Patrick Poivre d’Arvor : Sa tentative de suicide

France Dimanche
Patrick Poivre d’Arvor : Sa tentative de suicide

L’ancienne star du JT Patrick Poivre d'Arvor vient de faire un douloureux aveu.

Pendant près de trente ans, il a été la référence absolue en matière d’infos à la télé, un véritable repère pour des millions de fidèles qui attendaient ce moment où il donnerait des nouvelles du monde. Et quand fut venu pour lui le temps de quitter le journal de TF1, le 10 juillet 2008, purement et simplement renvoyé par la chaîne, PPDA n’avait pas caché sa souffrance.

Loin de chercher à mentir, ni à se mentir, face à dix millions de téléspectateurs, il avait prononcé ces phrases qui sonnaient terriblement juste : « Ce qui ne peut être évité, il faut l’embrasser. Alors, puisque je n’ai pu éviter ce qui m’arrive ce soir, je vous embrasse tous. » Et s’il concluait ses adieux par un « Je suis sûr qu’on va se revoir très vite », force est de constater que même si le journaliste a depuis repris des activités à la télévision, il ne s’est plus jamais retrouvé en pleine lumière.

Cette place qui le rassurait sur lui-même, et lui permettait d’affronter les dures épreuves de l’existence. Hélas, en effet, même s’il anime une émission littéraire sur la chaîne CNews, Vive les livres !, le vendredi à 18 h, qu’il dirige la collection Une maison, un écrivain, sur France 5, et qu’on peut l’entendre chaque soir sur Radio Classique, de 19 h à 20 h, Patrick Poivre d’Arvor n’est jamais parvenu à renouer avec l’immense succès qu’il avait connu sur France 2 et TF1.

Cette foule qui le portait, le rassurait quotidiennement en étant là pour l’écouter, semblait, par sa présence et sa fidélité, lui dire qu’il avait eu raison de choisir sa profession. Et, encore meurtri d’avoir été évincé du JT, quelques jours après avoir fêté son 70e anniversaire, le 20 septembre dernier, PPDA l’a reconnu : il a vraiment failli en finir...

Anorexie

Telle est la bouleversante confidence qu’il a faite, dimanche 8 octobre, à un autre journaliste de grand talent : Laurent Delahousse. Lors de l’émission Un jour, un destin qui lui était consacrée, sur France 2, l’ancienne star du PAF a raconté dans quelles conditions précises il avait été tout près de mettre fin à ses jours.

Pour bien comprendre pourquoi Patrick Poivre d’Arvor a failli commettre ce geste irréversible, il faut se souvenir qu’il a connu une des plus cruelles épreuves qui soit. La perte de sa fille, Solenn, morte à l’âge de 19 ans. Dans le film diffusé par France 2, l’épouse de PPDA, Véronique, ainsi que leurs enfants, Dorothée, Arnaud et Morgane, ont raconté, chacun à sa façon, cette période si douloureuse pour chacun d’eux.

À 17 ans, Solenn, ravissante jeune fille, idéaliste, fait un voyage aux États-Unis. À son retour, la voyant amincie, ses parents s’inquiètent : « On lui a dit qu’il fallait qu’elle s’arrête, mais c’était déjà trop tard », a expliqué sa mère, profondément bouleversée. Et le diagnostic tombe : leur fille souffre d’anorexie mentale.

Elle ne peut plus se nourrir... Fou de douleur, son père ne s’avoue pas vaincu. Pour lui « redonner un peu des étoiles dans les yeux », comme en témoigne sa fille Morgane, il part régulièrement quelques jours avec elle, en tête à tête.
« C’était un moyen pour lui de lui dire qu’il l’aimait », raconte son fils Arnaud.

Chaque membre de la famille met tout en œuvre pour essayer de contrer le mal-être de Solenn, et la maladie qui la ronge, mais le cauchemar continue. La jeune fille descend jusqu’à 27 kg, et effectue régulièrement des séjours à l’hôpital...

Mais comme les visites sont interdites, son père, désespéré, file sur son scooter jusque sous les fenêtres de sa chambre, espérant l’apercevoir, ne serait-ce qu’un instant. Quand il voit la lumière de sa « prison » s’éteindre, il se dit qu’enfin elle dort, et repart.

Pour tenter de dompter sa souffrance, il écrit, lui parle, lui adresse des lettres, habitées par cet immense amour qu’il éprouve pour elle. « Je tourne autour de toi, de ton vide, de ton absence. » Absente, Solenn l’est aussi à elle-même. Elle ne veut plus rien. À part, peut-être, mourir.

Un projet qu’elle va finalement mettre à exécution le 27 janvier 1995. Elle jette son corps si mince sous la rame du métro, et s’éteindra peu après à l’hôpital.
« Merci pour tout mais je n’aime pas la vie. Je veux être incinérée et gardée dans une petite boîte, mais pas jetée à la mer », écrira-t-elle en guise d’adieu.

Son père sera le premier à devoir faire face à l’insupportable vérité. Et à ce moment, ses forces vacillent, comme il l’a confié à Laurent Delahousse : « Sur mon scooter, je n’ai eu qu’une envie, c’était de me jeter contre une voiture dans le sens inverse. Je ne l’ai pas fait, j’aurais pu le faire... Ça tient à un quart de seconde de réflexion, en me disant qu’il fallait que j’annonce d’abord cette nouvelle à sa maman et ses frères et sœurs. »

Blessure

Et quand, trois jours après la mort de son enfant, le soir même de ses obsèques, Patrick Poivre d’Arvor est présent à son poste au JT, nombreux sont ceux qui le critiquent... Ce qui l’a aidé à tenir, à se tenir, bien et droit, ce sont, entre autres, les mots que lui a envoyés son public. « J’ai reçu tellement de belles lettres de téléspectateurs, pendant que certains confrères faisaient de la morale », a-t-il confié.Le journaliste aura à jamais le cœur meurtri par cette déchirante disparition.

Mais cette blessure est pour lui la preuve que sa fille a existé, qu’elle a illuminé sa vie. Sa mort terrible a certainement attiré un peu plus l’attention sur l’anorexie, entre autres avec la création d’une Maison de Solenn, à Paris, qui accueille les jeunes en mal de vivre. Sans doute l’idée que sa fille n’est pas morte pour rien le console-t-elle un peu de faire toujours partie de ce monde...

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Laurence PARIS

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