Danièle Gilbert: "Je remercie le destin !"

France Dimanche
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À 78 ans, malgré le contexte actuel difficile, Danièle Gilbert demeure optimiste et fourmille de beaux projets…

Nous nous étions inquiétés à l'excès dans notre n° 3882 pour notre chère Danièle, qui a soufflé ses 78 bougies ce 20 mars. Toujours très optimiste et d'une bonne humeur légendaire, elle nous a rassurés en nous faisant partager ses beaux projets et son infinie passion pour ce métier embrassé totalement par hasard. L'animatrice comédienne ne désespère pas de retrouver bientôt le chemin de la scène et surtout ce public qu'elle aime tant.

France Dimanche : Comment allez-vous ?

Danièle Gilbert : Très bien, malgré ce qui se passe. Il est vrai que tout ce ralentissement est loin de mon mode de vie, et je ne vous cache pas que l'hyperactive que je suis préférerait travailler, néanmoins on s'adapte. Heureusement, j'ai la chance d'être très adaptable ! Et, j'ai plein de beaux projets en préparation, donc je ne vais pas me plaindre...

FD : Ah bon, belle nouvelle ! Quels sont-ils ?

DG : Concernant la comédie que nous jouions avant l'été dernier, Les 3 Glorieuses, avec Sophie Darel et Évelyne Leclercq, nous sommes dans l'expectative. Par contre, j'ai signé la reprise de la pièce de Laurent Ruquier, Grosse chaleur, créée suite à la canicule de 2003. Elle vient d'être remaniée et on m'a proposé de rejoindre le casting à partir de septembre, ce qui me ravit. Mais surtout, le projet le plus proche est le retour des Idoles de Midi-Première, le spectacle que je présentais il y a deux ans maintenant. Cette fois cependant, Covid oblige, nous allons le proposer en live stream [en direct sur Internet, ndlr]. C'est une chance.

FD : Pouvez-vous nous en dire plus...

DG : Bien sûr ! Après avoir rempli le Casino de Paris en mars 2019 devant un public et des médias nombreux, nous revenons donc le dimanche 11 avril prochain, à 18 heures, avec cinq artistes formidables qui interprètent Coluche, Mike Brant, Dalida, Claude François et Joe Dassin lors d'une grande soirée exceptionnelle en streaming sur le site www.lesidolesdemidipremiere.com. Les nouvelles technologies ne nous apportent pas que des bienfaits, mais là, il faut bien reconnaître que c'est formidable. Tout se passera donc en direct, avec un orchestre, des danseurs, et tout plein de surprises ! Et vous serez bluffés en entendant les artistes me répondre avec les vraies voix des idoles !

FD : Êtes-vous nostalgique de tous les retrouver ?

DG : Non, je ne suis jamais nostalgique ! Pour moi, c'est le plaisir de l'instant. Je commence d'ailleurs le spectacle en disant : « Voilà, Midi Première s'est arrêté il y a un bon moment, eh bien on va reprendre là où on en était... », en compagnie de toutes ces personnalités que l'on n'a pas vues depuis si longtemps, et pour cause. Le spectacle met en scène de véritables anecdotes que j'ai vécues avec chacune. C'est une vraie richesse d'avoir pu côtoyer toutes ces personnes plus ou moins connues qui m'ont tant apporté. J'ai toujours été passionnée par l'être humain, les gens, car c'est au contact des autres qu'on s'enrichit.

FD : Ce sentiment vous a toujours animée ?

DG : Oui, même si au départ je ne voulais pas faire ce métier. Je ne savais pas que ça existait, je n'avais même pas la télé à la maison. Et puis, je n'avais aucune envie de me montrer ainsi, devant des tas de gens, j'étais bien trop timide. Si je n'avais pas été élue par hasard, à 70 % par les téléspectateurs, en Auvergne, je ne serais pas dans ce métier. Je remercie le destin ! Moi, je me destinais à être prof, qui est aussi une profession tournée vers les autres, me direz-vous...

FD : Ah oui, prof de quoi ?

DG : Après Hypokhâgne et une licence d'allemand, je venais de commencer un diplôme d'études supérieures pour être prof d'allemand à la fac de ClermontFerrand. Tout était tracé. J'avais déjà ma bourse, un poste de pionne à Moulins et mon sujet de diplôme : l'influence du poète allemand Rilke en Angleterre. Mais comme j'étais particulièrement timide, j'avais très peur de me retrouver face à des élèves de mon âge et d'être chahutée. Pour tenter de dénouer ma timidité, une copine qui prenait des cours de théâtre m'a alors proposé de la rejoindre. Puis dans le même temps, France Inter a eu besoin d'une speakerine de remplacement pour quinze jours. C'était mon premier petit boulot en somme, mon premier argent de poche.

FD : Et comment êtes-vous arrivée ensuite à la télé ?

DG : La chaîne qui deviendra bientôt France 3 Auvergne a lancé un appel à candidature pour trouver sa première speakerine télé. Moi qui étais alors tout le temps en blue-jean, baskets, parka et queue-de-cheval, je n'avais rien à voir avec les gens qui passent à la télé. Et comme on était au bout du couloir, ils m'ont demandé de participer aux essais. Maman m'a donc confectionné ma première robe, j'ai passé le concours, et me voilà ! Mais, je voudrais juste préciser que maman était alsacienne, et papa, qui était un enfant abandonné, avait fait de la Résistance avant d'être déporté à Dachau, d'où il était revenu à l'âge de 30 ans, 1,75 mètre et 25 kilos, sauvé par les Américains qui l'ont envoyé se requinquer en Suisse. Mes parents m'ont pourtant souvent emmenée en Allemagne, et je voulais même enseigner cette langue. Néanmoins, papa n'en parlait pas, il était vivant, heureux d'avoir une famille, seul ça comptait. C'est aussi ma philosophie de vie.

FD : Une philosophie qui manque peut-être un peu à certains aujourd'hui...

DG : En effet. Être en vie est déjà un vrai bonheur. Surtout en ce moment, on devrait un peu plus comprendre que la vie est un cadeau. Voir les gens se disputer, s'affronter sans arrêt me fait trop de peine. C'est tellement beau d'aller vers les autres, d'apprendre de leurs différences. Au lieu de ça, trop de personnes sont dans l'indifférence, l'individualisme, quel dommage.

FD : Comment occupez-vous votre quotidien depuis un an ?

DG : Quand c'est possible, je marche beaucoup. J'ai aussi un vélo sur mon balcon et je suis des cours de stretching en replay. Mais je suis beaucoup trop chez moi et n'en peux plus de voir tout ce qu'il y a à refaire sur mes murs. Moi, je suis une femme d'extérieur, pas d'intérieur ! Depuis un an, j'essaie de ranger mon appartement, mais si vous saviez comme je n'ai pas l'esprit pratique. Heureusement que j'ai ma famille, mon socle, mon équilibre ; et ce métier, qui n'est pas un métier pour moi, mais une manière d'être, une façon de vivre. J'ai en moi tous les gens que j'aime, et mon plus grand plaisir aujourd'hui est de me sentir en France comme dans la rue de mon enfance où je connaissais tout le monde.

FD : Patrick vous manque-t-il ?

DG : Patrick est avec moi, partout, tout le temps. Et je me rends compte de toutes ces choses apprises à ses côtés. C'était un bel esprit et une belle âme. Il était à la fois brillant, mais sans jamais étaler son savoir ; d'ailleurs, si je n'avais pas été présentatrice, personne n'aurait jamais su ce qu'il faisait. Surtout, il pressentait les choses et avait un regard extrêmement juste sur la vie. Il n'était pas conforme et avait une personnalité très intéressante, à la fois artiste, ingénieur, empathique. Il aimait les gens, ce qui nous liait tant. Et même si Patrick m'a emmenée aux quatre coins du monde, mon plus beau voyage reste celui d'avoir été conduite vers l'être humain. Je serai toujours reconnaissante et consciente de ma chance ! C'est pourquoi je profite pleinement de chaque petit bonheur et essaie de ne pas attacher trop d'importance aux malheurs. Et Dieu merci, je ne suis pas rancunière !

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Recueilli par Caroline BERGER

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