Claude Lelouch : "Mes enfants sont les plus beaux films que j'ai réalisés"

France Dimanche
Claude Lelouch : "Mes enfants sont les plus beaux films que j'ai réalisés"

“Hasta la vista", un film sur trois jeunes handicapés, lui a tellement plu qu’il en est devenu le distributeur. L’occasion de donner la parole à un réalisateur qui n’a pas l’intention de prendre sa retraite.

À 74 ans, cette légende vivante du cinéma français a eu un coup de cœur pour Hasta la vista, le film du Belge Geoffrey Enthoven. Au point d’en devenir le distributeur en France. Au Festival du film de comédie de l’Alpe-d’Huez, où nous l’avons croisé, Claude Lelouch, qui continue de vivre à cent à l’heure, nous a accordé un peu de son précieux temps.

France Dimanche (F.D.) : Quel est le dernier film qui vous a marqué au cinéma ?

Claude Lelouch (C.L.) : Comme tout le monde, j’ai beaucoup aimé Intouchables. Il y a d’ailleurs un point commun entre ce film et Hasta la vista : le handicap, traité avec humour. Ils ont été tournés en même temps, donc l’un n’a pas pu copier sur l’autre. J’espère que « mon » film connaîtra le même succès qu’Intouchables ! À vrai dire, même s’il n’en avait que 10 %, ce serait déjà pas mal...

F.D. : Êtes-vous fier de votre parcours?

C.L. : J’ai une certaine éthique personnelle qui fait que, quand quelque chose me semble positif, je le fais. On a tous les qualités de nos défauts.

F.D. : Pensez-vous à la retraite ?

C.L. : Non, parce que cela ferait trop plaisir à certaines personnes que je n’aime pas. Donc je ne suis pas près de m’arrêter !

F.D. : Comment faites-vous pour entretenir votre forme ?

C.L. : En restant toujours actif. J’espère d’ailleurs n’avoir jamais envie de partir un jour en vacances !

F.D. : Vous ne partez jamais en vacances ?

C.L. : Si, quand je tourne un film ! J’ai toutefois des loisirs : la marche, la natation... et la voiture ! J’adore la voiture. C’est même l’endroit que je préfère au monde. Rien qu’à l’idée de faire de la route, ça me réjouit. Et pourtant, ça m’a valu quelques frayeurs... J’ai par exemple eu un accident de voiture, il y a une dizaine d’années, qui s’est heureusement bien terminé. J’ai fait de l’aquaplaning, perdu le contrôle du véhicule, avant de partir dans le décor. Sur le coup, je me suis dit : « Tiens, on vient de siffler la fin de la partie... » Et finalement je me suis ressaisi. En sortant de la voiture, j’ai réalisé qu’on m’accordait de jouer les prolongations. Je suis donc remonté dans une voiture une heure après ! Aujourd’hui, j’aime toujours autant ce moyen de locomotion, bien qu’il soit dangereux. En fait, on peut dire que j’aime me faire peur. D’ailleurs, pour moi, sans la peur, rien n’existerait.

Avec l'équipe du film Hasta la Vista, Isabelle de Hertogh, Gilles de Schryver, et Robert vanden Thoren. © Anthony Quittot

F.D. : Et aujourd’hui, qu’est-ce qui vous terrifie ?

C.L. : Qu’on siffle cette fin de partie avant que je ne marque le but décisif.

F.D. : Et comment voyez-vous ce but ultime ?

C.L. : J’aimerais faire un film qui me donne envie d’arrêter le cinéma. Que je me dise que je ne peux vraiment pas faire mieux. Mes derniers films n’ont pas si bien marché, donc ce sera peut-être le prochain, qui sait ?

F.D. : Quelle relation entretenez-vous avec vos proches ?

C.L. : Je n’ai jamais été un papa poule avec mes sept enfants. Ni même avec mes cinq petits-enfants. Je suis plutôt du genre à rigoler avec eux. J’aime leur apprendre à faire des bêtises. C’est sûrement la raison pour laquelle ils m’aiment bien. Aujourd’hui, je réalise que j’ai eu beaucoup de chance : mes enfants sont sans aucun doute les plus beaux films que j’ai réalisés dans ma vie.

Interview : Philippe Callewaert

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