Françoise Fabian : Une fin de vie tragique !

France Dimanche
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Rattrapée par la vieillesse et la maladie, l'actrice de 88 ans a dû se préparer à l'inéluctable.

Indissociable de la vie, la mort est l'inévitable destin de tout être vivant. Pourtant peu d'entre nous parviennent à s'accommoder de cette perspective inéluctable. À 88 ans, Françoise Fabian a dû se préparer à affronter cet inconnu qui nous fait si peur. Rattrapée par la vieillesse et la maladie, l'actrice n'a pas eu d'autre choix que de se confronter à l'éventualité de ce passage tant redouté lors d'une hospitalisation qui ne lui laissait guère d'espoir.

La légende du cinéma français qui a commencé sa carrière en 1954 avant de connaître un grand succès dans les années 60 et 70 – avec des films comme Ma nuit chez Maud d'Éric Rohmer (1969), Raphaël ou le Débauché de Pierre Melville (1970), Au rendez-vous de la mort joyeuse de Juan Luis Buñuel (1972) ou encore La Bonne Année de Claude Lelouch (1973) –, paraissait vieillir en beauté, s'offrant même le luxe de tourner à un âge où ses consœurs ont depuis longtemps déserté les plateaux.

À l'affiche de Rose d'Aurélie Saada, qui vient de sortir dans les salles, Françoise semblait en bonne forme, alors qu'elle affrontait en secret une fin de vie tragique. Seule la mèche blanche bien singulière, qui tranchait tant avec ses cheveux bruns, laissait présager qu'il se passait quelque chose de bizarre. Cette fantaisie capillaire est-elle voulue ou subie ?

Est-elle due à une maladie comme le vitiligo, cette dépigmentation causée par la perte des mélanocytes, les cellules responsables de la couleur de la peau, dont souffre l'ancien premier ministre Édouard Philippe ?

Il aura fallu attendre son passage le 1er décembre dernier dans l'émission C à vous sur France 5 pour enfin connaître la dure réalité qui se cache derrière cette chevelure bicolore. Avec une sincérité bouleversante, la star a fait part de sa terrible bataille contre la mort. Un combat néanmoins perdu d'avance puisqu'elle a osé aborder sans détour l'épineux sujet de l'euthanasie. Ce sont des douleurs insurmontables provoquées par une paralysie progressive qui lui ont fait envisager cette issue fatale. Se disant « dans un état de désespoir total » devant cette dégénérescence du corps, elle ne voit pas d'autre solution.

À l'instar de Françoise Hardy, atteinte d'un grave cancer, qui a indiqué être favorable à ce droit de mourir dans la dignité, elle aussi assume ce choix : « Ce n'est peut-être pas le moment de dire ça, mais je veux défendre l'euthanasie, l'euthanasie choisie », a-t-elle lâché, les larmes aux yeux. Puis, elle a évoqué la cause de sa célèbre mèche blanche. « Moi, ma mèche blanche, c'est l'euthanasie. J'ai euthanasié mon père et, le lendemain, j'avais une mèche blanche comme ça. Il souffrait tellement, je n'avais rien à lui donner. »

Contre toute attente, l'actrice iconique a raconté comment elle avait abrégé le calvaire de Marcel, son papa adoré, ancien instituteur d'origine espagnol, dans le huis clos d'une chambre d'hôpital. « Il était paralysé de tout le corps, sauf les mains et le cerveau. Il me disait [elle fait alors des signes avec la main], il me faisait ça, je ne pouvais rien faire... J'étais là avec lui, et j'ai compris. J'ai dit aux infirmières : “Écoutez, moi je vais m'occuper de lui, vous êtes toutes seules, je suis là, je suis couchée à côté de lui". »

Elle a ensuite raconté de quelle façon elle avait procédé : « Je ne lui ai plus donné de médicaments. En trois jours, il était mort. » Privé de son traitement qui le maintenait en vie, le vieil homme s'est éteint en douceur, comme elle l'a révélé avec beaucoup de franchise : « Quand il a su ce que j'avais fait, il m'a prise dans ses bras. Il a fermé les yeux. Il m'a embrassée sur les lèvres et il est mort. »

Pour la veuve de Marcel Bozzuffi, cet acte radical qui n'est pourtant pas légal en France fut son ultime preuve « d'amour » à l'un des trois hommes de sa vie. « Ça, c'est une belle histoire d'amour », a confié dans un souffle l'inoubliable interprète de Ma nuit chez Maud...

Valérie EDMOND

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