Eddy Mitchell : Un attentat déjoué in extremis !

France Dimanche
Eddy Mitchell : Un attentat déjoué in extremis !

La  bombe  était placée sous la scène 
où Eddy Mitchell devait se produire 
avec ses acolytes.

Alors que les salles de spectacle sont l’une des cibles privilégiées des attentats terroristes, comme l’on a pu, hélas, le constater en France ainsi qu’en Grande-Bretagne, et sont placées sous haute surveillance, l’une des stars de la chanson française a fait une incroyable révélation.

Eddy Mitchell, l’éternel rocker, a raconté comment il a été sauvé in extremis de la folie meurtrière de tueurs déterminés à commettre un carnage lors de l’un de ses concerts. Avec ses musiciens, l’artiste était tranquillement en train de faire la balance (le réglage technique du matériel) sur la scène d’un théâtre de verdure, quand soudain cette routine a été brutalement interrompue.

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« Nous nous sommes fait ceinturer, nous avons été mis dans les camions, a-t-il raconté, et envoyés à l’hôtel parce qu’il y avait une alerte à la bombe sous la scène. Le soir même, la bombe a explosé... »

Représailles

L’on imagine sans peine l’angoisse rétrospective qui a alors pu s’emparer du chanteur et de toute son équipe. À quelques minutes près, ils auraient tous fini déchiquetés par le souffle impitoyable d’un engin de mort, programmé pour faire un maximum de victimes, fauchées au cœur d’une soirée festive, venues reprendre les plus grands tubes de leur vedette préférée. Fort heureusement, personne n’a perdu la vie, grâce à la vigilance des forces de l’ordre.

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« L’explosion avait été programmée en vue de notre passage, c’était gentil de penser à nous !, a précisé Eddy. Mais l’après-midi, ceux qui nous avaient fait venir s’en sont aperçus, ils ont annulé le concert. » Ces confidences, la star les a faites à Didier Varrod, dans un livre entretien paru aux éditions de La Martinière en 2012, Il faut rentrer maintenant...

Les faits se sont déroulés à Oran, le 29 août 1961 très exactement, durant la guerre d’Algérie, le plus meurtrier des conflits coloniaux que la France ait connu et qui a causé, selon certains historiens, près de 500.000 morts, de 1954 à 1962. « [En 1961, ndlr] Ça pétait déjà bien, se souvient le rocker. C’était une guerre civile terrible où j’ai vu des choses dramatiques. Beaucoup de gestes de représailles. Pour un gamin blanc pied-noir égorgé dans je ne sais quel quartier, en représailles trois petits Arabes étaient tués au hasard. C’était très dur et cela conditionnait à revenir au rock’n’roll et à des choses plus légères. »

Pour le jeune homme de 19 ans qu’il est à l’époque, cette plongée dans l’horreur d’un conflit d’une rare violence – alors qu’il n’a même pas encore effectué ses classes – est très difficile à encaisser. Des scènes insoutenables, qu’on lui a racontées ou auxquelles il a dû, bien malgré lui, assister lorsqu’il est reparti, quelques mois plus tard, en mars 1962, effectuer son service militaire en Algérie.

Dans son malheur, sa chance aura été que la guerre se soit arrêtée six mois plus tard. Et si certaines visions d’horreur doivent sans doute être restées gravées à jamais dans sa mémoire, comme dans celle de tant d’appelés envoyés défendre « L’Algérie française », Eddy n’a sûrement pas oublié, plus d’un demi-siècle plus tard, l’épisode qui aurait pu coûter la vie à celui qui était alors le leader des Chaussettes noires.

Ce d’autant plus que ce souvenir entre aujourd’hui en résonance avec une sanglante actualité, dans une France en état d’urgence, alors qu’il ne se passe pas une semaine sans qu’un attentat soit commis. Ce contexte ô combien anxiogène, le musicien y songe peut-être avant de monter sur scène avec ses deux acolytes, Johnny et Jacques Dutronc, deux potes d’adolescence avec lesquels il forme un trio très sixties : Les vieilles canailles.

Car, comme vous le savez sans doute, la joyeuse bande de septuagénaires s’est lancée, le 10 juin 2017, dans une tournée comptant pas moins de 17 concerts, dont deux dates cette semaine, les 24 et 25 juin, qui s’annoncent mémorables, à l’AccorHotels Arena de Paris. Et si le succès est d’ores et déjà au rendez-vous, devant un public enchanté de voir les papys du rock revisiter leurs plus grands tubes, il n’en reste pas moins vrai qu’une épée de Damoclès semble suspendue au-dessus de la tête des artistes et de leurs fans.

Car malgré les mesures de sécurité renforcées depuis l’attentat du Bataclan, le 13 novembre 2015, celui qui est récemment survenu à la sortie de la Manchester Arena après un concert d’Ariana Grande confirme, s’il en était besoin, que le risque zéro n’existe pas. Alors souhaitons juste à Eddy Mitchell et aux Vieilles canailles de n’entendre qu’une seule explosion sur scène : celle des applaudissements de leurs fidèles, ravis...

Sophie Marion

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