Charles Aznavour : Atteint de déménagite chronique !

France Dimanche
Charles Aznavour : Atteint de déménagite chronique !

Tout juste après avoir triomphé au Palais des Congrès , il a entamé sur les chapeaux de roue une tournée marathon à travers France, Europe et tous les autres continents. Dans le genre, Charles Aznavour ne fait vraiment pas les choses à moitié !
À croire qu'il a la bougeotte chevillée au corps. Et, de fait... il l'a ! En effet, quand il n'est pas sur scène, plutôt que de se reposer, son violon d'Ingres c'est de... déménager ! Au point qu'il a changé au moins cent fois de domicile au cours de sa vie, et qu'il ne compte pas s'arrêter en si bon chemin, comme il nous l'a confié en exclusivité.France Dimanche (F.D.) : Il vous arrive d'effleurer le sujet, sans pour autant vous y appesantir. Vous aimez changer d'adresse ! Un violon d'Ingres qui, selon votre entourage, mériterait un titre de champion dans le livre Guiness des records...
Charles Aznavour (C.A.) : Ce n'est pas à moi de le dire ! Mais il est vrai que dans ce domaine, je dois figurer parmi les prétendants sérieux. D'ailleurs, à ce jour, je n'ai jamais eu qu'un seul concurrent digne de ce nom : Jean Gabin. Lui aussi, passait sa vie dans les cartons. Quant à Michel Sardou, je sais qu'il cultive le même penchant. Mais sans vouloir le froisser ni me vanter, il a encore beaucoup de meubles à déplacer avant de me rattraper !
F. D. : Tout cela ne nous dit pas combien de fois vous avez déménagé...
C. A. : Je vais être très honnête avec vous : je n'ai jamais tenu de carnet de route ! Donc, je ne peux pas donner un chiffre exact. Disons qu'après m'être exercé à faire et refaire l'inventaire de mes adresses respectives, je dépasse le cap de cent ! C'est bien simple, pour vous faire une idée, vers 35 ans, quand le succès est arrivé, je comptais déjà trente domiciles à mon actif !
F. D .: Ensuite, votre carrière internationale a, bien sûr, accéléré le processus, non ?
C. A. : Cela y a contribué, c'est évident ! L'Amérique du Nord, Canada y compris, y aura été pour beaucoup, comme la Suisse. Disons qu'ensuite, s'est instaurée une vitesse de croisière, avec une moyenne d'une douzaine de domiciles environ chaque décennie !
F. D. : Aucune baisse de moyenne enregistrée ?
C. A. : Non, rien de changé ! Entre la France, le Maroc et la Suisse, la moyenne y est ! Cette année, par exemple, nous nous sommes séparés de notre maison de Saint-Nom-la-Bretèche ( 78 ) pour nous installer dans notre nouvelle villa de Vandœuvres, en Suisse.
F. D. : À quoi attribuez-vous cette « déménagite chronique »? Est-ce parce que, dans votre jeunesse, vous avez connu des périodes de vache enragée ?
C. A. : Pas du tout ! Mes parents ne roulaient pas sur l'or, c'est vrai, mais la vie qu'ils nous offraient, suffisait amplement à notre bonheur. Quant à avoir connu des moments difficiles, je ne suis, hélas, pas le seul ! Ce n'est pas pour autant que, lorsque l'on en a les moyens, on passe sa vie à déménager !
F. D. : Il y a pourtant bien un secret, non ?
C. A. : Il n'y en a pas ! C'est tout simplement par goût. J'adore la décoration. Tandis que je visite une maison ou un appartement que je suis susceptible d'acheter, j'imagine tout ce que l'on pourrait en faire, dans les plus petits détails. Peintures, agencements, mobilier, tout est déjà très précis dans ma tête. Et puis j'adore courir les antiquaires et aller acheter moi-même tout ce qui est meubles de rangements. Je veux m'occuper de tout de A jusqu'à Z.
F. D. : Plutôt « maison » ou « appartement » ?
C. A. : Par goût, nous préférons les maisons ; mais cela tient aussi au fait que nous avons deux chiens. Chacun le nôtre : Jessie, la labrador noire pour Ulla, et Nouki, le labrador blanc pour moi.
F. D. : Et cela ne gêne pas Ulla, votre épouse, que vous ayez la bougeotte à ce point ?
C. A. : Non ! à condition toutefois que je respecte le contrat : m'occuper de tout ! Et je prends vraiment du plaisir à faire cela. Beaucoup poussent un « ouf » de soulagement, une fois bien installés. Moi, c'est tout le contraire ! Je n'ai qu'une seule hâte : tout recommencer !
Gérard Gilbert

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