Claude François : Ce jour-là, la mort n’a pas voulu de lui !

France Dimanche
Claude François : Ce jour-là, la mort n’a pas voulu de lui !

Perdue parmi la trentaine de véhicules d’exception vendus aux enchères à Chantilly le 5 septembre dernier par la société Bonhams France, cette superbe Mercedes 450 SL bleu marine aurait presque pu passer inaperçue. Et pourtant cette voiture, qui faisait partie de la collection d’Alain-Dominique Perrin, l’homme d’affaires qui fut l’exécuteur testamentaire de Claude François, avait une valeur ajoutée unique : son histoire.

Dans la nuit du 26 juin 1977, la star a en effet frôlé la mort au volant de cette puissante berline allemande, ainsi que sa compagne, Kathalyn Jones, nous l’avait raconté à l’époque. « Je n’oublierai jamais cette nuit-là, confiait-elle. Claude a voulu prendre le volant. Son chauffeur Marmaduke, Joëlle Collard, attachée de production, et Sylvie Mathurin, son habilleuse et secrétaire, étaient assis à l’arrière. » Sur l’autoroute du Sud, la star fait une remarque à Joëlle, sur le ton de la blague : « Il y a un mari jaloux qui nous suit. J’espère que ce n’est pas le tien. » Mais le sourire qu’il affiche alors va très vite disparaître. « Claude a ralenti et s’est rangé à droite pour les laisser passer, s’est souvenu Kathalyn [...]. Peu avant l’embranchement pour l’aéroport d’Orly, ils nous ont doublés et j’ai vu nettement les occupants du véhicule, une Citroën CX 2000 verte. Deux hommes d’une trentaine d’années. »

Claude François chez lui au Moulin de Dannemois en juin 1977, avec sa compagne, lors de la reconstitution de l'attentant dont il a été victime.

“Au début, j’ai cru que c’était un caillou qui heurtait la carrosserie, mais Claude a tout de suite compris qu’on nous tirait dessus", nous avait raconté sa compagne

Sur le moment, le chanteur croit reconnaître Claude Brunet d’Europe n° 1. Grave erreur ! Ses assaillants freinent juste devant lui et la star accélère, les dépasse, évitant la collision d’extrême justesse.

« J’ai regardé ma montre. Il était 1 h 05, se souvient Kathalyn. La poursuite s’est prolongée sur environ vingt kilomètres. Au début, j’ai cru que c’était un caillou qui heurtait la carrosserie, mais Claude a tout de suite compris qu’on nous tirait dessus. C’est là qu’il a eu un réflexe qui m’a sauvé la vie. Sans lui je serais morte. Il m’a empoigné la tête et m’a obligé à me coucher sur la banquette en me disant : “Kathalyn, ne bouge plus ! Reste couchée !"[...] La fusillade a duré quinze à vingt secondes qui m’ont paru une éternité. Et puis la CX a fini par poursuivre son chemin. Je lui ai dit : “Merci, tu m’as sauvé la vie. Nous nous sommes longuement embrassés." »

Cette berline de légende a été vendue 97 500 € lors d’une vente aux enchères début septembre à Chantilly

En descendant de la Mercedes, accompagnés de leurs passagers encore sous le choc, ils ne compteront pas moins de sept impacts de balle sur leur voiture ! L’auteur des coups de feu, un certain Pierre Dieudonné, bien connu des services de police, est rapidement arrêté. Mais l’identité de son commanditaire demeure un mystère. Quant à Claude, qui venait déjà d’échapper à cinq attentats entre juillet 1973 et mai 1977 (agressions au couteau, bombes et incendie criminel), il s’inquiète pour ses fils, Coco et Marc : « Si on m’attaque à nouveau, aurai-je le temps de les sauver ? » s’interroge-t-il devant ses proches.

Alors, si nous avons un conseil à donner à celui qui vient d’acquérir cette voiture de légende pour 97 500 €, c’est de bien regarder dans le rétroviseur quand il prendra le volant. On n’est jamais trop prudent !

Claude Leblanc

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