Corinne Masiero : Une sacrée personnalité !

France Dimanche
Corinne Masiero : Une sacrée personnalité !

Loin des fliquettes glamour, Corinne Masiero, l’héroïne de la série Capitaine Marleau, sur France 3, impose un personnage sincère et cru qui ravit les téléspectateurs.

Avec sa gouaille, son naturel explosif et désarmant, son look improbable – parka verte, chemise à carreaux et chapeau informe –, elle casse tous les codes !

Avec Corinne Masiero, on est en effet loin des fliquettes glamour et lisses auxquelles les séries policières nous avaient habitués. Et les téléspectateurs en redemandent !

Alors que le premier épisode avait réuni trois millions de curieux sur France 3, ils sont aujourd’hui près de 6 millions et demi à se régaler des enquêtes menées par ce capitaine atypique, qui n’est pas sans évoquer un certain Columbo... Le secret du phénomène Marleau ?

Il tient en un mot : l’authenticité. Car Corinne Masiero ne joue pas, elle est son personnage, avec lequel elle partage de nombreux points communs...

Décapante à l’écran, elle l’est tout autant dans les interviews, n’hésitant pas à se montrer telle qu’elle est : une femme sincère et crue, qui a toujours refusé le jeu de la séduction, comme elle vient de le confier à Télé 7 Jours : «J’assume mes rides, mes cernes, ma cellulite, mes fringues et un physique plutôt masculin.» Rien à voir avec une posture, une façon habile de se distinguer.

Révoltée

Non, cette blonde de 53 ans, au caractère en acier trempé, se bat, à sa manière, pour l’égalité des sexes. «Est-ce que si j’ai un vagin je ne réfléchis pas comme quelqu’un qui a une verge ? [...] Pourquoi une femme devrait être ce qu’on appelle “jolie" alors qu’un mec, on s’en fout, on dit qu’il a du charme. Chez une nana on dit qu’elle est moche ? C’est un peu con...», s’insurgeait-elle ainsi dans Télé-Loisirs...

Ce franc-parler, ces saillies jubilatoires, on les retrouve dans la série, réalisée par Josée Dayan. Car cette comédienne hors norme n’hésite pas à enrichir son personnage et à surprendre ses partenaires, en improvisant. Ce qui lui permet au passage de faire passer des messages sur des sujets qui lui tiennent à cœur : la misogynie, bien sûr, mais aussi l’homophobie, ou la situation précaire des intermittents du spectacle.

Révoltée, Corinne l’a toujours été. L’actrice a de qui tenir puisqu’elle a eu des résistants dans sa famille.

Et puis le sort des exclus et des marginaux, cette Ch’ti, qui vit toujours à Roubaix où elle a grandi, le connaît bien pour l’avoir partagé pendant des années. Comme elle l’a raconté dans Gala, elle a commencé très jeune à se rebeller contre l’ordre établi : «En cinquième, je suis tombée sur le bouquin d’un camé, je l’ai lu d’une traite et, à la fin, j’ai dit : “Voilà, c’est ce que je veux faire".»Ont alors commencé les années de galère : drogue, petits boulots, puis la prostitution, la misère...

«J’ai vendu de la came, j’ai vendu mon cul... J’ai dormi dans ma bagnole», confiait-elle, il y a quelque temps, dans Télérama.

Comblée

Le théâtre l’a sauvée. Elle le découvre par hasard, en aidant des copains comédiens à monter un décor. Invitée à les rejoindre sur scène, pour une séance de relaxation, Corinne découvre l’appel des planches. Une révélation : «Dès que j’ai traversé la scène, j’ai compris que c’était ma maison : plus question de redescendre !», raconte-t-elle encore.

Elle a alors 28 ans, et devant elle, bien qu’elle l’ignore encore, une longue et belle carrière... Théâtre, télévision, cinéma – elle a notamment été la magnifique Louise Wimmer, de Cyril Mennegun, qui lui a valu de nombreux prix – elle a très vite enchaîné les rôles. Et visiblement ce n’est pas près de s’arrêter.

On la retrouvera, entre autres en 2018, dans un nouvel épisode de la Collection Fred Vargas, aux côtés de Jean-Hugues Anglade et Jacques Spiesser, toujours sous la houlette de Josée Dayan. Entre ces deux tempéraments, le courant passe plus que bien. La femme au cigare laisse en effet carte blanche à cette actrice avec laquelle elle a de nombreuses affinités. Comme leur goût commun pour les vestes en cuir !

Ainsi, un jour Corinne s’est extasiée sur le magnifique blouson que porte Josée. Le lendemain celle-ci lui offrait le même... Comédienne comblée, la Nordiste est aussi une femme heureuse en amour avec Nicolas, dit Nikoko, le seul homme qu’elle n’a jamais eu envie de tromper.

Tous deux se sont rencontrés lors d’une manif d’intermittents à Roubaix. Alors que le ton monte entre les CRS et les manifestants, un grand gaillard s’empare du mégaphone et calme le jeu avec un discours plein d’humour. Et Corinne de fondre ! Ils se croisent à plusieurs reprises mais, une fois n’est pas coutume, l’actrice est intimidée et n’ose pas ouvrir son cœur...

Jusqu’à ce qu’un jour, prenant son courage à deux mains, elle lui envoie ce texto pour le moins direct : «C’est quand tu veux, où tu veux.» Le soir même, ils se retrouvaient chez lui, et depuis ils ne se sont plus quittés. Toujours aussi accro après quinze ans de vie et de passion commune, – Nicolas dirige une troupe de théâtre à Roubaix –, le couple n’a cependant jamais eu envie d’avoir d’enfant. «J’aurais trop honte qu’il me ressemble. Je ne suis pas un cadeau. Je n’ai pas envie de transmettre ça», a expliqué l’actrice dans Gala.

Dommage, le monde manque cruellement de femmes de votre trempe, chère Corinne !

Lili CHABLIS

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