Christophe Guybet : “Papa, prends soin de toi !”

France Dimanche
Christophe Guybet : “Papa, prends soin de toi !”

En 1969, Henri Guybet a inventé le Café de la gare avec une bande de copains, dont Coluche. Quarante-six ans plus tard, son fils Christophe Guybet monte sur les mêmes planches.

De son illustre père, il a hérité des traits, d’un rire inimitable et d’un talent certain... Actuellement à l’affiche du Café de la gare à Paris, Christophe Guybet – fils d’Henri –raconte ses souvenirs de gosse suivant son père sur les tournages, dans un spectacle riche en anecdotes toutes plus succulentes les unes que les autres.

Même si être « le fils de... » n’avait pas que des côtés positifs. Interview à la sortie de son one-man-show...

France Dimanche (F.D.) : Seul en scène pendant 90 minutes, vous évoquez votre enfance et adolescence aux côtés de votre père, Henri...

Christophe Guybet (F.D.) : Oui et j’en garde d’excellents souvenirs. Très jeune, mon père m’emmenait avec lui et je découvrais ainsi un autre homme... Je me rappelle notamment, en 1975, du tournage d’On a retrouvé la septième compagnie, signé Robert Lamoureux. J’avais à peine 10 ans. Mais je me souviens aussi, que bien avant, vers 6 ans, j’avais suivi mon père au Café de la gare [le premier, ndlr], rue d’Odessa, près de la gare Montparnasse. Et je vous avoue que jouer aujourd’hui au nouveau Café de la gare, rue du Temple, me procure une grande émotion...

F.D. : Vous étiez conscient que votre papa était une vedette ?

C.G. : Oui bien sûr ! Même si j’avais l’impression d’être entouré de joyeux guignols ! Mais mon père a toujours été simple et respectueux envers ceux qui jouaient avec lui. Sur les tournages, tout le monde avait un mot gentil pour moi. Excepté peut-être Jean Lefebvre, toujours enfermé dans sa bulle. Il disait à peine bonjour. La seule chose qui comptait pour lui c’était de filer au casino de Deauville une fois le tournage terminé. Je ne vous raconte pas dans quel état il se trouvait le lendemain pour tourner... En revanche, Pierre Mondy était un être exquis et délicieux ! J’étais impressionné par sa gentillesse à mon égard. Je parle de tout cela dans mon spectacle.

F.D. : Est-ce à ce moment-là que vous avez eu envie de devenir acteur ?

C.G. : Oui, même si je suis davantage humoriste que comédien. Mon père a toujours été franc et loyal envers moi, en me disant que ce métier était loin d’être facile mais que, si telle était ma volonté, il ne ferait rien pour me décourager.

F.D. : Votre père, connu de la France entière par son rôle, entre autres, de Salomon dans Rabbi Jacob, au côté de Louis de Funès, a-t-il été présent pendant votre jeunesse ?

C.G. : Oui. Il essayait d’être à la maison pendant les vacances, et lorsqu’il tournait, s’arrangeait pour rentrer le plus tôt possible afin que nous soyons ensemble le soir. Je n’ai jamais souffert par la faute d’un père absent ou accaparé par son métier. Vous savez, son enfance dans les quartiers populaires des XIe et XIXe arrondissements de Paris a fait que la famille était la chose plus importante à ses yeux. Il était aussi très fidèle en amitié. Comme le prouve sa relation avec Patrick Dewaere, réciproque et intense, jusqu’au décès de Patrick, en 1982.

F.D. : Cela vous a-t-il parfois pesé d’être le « fils de... » ?

C.G. : Le côté positif, c’est que j’ai rencontré des personnes fantastiques et formidables. L’aspect négatif, c’est que, enfant, je ne voulais pas que mon père vienne me chercher à l’école... J’étais gêné vis-à-vis de mes copains ! C’était un excès de pudeur de ma part...

F.D. : Il n’y a jamais eu, par la suite, une jalousie ou une rivalité entre vous ?

C.G. : Non, nous ne jouons pas dans la même cour. Lui, c’est un comédien, alors que je suis un humoriste.

F.D. : Vous vous voyez souvent, je crois. Va-t-il venir vous applaudir au Café de la gare ?

C.G. : Bien sûr. Mon père a aujourd’hui 76 ans et un projet théâtral prévu pour l’année prochaine. Il vit à la campagne, dans l’Essonne, et se plaît également beaucoup en compagnie de mon fils, qui a tout juste 3 ans...

F.D. : S’il y avait quelque chose à dire à votre papa par l’intermédiaire de notre magazine, ce serait ?

C.G. : Papa, je t’aime et prends soin de toi ! Que ton petit-fils profite de toi au maximum !

Bernard Moncel

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