Fiona Gélin : "Chardry m'a redonné goût au bonheur !"

France Dimanche
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La fille du regretté Daniel Gélin nous fait partager son incroyable renaissance au son de la guitare de son nouvel amour…

Après des heures sombres, quel plaisir de retrouver la comédienne plus rayonnante que jamais ! Heureuse, amoureuse surtout, celle qui célébrera ses 60 printemps le 22 mai prochain nous revient métamorphosée. Une renaissance qu'elle doit à sa belle histoire d'amour avec « ChardRy ou l'homme à la guitare bleue », Richard Bauduin de son vrai nom, un jeune artiste de vingt ans son cadet qui lui apporte stabilité et sérénité. De nombreux points communs animent nos deux tourtereaux, comme celui du chant et surtout de la poésie – également grande passion du père de Fiona, l'inoubliable Daniel Gélin. Aussi, c'est un bel hommage qu'elle lui rend en montant sur scène pour lire ses écrits. Elle y songeait depuis longtemps, mais n'osait se lancer. Néanmoins, sa rencontre avec ChardRy a tout changé. Car l'amour donne des ailes et tout devient possible. Attablée au café littéraire Les Deux Magots, dans le mythique quartier de Saint-Germain-des-Prés que son père affectionnait tant, Fiona nous a ouvert son cœur.

France Dimanche : Bonjour Fiona, comment allez-vous ?

Fiona Gélin : Merveilleusement bien. Et ça, je le dois à l'amour, ce qui ne m'était pas arrivé depuis bien longtemps. Ma rencontre avec ChardRy m'a littéralement transformée.

FD : Racontez-nous cette rencontre...

FG : C'était le 15 août 2020, sur le port de Saint-Tropez où il chantait avec des amis. À la fin du concert, il s'est approché de moi pour me dire qu'on avait des amis en commun. On a beaucoup discuté, fini la soirée en chantant et là, il m'a proposé de faire un duo avec lui. J'ai dit : « Banco ! » et, moitié en français, moitié en espagnol, on a alors repris le titre de Joe Dassin, Ë toi.

FD : Là, aviez-vous déjà craqué l'un pour l'autre ?

FG : Non, pas encore. Ce fut d'abord une belle amitié, forte, fusionnelle. Mais après le duo, chacun a continué son petit bonhomme de chemin, tout en appelant l'autre régulièrement. Puis en mars dernier, je l'ai invité à dîner à la maison...

ChardRy : Et comme elle fait super bien à manger, je suis resté !

FG : Je n'ai jamais recommencé depuis, mais c'est vrai que ce premier dîner était très bon. Bref, du coup on est vraiment ensemble que depuis huit mois. Et c'est un grand bonheur ! Entre nous, c'est aujourd'hui comme une évidence. On a tant de points communs, de passions qui nous animent, de choses à partager que tous nos amis croyaient qu'on était ensemble depuis belle lurette.

FD : Une rencontre très inattendue en somme ?

FG : Et comment ! Ça faisait six ans que j'étais toute seule et que je désespérais de vivre une dernière histoire d'amour. J'avançais sérieusement en âge et la solitude affective me pesait. Il ne faut jamais désespérer !

FD : En quoi diriez-vous que ce nouvel amour vous a changée ?

FG : Il m'a métamorphosée ! Et donné une super patate. J'ai minci, je fais plus attention à moi, je ne picole plus, je suis hyper-saine. J'ai des papillons dans le ventre et des milliers d'étoiles dans les yeux.

C : Il est vrai que si elle avait continué à boire, je ne serais pas resté. C'était la condition. D'ailleurs, je peux vous dire qu'entre le moment où on s'est rencontrés et aujourd'hui, c'est impressionnant de voir à quel point elle a changé !

FG : Parce que l'amour a un vrai pouvoir de jouvence. On a envie de se battre pour l'autre, de lui plaire. Et puis j'ai beaucoup de chance, car ChardRy est extrêmement bienveillant. Ce qui me change des mauvaises personnes dont je me suis trop souvent entichée. Tous les deux, on a les mêmes goûts, on bosse sur les mêmes projets, on a envie du même avenir... une totale symbiose !

FD : On connaissait votre père acteur, mais moins poète, et pourtant...

FG : Oui, c'était pourtant son premier amour, la chose la plus importante dans sa vie. On en parlait souvent ensemble, la nuit, lorsque je rentrais de boîte de nuit vers 4-5 heures du matin et que lui faisait ses insomnies. Je m'endormais en l'écoutant me lire ce qu'il venait d'écrire. De son vivant déjà, je lui disais qu'un jour je monterai sur scène pour lire ses poèmes et l'idée lui plaisait. Alors quel plus bel hommage ? Pour les 100 ans de sa naissance cette année (19 mai 1921) et les 20 ans de sa disparition le 22 novembre l'an prochain. J'en suis d'autant plus fière, que les gens me parlent encore beaucoup de papa.

C : Pour ma part, je connaissais l'acteur, mais ignorais le grand poète qu'il était. Au point que la Sacem lui avait même remis un prix à ce titre en 1996. En lisant ses poèmes, Fiona va faire découvrir ou redécouvrir au public la grande passion de son père pour la poésie.

FD : Cela va être un bel hommage...

C : C'est certain. Lorsqu'on s'est rencontrés, je venais de monter ma boîte de production et trouvais ça chouette que ce soit mon premier projet. Là, on vient d'enregistrer en livre audio deux des recueils de son père, Fatras et Le Sang de mes songes. Avec la voix chaude et suave de Fiona, c'est juste magnifique. On espère ensuite débuter le récital par le Printemps des poètes, du 12 au 28 mars prochains, à Saint-Malo, là où son père a justement grandi et est inhumé. Ensuite, nous partirons en tournée sur les routes de France avec, en point d'orgue, Paris pour les 20 ans de la mort de son père en novembre. Et durant l'été, nous traverserons les villes et villages à bord de notre « roulotte poétique », une roulotte-scène qui m'a été offerte par mes amis gitans. Ce spectacle sera traduit en langue des signes, via un traducteur ou vidéoprojecteur. J'ai pour ma part un père malentendant, il était très important pour nous d'offrir à ces personnes cette possibilité et de sensibiliser les autres au handicap.

FD : ChardRy a 40 ans, vous bientôt 60, et vous semblez très bien vivre cet écart d'âge...

FG : Parce que ça ne se voit pas ! Non mais plus sérieusement, ça ne nous pose aucun problème, on n'y fait même pas attention. Et puis, ça maintient en forme d'être avec un p'tit jeune !

C : La plupart des gens pensent même, non pas que je sois plus âgé, mais qu'on a le même âge. Mais vous savez, on dit l'amour n'a pas d'âge et c'est vrai.

FD : Fiona, voyez-vous votre fils Milan, 31 ans, et votre petite-fille, Julia, qui a 10 ans ?

FG : Un peu, mais ils ont eu la bonne idée de partir vivre sous le soleil de Marseille. Néanmoins, Milan a déjà rencontré ChardRy et je sais qu'il l'apprécie beaucoup. Et plus encore, il se réjouit de voir sa maman aussi bien. C'est un super comédien, qui m'a lui aussi beaucoup accompagnée sur les tournages quand il était petit, mais son rêve serait plutôt d'ouvrir un restaurant. Il aimerait aussi donner un petit frère ou une petite sœur à sa fille. Mon fils, c'est mon petit trésor et je lui souhaite le meilleur.

FD : Pour en revenir à votre cher papa, quels souvenirs conservez-vous de lui ?

FG : On s'adorait. Il a toujours voulu que je sois comédienne. À l'époque, il payait ma chambre de bonne et moi, je bossais en tant que secrétaire pour m'offrir mes cours de théâtre. Car il était hors de question que ça m'arrive tout cuit dans le bec. Entre nous, c'était fusionnel. Et malgré un métier prenant, il était très présent. J'adorais l'accompagner lors des répétitions, sur les tournages, les plateaux de télé, lors des dîners. Il m'a beaucoup appris, mais me répétait sans cesse, et ce n'est pas ChardRy qui dira le contraire, que je n'étais pas assez travailleuse...

FD : Ah oui ?

FG : Je suis une contemplative, pas une ambitieuse. Et puis j'ai pris tellement de claques, qu'au bout d'un moment vous perdez confiance en vous. Je n'avais plus un casting, plus de projet, plus rien. Au point que je voulais tout arrêter et même quitter la France. Et ChardRy est arrivé ! Et aujourd'hui, je crois de tout cœur en ce projet. Les gens vont être contents, papa serait très heureux et moi, j'en suis fière. C'est un beau cadeau que je leur fais et que je me fais à moi-même.

FD : Vous vivez ensemble ?

FG : Oui, ça y est. Après avoir passé l'été à sillonner le Sud, il m'a raccompagnée dans ma banlieue parisienne et n'est plus jamais reparti...

C : En même temps, on est tellement bien tous les deux. Et puis, on ne s'ennuie pas avec Fiona. Elle a du caractère, un vrai franc-parler, énormément d'humour et c'est ce qui me plaît. Elle est cash et les gens l'aiment pour ça.

FG : C'est vrai qu'arrondir les angles n'a jamais été mon fort, mais ça m'aurait peut-être causé moins d'ennuis. Mais être amoureuse et avoir un projet sur mon père avec l'homme que j'aime m'apaisent beaucoup. L'année qui arrive s'annonce pleine d'émotions.

C : Plus ça va, plus j'ai le sentiment qu'on était fait pour se rencontrer. Avant pourtant, je ne connaissais rien d'elle, je n'avais jamais vu ses films, tout au plus une photo d'elle dans un magazine. Mais quand je vois tout ce qu'on a en commun, je me dis que le hasard a bien fait les choses.

FD : C'est quoi votre secret ?

C : On se fout la paix ! On est ensemble, mais libres. Et comme on a été d'abord amis, on savait plein de choses l'un de l'autre, avant que tout ne bascule dans la passion. Du coup, il n'y avait pas de tabou et on savait exactement dans quoi on s'engageait. Ça marche et on ne se prend pas la tête.

FG : On est tous les deux fous de poésie, on fait partie du même milieu, on partage plein de choses et notre seul mot d'ordre est « liberté ».

FD : Auriez-vous mené ce projet de récital à bien si vous n'aviez pas rencontré ChardRy ?

FG : J'y songeais depuis très longtemps car j'en avais très envie, mais notre rencontre a précipité tout ça, c'est certain. C'est devenu une évidence, comme notre histoire d'amour.

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Caroline BERGER

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