Charlotte Valandrey : "Je suis une miraculée"

France Dimanche
Charlotte Valandrey : "Je suis une miraculée"

Séropositive, greffée du cœur, victime de 3 infarctus... le sort n'en finit pas de s'acharner sur Charlotte Valandrey. Elle nous livre une incroyable révélation !

À l'occasion de la parution de son second livre, la comédienne nous a reçu au dans le salon de son appartement du quartier de Montparnasse, où sont affichées de grandes photos de sa fille adorée, Tara, 12 ans... Depuis l'annonce publique, en 2005 de sa séropositivité, l'héroïne de Cordier, juge et flic a dû surmonter d'autres épreuves : la mort de sa mère et une greffe du cœur... Cependant, c'est le visage illuminé par un grand sourire que Charlotte nous lance : « On y va ? » L'interview peut commencer...

France-Dimanche (F.D.) : Comment allez-vous ? Je parle de votre santé...

Charlotte Valandrey (C.V.) : Bien, très bien ! Je suis heureuse, car pendant des années, je répondais "Pas mal... " à cette question. Et aujourd'hui, je peux enfin affirmer que je me sens mieux physiquement, moralement. Le plus dur est derrière moi.

F.D. : En 2005, vous révéliez votre séropositivité dans votre livre "L'amour dans le sang" ? Le referiez-vous aujourd'hui ?

C.V. : Oui... Même si j'ai dû en payer le prix, puisque le show-business, qui se veut tolérant, m'a tourné le dos du jour au lendemain. J'ai été la seule en France à avouer publiquement être touchée par cette maladie et, depuis 2005, je n'ai plus aucune proposition de films ni de téléfilms. Néanmoins, lorsque je lis les centaines de lettres qui me disent : "Bravo pour votre courage, merci de ce que vous avez fait", je ne regrette rien.

F.D. : Dans "De cœur inconnu", vous racontez un phénomène extraordinaire : Depuis que vous avez reçu le cœur d'une donneuse anonyme, vous voyez en rêves la façon dont elle est morte...

C.V. : J'ai fait régulièrement des cauchemars où j'étais victime d'un grave accident de voiture à Paris : ...Il pleut, je suis aveuglée par des phares, j'ai très mal au ventre et j'ai un bébé à côté de moi. Puis soudain, je ressens un choc terrible et je me réveille... Au bout d'un an, n'en pouvant plus, j'ai décidé de savoir de qui vient mon cœur greffé, pour comprendre ces mystérieux cauchemars. J'ai alors découvert que le jour de ma greffe, une femme médecin était morte à Paris, sous la pluie, dans un accident de voiture ! Exactement comme dans mon cauchemar...

F.D. : Et vous pensez porter son cœur ?

C.V. : Oui, j'ai la certitude porter le cœur de cette femme.

F.D. : Autre histoire incroyable : un mystérieux prétendant vous fait une cour insensée, il vous séduit. Et vous découvrez qu'il s'agit du mari de votre donneuse !

C.V. : Il s'appelle Yann : c'est un brillant architecte, élégant et romantique, bourré de charme, qui partage sa vie entre Paris et Berlin. Il s'est montré plein d'attentions, délicat, d'une gentillesse infinie, alors j'ai craqué. Notre histoire d'amour a été merveilleuse, authentique. Il m'avait raconté qu'il était divorcé de sa femme. Un jour, par hasard, en fouillant dans son bureau, j'ai découvert des documents indiquant que sa femme, une certaine Virginie, était morte le 4 novembre 2003 dans un accident mortel, un soir d'orage, place de la Nation, à Paris. Stupéfaction : c'est le même jour que ma greffe de cœur... En découvrant le certificat de décès, mes mains tremblaient et je n'arrivais plus à respirer ! Dans une autre pochette, un article du Parisien évoquait ma greffe. J'ai compris qu'il m'avait menti et qu'en me séduisant, il continuait à aimer sa femme, par procuration, via le cœur qu'elle m'a donné...

F.D. : Vous évoquez la mort de votre mère adorée. Chaque fois que vous pensez à elle, des signes étranges se produisent...

C.V. : Je pense que les gens qui vous ont beaucoup aimés restent proches de vous, même après leur mort. Ma mère me protège, comme un ange gardien qui me fait des signes de temps à autre. Elle veille sur moi. Je la sens près de moi et je peux parfois lui parler, via une sorte de télépathie. Je vis cela comme des moments de grâce... Et je sens qu'elle me veut du bien.

F.D. : Vous racontez aussi votre difficulté à trouver l'amour. Vous faites fuir les hommes ?

C.V. : Pas tous... J'ai effectivement eu une expérience malheureuse avec Steven, un ex qui est pourtant médecin. Il m'a quittée brutalement en 2006, de peur d'être contaminé. Alors qu'il ne risquait rien ! J'ai mis longtemps à m'en remettre. Il est parti comme un voleur, du jour au lendemain. C'est d'autant plus terrible qu'en 2008, j'ai fait un infarctus et je le lui ai laissé un message, pour qu'il me rassure. Il n'a jamais rappelé... Mais je vous rassure : j'ai vécu des histoires plus heureuses avec d'autres.

F.D. : Face à l'accumulation de coups durs, vous n'avez jamais songé à en finir ?

C.V. : Si ! Surtout après ma greffe de cœur. À l'époque, j'ai vécu une période terrible, avec des douleurs physiques insupportables. C'était au mois de novembre glacial et gris, dans un centre de rééducation sinistre, on aurait dit un hospice, et je me sentais abandonnée. J'étais si déprimée que j'ai bien faillit en mourir... L'été suivant, je ne travaillais pas et je n'allais vraiment pas bien. J'ai même voulu me faire interner.

F.D. : Comment avez-vous tenu le coup ?

C.V. : En pensant à ma fille Tara, que je n'avais pas le droit de laisser. Et puis, au fond de moi, je suis une combattante capable de surmonter les pires épreuves. Je suis une survivante, une miraculée, qui a tenu le coup de 1986 à 2011, alors que je ne devrais plus être là. Et je reçois encore des centaines de lettres, dont certaines sont si bouleversantes qu'elles me font pleurer ! Elles sont écrites par des adolescentes, des grands-mères et me parlent d'amour. Je réponds à tous ces courriers, sans exception, avec mon cœur, même s'il est fatigué. Moi, je ne triche pas avec mes admirateurs et ils le sentent. Ce qui explique peut-être que je sois populaire, même après tant d'années d'absence...

F.D. : De quoi avez-vous envie aujourd'hui ?

C.V. : J'ai envie de tant de choses : de refaire du cinéma, de la télévision, du théâtre et d'animer une émission de radio où j'écouterais la parole de ceux qui souffrent. Avec tout ce que j'ai vécu, je sais maintenant mieux comprendre et écouter la douleur des autres. La souffrance m'a appris cela : aimer davantage ceux qui m'entourent.

"De cœur inconnu" qui vient de sortir aux éditions du Cherche Midi est le second livre de Charlotte Valandrey, après "L'amour dans le sang", paru en 2005 au Cherche Midi, dans lequel elle révélait sa séropositivité.

Interview : Christian Narbrière

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