chose. Et en fait... heu... ça y est, je ne sais plus ce que je voulais dire... ça m’est sorti de la tête, c’est très désagréable. » Heureusement, comme toujours dans ces cas-là, Thomas, son ange gardien d’époux, vole à son secours lui assurant d’une voix douce : « Ça va revenir, ne t’inquiète pas. » Leur amour, immense, suffira-il à combattre la fatalité ? On l’espère de tout cœur. Courage, chère Catherine !

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