FAITS DIVERS : Affaire Jacqueline Impert, “à deux doigts du crime parfait”

France Dimanche
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Certains sont prêts à tout pour dépouiller les vieilles dames de leur fortune. Mais le crime ne paie pas toujours…

Case prison confirmée pour Olivier Cappelaere... Déjà condamné en 2020 à 25 ans de réclusion criminelle pour avoir tenté d'empoisonner à l'atropine Suzanne Bailly, 89 ans, propriétaire d'un de ses appartements achetés en viager, l'ancien chef d'entreprise de 52 ans vient d'être jugé pour l'« empoisonnement avec préméditation » de Jacqueline Imbert, 92 ans.

Il aurait versé du “collyre pour chien" dans l'eau de sa victime. Olivier Cappelaere est défendu par Mes Cédric Huissoud et Bernard Ginez.

L'affaire remonte au 4 novembre 2014, quand la nonagénaire décède dans des circonstances troubles. L'avant-veille pourtant, la pétulante retraitée avait fait une promenade en famille. Quand soudain son état s'est aggravé, nécessitant une hospitalisation. Elle décédera d'un choc septique. Quelques mois auparavant, la vieille dame, qui n'avait pas d'enfant, avait fait de son gentil voisin Olivier Cappelaere son légataire universel – qui hériterait de l'ensemble de ses biens s'élevant à quelque 400 000 euros. En avril 2017, deux membres de la famille de la victime sont toutefois alertés par la lecture d'un article paru dans Nice-Matin. Celui-ci évoque un certain Olivier C. « poursuivi pour avoir tenté, à trois reprises, de supprimer une retraitée, Suzanne Bailly, dont il avait acheté l'appartement en viager. »

“Elle était sous emprise affective et il était impossible de le critiquer."

L'agresseur aurait versé dans le verre de sa victime du collyre d'atropine, prescrit par le vétérinaire pour son bouledogue Calvin qui souffrait d'un ulcère à l'œil. La vieille dame est néanmoins toujours en vie, ce qui “Elle sous affect et il é impos le crit a permis de la confronter à son agresseur.

Interpellées par la similitude de certains faits, Marie-Martine et Évelyne Rencurel, les petites-nièces de Jacqueline, s'ouvrent alors de leurs soupçons à la police...

Quelque temps plus tard, le corps de leur grand-tante est donc exhumé. L'analyse du cœur et du foie y révèle une forte concentration d'atropine... « On était à deux doigts du crime parfait ! » a déclaré Me Ariane Kabsch, avocate de la famille Imbert.

Mais qui est Olivier Cappelaere ? Selon ceux et celles qui l'ont côtoyé, le fringuant quinquagénaire porte beau, n'apprécie rien tant que les montres de luxe et les grosses berlines. C'est aussi un habitué des salles des ventes. Il est marié à Cécile depuis vingt ans (qui a depuis demandé le divorce), ils n'ont pas eu d'enfant. Or l'entreprise de viande en gros que lui a léguée son père périclite. En 2014, la société est sous l'eau, et lui avec.

La malheureuse “a agonisé durant trois jours".

Assistant au procès ce lundi 23 mai 2022 au milieu du public, Évelyne Rencurel n'a jamais décelé chez Cappelaere une once d'empathie pour sa grand-tante qu'il appelait pourtant naguère sa « marraine de cœur ». Elle se souvient aujourd'hui : « Il l'emmenait au restaurant, lui amenait des fruits de mer. Elle était sous emprise affective et il était impossible de le critiquer. Olivier, c'était parole d'évangile. »

Et Nice-Matin d'ajouter, à propos de ces fines mouches : « Les deux petites-nièces ont par exemple appris, grâce à l'enquête, que Jacqueline Imbert, dont les concentrations d'atropine dans les cheveux ont révélé une exposition prolongée, avait déjà fait un malaise en août 2013, six semaines après avoir modifié son testament. » Un document qui faisait de son possible meurtrier un homme riche... Selon la même source, Me Ariane Kabsch entendait « mettre au jour la perfidie et le machiavélisme de cet homme ayant tissé sa toile autour de Jacqueline Imbert, qui a agonisé durant trois jours. »

« L'empoisonneur en viager » était un passionné d'immobilier, selon son épouse. Il avait déjà acheté cinq biens selon ce mode, car « il ne supportait pas de manquer d'argent », selon un psychologue chargé de dresser son portrait lors de son procès.

Ce vendredi 27 mai, la cour d'assises des Alpes-Maritimes l'a condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une peine de sûreté de 22 ans.

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