France Gall : De terribles révélations !

France Dimanche
France Gall : De terribles révélations !

Il y a vingt ans, Michel Berger, l'époux de France Gall, disparaissait. Un livre évoque les derniers jours du compositeur et son désir de vivre avec une autre femme.

Quand le malheur frappe trop fort, chacun réagit selon son tempérament. Il y a ceux qui sombrent et ceux qui tentent de faire face ; ceux qui prient et ceux qui maudissent le ciel. D'autres cherchent l'apaisement dans l'action, le travail, le déni, parfois dans l'alcool ou les paradis artificiels qui font oublier les vicissitudes de l'existence...

Après la disparition brutale de Michel Berger, le 2 août 1992, et la mort de sa fille Pauline emportée par la mucoviscidose, cinq ans plus tard, France Gall, elle, s'est réfugiée dans le silence.

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L'interprète de Babacar et Résiste a éteint les projecteurs et coupé son micro, souhaitant retrouver un semblant d'anonymat pour le reste de sa vie. Depuis maintenant cinq ans, elle n'aspire qu'à vivre loin de l'agitation du show-biz. Une supplique que le public avait su entendre, respectant ses volontés, comme s'il existait entre la chanteuse et ses fans un pacte d'amour. Mais ce pacte, un homme vient de le briser...

Inconnue

Sans doute France Gall s'attendait elle à souffrir à l'approche du vingtième anniversaire de la disparition de Michel Berger. Commémorations, émissions de télé, rétrospectives ou livres souvenirs... les occasions de revivre son drame seraient légion. Dès le lundi 21 mai dernier, TF1 a enregistré au Palais des sports de Paris une grande soirée hommage animée par Jean-Pierre Foucault.

La veille, Véronique Sanson avait évoqué le souvenir de son pygmalion sur l'antenne d'Europe 1. Reste que le pire était à venir... Celui qui a frappé n'est ni un inconnu ni un inconscient. Il s'agit, au contraire, d'un journaliste influent et aujourd'hui directeur de la programmation de RTL. Yves Bigot a interviewé Michel Berger des dizaines de fois, établissant ainsi avec lui une relation privilégiée, sans pour autant devenir un de ses intimes.

Il publie aujourd'hui Quelque chose en nous de Michel Berger, aux éditions Don Quichotte, une biographie très complète du chanteur. Après quelque 300 pages consacrées à l'enfance, au travail, à la carrière artistique du créateur de Starmania, Bigot plante une première banderille. Le cœur de France Gall a dû se figer quand elle a lu que Michel allait la quitter et avait même chargé un ami de lui trouver une nouvelle maison. Mais hélas, ça ne s'arrête pas là.

C'est à la fin du chapitre consacré aux obsèques du chanteur qu'Yves Bigot porte l'estocade... Jeudi 6 août 1992, le cimetière parisien de Montmartre est noyé sous les fleurs, des roses et des lys qui évoquent Le paradis blanc chanté par Michel Berger.

Tandis qu'on descend le cercueil en terre, Véronique Sanson est à l'agonie. France Gall, très droite, les yeux dissimulés derrière de larges lunettes noires, serre contre elle ses deux enfants, Pauline et Raphaël.

Selon Bigot, une troisième femme, ce jour là, pleure son amour emporté brutalement. Si ce que le journaliste affirme est bien vrai, l'inconnue, grande, blonde aux yeux verts, d'une beauté à couper le souffle, se tient à l'écart, derrière les barrières qui ont été installées à l'entrée du cimetière pour contenir la foule. Pour révéler son nom, Bigot donne la parole au producteur Bernard Saint-Paul : « La veuve de Michel, ce n'est ni Véronique ni France. C'est Béatrice Grimm », écrit-il.

Qui est-elle ? Personne, jusqu'à présent, n'en avait entendu parler. D'origine allemande, elle serait une descendante des célèbres auteurs de contes pour enfants. Mannequin, présentatrice d'une émission de télé, elle aurait été la compagne de l'acteur Timothy Dalton avant de rencontrer Michel. Toujours selon le livre d'Yves Bigot, ce dernier, fou amoureux, s'apprêtait à tout plaquer pour vivre aux États-Unis et faire de Béatrice sa nouvelle muse, sa chanteuse.

Un disque était prêt, une tournée en préparation... Mais cet album, les musiciens du compositeur n'en ont jamais entendu parler. Ni le parolier Luc Plamondon, complice de l'artiste depuis toujours, qui a même révélé le 29 août 1992 dans La presse, un journal québécois, que Michel Berger avait l'intention de se lancer dans un nouveau projet n'ayant rien à voir avec la chanson : « Une semaine avant sa mort, il m'avait appelé pour qu'on se mette vite au travail. » Jamais, selon lui, ni selon les musiciens proches de Berger, il n'a été question d'un nouvel album avec une nouvelle chanteuse...

Quant à Beatrice Grimm, elle est aussi introuvable que son disque. Bernard Saint-Paul, selon Bigot, l'aurait rencontrée à Los Angeles. On l'aurait vue à Londres, Paris, New York ou encore Zurich, et elle vivrait actuellement à Munich. Elle s'évapore mystérieusement après la mort du chanteur pour rester aussi transparente et insaisissable qu'un fantôme.

La seule chose qui semble bien réelle dans cette histoire, c'est la blessure de France Gall. Comment cette dernière a-t-elle réagi à ces révélations ? Son avocat, Me Jaraud, nous a simplement écrit : « Je reste attaché à la confidentialité à laquelle je suis déontologiquement tenu. » Jacques Attali avait déclaré lors des obsèques du chanteur : « Tout ce qui est rare est fragile, et Michel était rare. »

Rare et fragile, France Gall l'est tout autant. Il faudrait s'en souvenir.

Cyril Guinet

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