
Détenue au Mexique pendant sept longues années, Florence Cassez réclame 36 millions de dollars en dommages et intérêts. Des personnalités mexicaines de haut rang sont visées.
"En prison, être innocent, c'est un manque de tact", écrivait le journaliste Walter Lewino. Un manque de tact qui a pesé sur Florence Cassez. Emprisonnée pendant sept années dans un cachot mexicain, la ressortissante française s'est lancée dans une action en justice, et réclame 36 millions de dollars au titre de dommages et intérêts, notamment à certains membres de l'ancien gouvernement mexicain. Libérée il y a plus de deux ans par la Cour suprême mexicaine, la jeune femme, qui avait commencé à refaire sa vie à Annecy, semble avoir vécu un calvaire durant sa détention. "Nous présentons une plainte pour dommage moral envers Florence Cassez, atteinte dans ses sentiments, sa réputation et son honneur. Ils ont tué sa vie", a déclaré son avocat, Me José Patiño Hurtado.
L'ancien président visé
télévision Televisa, et l'une des stars du média, le présentateur Carlos Loret de Mola. L'accusation estime que la chaîne et le journaliste ont maquillé un reportage, en présentant aux téléspectateurs une mise en scène de la police mexicaine comme l'arrestation en direct.
Arrêtée pour enlèvements
La quadragénaire avait été arrêtée le 8 décembre 2005. Elle vivait alors au Mexique, et venait juste de se séparer de son compagnon, Israel Vallarta, lui aussi arrêté. Le 9 décembre, la police et Televisa maquillent une opération de libération d'otages afin de faire croire à l'arrestation en direct. Accusés d'être à la tête du "Gang du zodiaque", une bande s'appuyant sur les rapts pour obtenir des rançons, la Française et le Mexicain sont envoyés en prison. Florence est alors condamnée à soixante ans de prison. Multipliant les appels à l'aide vers la France, notre compatriote commence à fédérer des soutiens de poids. Son arrestation est même à l'origine d'une crise diplomatique entre la France et le Mexique. Florence Cassez fait de plus en plus parler d'elle : un livre paraît le 7 mai 2011, tandis que plusieurs de ses toiles sont vendues aux enchères et achetées par des célébrités, le 16 juin 2012. Les soutiens se multiplient.
Une mise en scène contraire à la réalité
Florence est finalement libérée le 23 janvier 2013, la Cour suprême ayant opté pour la reconnaissance d'un procès inique, notamment avec l'existence de cette "mise en scène contraire à la réalité". Pour la défense, cette opération aurait été menée afin d'augmenter la crédibilité de l'ancien président Felipe Calderón, notamment en matière de lutte contre le banditisme et l'amélioration de la sécurité. Un emblème qui aura fini par se retourner contre lui...
Raphaël Marchal