Charlotte Julian : “J’ai été sauvée du cancer par la peinture!”

France Dimanche
Charlotte Julian : “J’ai été sauvée du cancer par la peinture!”

Opérée pour un lymphome de Hodgkin, puis en chimio pendant huit mois, la chanteuse s’est recentrée sur ses toiles pour oublier la douleur.

Ses chansons donnent envie de rire, de faire la fête. Charlotte Julian a du soleil dans le cœur comme dans la voix. Son histoire d’amour avec le public a débuté avec Fleur de province, puis avec Tout le monde à la campagne, en 1973. Depuis plus de quarante ans, elle est allée de galas en tournages, illuminant de sa bonne humeur la tournée "Âge tendre" en 2011.

Et si elle a refusé des galas, c’était pour se battre contre un cancer, aujourd’hui en rémission. À l’heure de son grand retour, l’artiste nous a raconté comment elle a traversé cette terrible épreuve.

France Dimanche (F.D.) : Comment avez-vous découvert votre cancer ?

Charlotte Julian (C.J.) : Il s’est déclaré en août 2013. J’ai senti une boule entre le cou et la clavicule. J’ai été opérée à Cannes, puis soignée pendant huit mois à l’institut Curie. J’ai été très vite en rémission. J’étais atteinte d’un cancer des ganglions qui se soigne bien. Une chance ! Cependant, j’ai mal vécu les mois de chimio qui ont suivi mon opération. C’était très dur, toutes ces journées passées chez moi, avec des nausées, des moments de grande lassitude. Je l’ai très mal vécu. J’ai tout essayé pour ne plus souffrir, l’acupuncture, la sophrologie... Rien n’y faisait ! Heureusement que j’ai eu ma seconde passion, l’art naïf, pour m’aider à supporter l’insoutenable.

F.D. : Vous avez fait l’école des beaux-arts de Perpignan...

C.J. : Je n’ai fait que m’amuser pendant quatre ans ! Ce ne sont pas mes cours qui m’ont permis de me spécialiser en art naïf. Mais j’ai des bases, bien sûr.

F.D. : Comment êtes-vous venue à la peinture naïve ?

C.J. : C’est une passion vieille de trente ans. Au début, je peignais pour le plaisir, entre deux galas. Et puis j’ai placé mes tableaux chez l’encadreur de mon quartier. Il m’en a demandé d’autres : ils partaient comme des petits pains ! Depuis, j’expose dans toute la France et ma peinture est cotée.

F.D. : Votre maladie ne vous a pas empêchée de peindre ?

C.J. : Bien au contraire ! C’est la peinture qui m’a s

auvée ! Chaque matin, j’avais envie de me lever pour terminer un tableau en chantier. La peinture m’a fait oublier les effets négatifs de la chimio. Je ne voyais pas les journées passer tant j’étais concentrée sur le détail de l’ombre d’un pli de pantalon, les nervures de chacune des feuilles des arbres. Non seulement cela m’a permis d’oublier la solitude mais je me suis améliorée. Je suis d’ailleurs invitée au Festival international d’art naïf qui se tient à Carcassonne jusqu’au 10 juillet. J’en suis très fière.

F.D. : C’est une belle leçon d’espoir que vous offrez à ceux qui souffrent.

C.J. : Plus j’avance en âge, plus je suis convaincue que pour se sortir des chagrins de la vie, il faut se créer des passions, s’occuper l’esprit.

Dominique Préhu

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