Christophe : Il aurait pu être sauvé !

France Dimanche
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Le chanteur Christophe, emporté le 16 avril par le Covid-19, aurait refusé d'admettre la vérité et tardé à se faire soigner…

Le 26 mars dernier, tous ceux qui ont fredonné ses tubes, de Señorita à Petite fille du soleil, en passant par Aline, apprenaient avec effroi que Christophe, atteint par le coronavirus, avait été transporté à l'hôpital Cochin, à Paris... Quelques jours plus tard, le 31 mars, malgré tous les efforts du personnel soignant, l'état de santé du talentueux artiste de 74 ans, souffrant depuis plusieurs années d'emphysème, une maladie qui détruit les alvéoles et les vaisseaux sanguins des poumons, s'était brutalement dégradé.

Incapable de respirer normalement, l'artiste était alors plongé dans un coma artificiel et des machines avaient pris le relais. Quelque temps plus tard, à l'instar d'autres patients d'une Île-de-France surchargée de malades happés par les griffes de l'implacable Covid-19, la star avait été transférée vers un hôpital de Brest, en Bretagne. C'est là que, le 16 avril, tandis que ses fans, ses amis, tels Pascal Obispo, Laura Smet ou encore Marc-Olivier Fogiel, et ses proches, sa fille Lucy et son épouse Véronique, continuaient à espérer de tout leur cœur que leur cher Christophe échapperait à ce mauvais coup du sort, le malheureux musicien s'éteignait, seul, désespérément seul, dans sa chambre où nul n'avait été autorisé à lui rendre visite en raison du confinement. Un choc sans doute épouvantable pour tous ceux qui ont cru jusqu'au bout que ce grand artiste se relèverait pour se remettre à composer les magnifiques mélodies dont il avait le secret.

Mais comme souvent, lorsqu'un être aimé disparaît, on ne peut s'empêcher de s'interroger, de vouloir réécrire l'histoire en se demandant si cette funeste issue aurait pu être évitée. Un processus d'autant plus classique dans le cas d'un créateur dont le public attend les prochaines œuvres avec impatience ! Cet homme à la personnalité et au parcours si particuliers était justement en train de pré-parer de nouveaux projets, l'album sur lequel il travaillait d'arrachepied depuis quelques mois était même quasiment prêt à sortir.

“Personne à risque" Certes, ce grand amoureux de voitures de courses n'était pas, comme nous vous le disions plus haut, au meilleur de sa forme. Il était bien sûr ce qu'on appelle communément, en cette année 2020 torpillée par la pandémie, « une personne à risque ». Mais pourquoi la mort s'est-elle acharnée sur cet homme qui avait encore tant de Mots bleus à nous dire ? Eh bien, aussi incroyable que cela puisse paraître, il semble qu'en réalité Christophe aurait pu être sauvé ! C'est du moins ce que révèle le mensuel Vanity Fair dans son numéro de novembre, affirmant que le chanteur a trop tardé pour se faire soigner, au risque de développer une forme grave de la maladie.

Nos confrères vont même jusqu'à avancer qu'il avait « disparu exactement comme il avait vécu », c'est-à-dire « en n'en faisant qu'à sa tête ». Quelle forme de rébellion, quel refus de l'ordre établi a bien pu pousser ce génial musicien à se mettre en danger en différant l'indispensable consultation médicale malgré des signaux évidents de son affection ? « Se sentant oppressé depuis la mi-mars, il a d'abord refusé de se faire examiner (son médecin habituel avait le Covid-19 et il ne voulait pas en voir un autre), rapporte Vanity Fair. Puis, respirant de plus en plus mal, il a dû appeler les pompiers. »

Hélas, cet ultime recours, trop tardif, n'aura pas suffi à lui épargner les souffrances de ce fléau qui a emporté plus de 40 000 vies en France et nous plonge aujourd'hui dans un second confinement. Plus étonnant encore que ce refus de reconnaître la gravité de son état en dépit des symptômes de plus en plus douloureux qu'il ressentait, Christophe n'aurait pas prévenu ses proches de sa prise en charge par les secours ! « Première nuit d'angoisse et de portables qui sonnent dans le vide, raconte encore le mensuel. Il est finalement localisé à l'hôpital Cochin, aux avant-postes de la vague épidémique, ce qui interdit les visites. » La suite, et la fin, on la connaît, c'est à Brest que, deux semaines plus tard, il rendra son dernier souffle : « Son cœur lâche dans une ville où, soupire Laurent Castanié [son manager, ndlr], il n'a fait qu'un seul concert dans sa vie. »

Une bien triste fin pour cet immense artiste qui, malgré son succès, continuait de vivre tel un bohème dans ce quartier de Montparnasse où il louait un appartement depuis quelque temps, un antre où il avait accumulé de nombreux objets hétéroclites et qui peuplaient son étrange et singulier univers. Ces souvenirs qui l'ont accompagné une grande partie de son existence ont été débarrassés de ce lieu encore empreint de sa présence par celle dont il était séparé depuis vingt ans mais dont il n'avait jamais divorcé.

Les juke-box qu'il collectionnait, ses costumes de scène, ses marinières qu'il portait en toute occasion, le jeu de boules que ce passionné de pétanque avait fait graver à son nom, et tant d'autres choses encore que le chanteur aimait à chiner dans les brocantes, Véronique Bevilacqua les a réunis et confiés à la maison Cornette de Saint-Cyr, dans le VIIIe arrondissement de Paris, pour une vente aux enchères en ligne qui a eu lieu le 7 novembre dernier. Un ultime hommage à l'univers de ce « Beau bizarre » qu'on aurait tant aimé voir continuer encore un peu à nous faire rêver en musique...

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Clara MARGAUX

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