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Geneviève Delpech : « Pour la petite Estelle, j’avais toujours dit que c’était Fourniret ! »

Dans cet ouvrage étonnant écrit à quatre mains avec son ami Karl Zéro, Geneviève Delpech nous invite à replonger dans les plus grandes enquêtes criminelles.

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Geneviève Delpech : "Pour la petite Estelle, j'avais toujours dit que c'était Fourniret !"

Voilà pas mal d’années maintenant que la médiumnité de Geneviève Delpech n’est plus à prouver, tant celle-ci est sollicitée dans le monde entier. En effet, que ce soit auprès d’anonymes esseulés par la disparition d’un proche ou d’enquêteurs lancés sur les traces de dangereux criminels, la veuve du regretté interprète de Chez Laurette est bien souvent d’une aide précieuse. Après s’être dévoilée dans plusieurs ouvrages personnels, cette dernière a choisi d’unir ses dons de voyance aux multiples talents d’investigation de Karl Zéro en matière de faits divers. Et ensemble, ils nous offrent un ouvrage absolument passionnant intitulé La médium et l’enquêteur face aux grandes affaires criminelles, paru chez First éditions et dont la préface est signée de l’écrivain Didier van Cauwelaert, qui leur a soufflé cette idée géniale ! Au travers des conversations intactes de Geneviève et Karl, plongez ou replongez dans les plus grands crimes de l’Histoire, et vous constaterez que dans bien des affaires, notre médium de choc avait dès le départ souvent vu juste. Et même si elle est aujourd’hui plus prise au sérieux et mieux écoutée, elle mériterait de l’être encore bien d’avantage.

Estelle Mouzin, Sophie Toscan du Plantier, Fiona, Luka Magnotta, Oscar Pistorius, Maëlys, la tuerie de Chevaline, Grégory, etc. Autant d’affaires criminelles, résolues ou non, anciennes ou plus récentes, dans lesquelles Geneviève Delpech et Karl Zéro nous font replonger au travers de nombreux échanges de SMS aussi riches qu’hallucinants de vérité. Et si Karl, lors de sa rencontre avec la médium il y a plus de dix ans maintenant, était très sceptique quant à toutes ces histoires de voyance, il a bien vite dû se rendre à l’évidence. Gageons qu’il en sera de même pour vous et que vous serez aussi convaincu. Bien sûr, Geneviève n’a pas la science infuse, et il lui arrive de faire fausse route, mais dans la plupart des cas, son intuition se révèle la bonne, et ce dans les toutes premières minutes du crime. Juste en regardant une photo ou en entendant un prénom, celle-ci a soudain des flashes qui lui parviennent de toutes parts et grâce auxquels elle tente d’aider les enquêteurs à reconstituer le puzzle. Frissons garantis.

• La Médium & le Journaliste face aux plus grandes enquêtes, de Geneviève Delpech et Karl Zéro, First éditions.

France Dimanche : Comment avez-vous rencontré Karl Zéro ?

Geneviève Delpech : C’était en 2009. Après que des amis communs nous ont présentés, avec Michel nous avons organisé un dîner à la maison, où il y avait donc Karl et son épouse, Daisy, ainsi qu’Éric Mouzin, le père de la petite Estelle. Ce dernier avait ce soir-là parlé du terrible drame qu’il vivait et de l’aide que j’essaie de leur apporter. Ainsi, de fil en aiguille, tout le monde autour de la table s’est mis à échanger sur ma voyance. Karl, qui est plutôt pragmatique et au départ très suspicieux, s’est quand même laissé titiller. Il m’a testée et a trouvé le résultat concluant. On s’est donc beaucoup rapprochés. Et depuis, il n’a pas arrêté de me solliciter…

FD : Il n’y croyait pas au départ ?

GD : Absolument pas, ce n’était pas du tout son univers. Pourtant, comme c’est quelqu’un de très spirituel, très pratiquant dans sa religion, on aurait pu penser qu’il avait quelques ouvertures dans la dimension de vie après la mort. Mais non, il n’y croyait pas du tout. Depuis, il a bien changé d’avis.

FD : Vous exprimez-vous plus facilement aujourd’hui au sujet de votre voyance qu’à l’époque de Michel ?

GD : Pour tout vous dire, il n’avait jamais été question que j’en parle un jour. C’est grâce à ma rencontre avec le Père Brune. Précurseur et courageux, il a écrit de nombreux ouvrages sur la vie après la mort. Il a aussi été le premier à parler de la transcommunication instrumentale [phénomène de voix électronique, ndlr] et je rêvais de le rencontrer. Lorsque ce jour est arrivé, il m’a dit : « Vous devez écrire, vous devez témoigner, ça aidera beaucoup de gens, vous savez ». Une démarche à laquelle Michel, qui était à ce moment-là au plus mal, m’a aussi encouragée. Une grande surprise pour moi, car j’étais très heureuse dans son ombre et n’en demandais pas plus. Mais il a mis ses dernières forces pour me dire que le Père Brune avait raison et qu’il fallait que je l’écoute. Du coup, nous avons fait la liste de toutes nos aventures paranormales et il m’a dit que j’en avais pour quelques bouquins ! Poussée par ces deux hommes, je me suis lancée et tout s’est enchaîné. Mais pour être honnête, au début je l’ai vraiment fait à contrecœur. Je ne cherchais aucune reconnaissance. Néanmoins, mon premier ouvrage a très bien marché et j’ai commencé à être sollicitée un peu partout dans le monde. Et juste avant que le Père Brune ne nous quitte, je lui ai dit : « C’est à cause de vous, tout ça ! » Ce à quoi il m’a répondu : « Non, c’est grâce à moi ! »

FD : Vous faites ça toujours bénévolement…

GD : Ah oui, je tiens vraiment à le rappeler, je ne gagne pas ma vie avec ça. C’est un don, et un don, ça se partage. J’aide du mieux que je peux, sans détenir aucune vérité. Mais si je suis en mesure d’apporter ma petite pierre, c’est avec une grande satisfaction. C’est aujourd’hui mon quotidien, j’ai énormément de demandes.

FD : Ça fait longtemps que vous communiquez avec Karl sur différentes affaires. Qu’est-ce qui vous a décidée à publier aujourd’hui cet ouvrage ?

GD : Ce n’est pas du tout mon idée, mais celle de mon ami Didier van Cauwelaert, qui signe la préface. Quand il a appris que Karl avait conservé l’intégralité de nos conversations, ainsi que celles avec la police, et il m’a dit : « Il faut absolument en faire un livre ». Ce sont toujours les autres qui m’incitent à parler de tout ça. Maintenant, je n’ai plus le choix, j’ai tellement d’appels de gens en détresse. Depuis deux ans, les demandes ont explosé. Du coup je suis de plus en plus confrontée à des dilemmes cornéliens. Je vais toujours vers ce qui me parle le plus. Après, je sais bien que je ne vais pas sauver le monde, mais si je peux aider un tant soit peu, je suis là.

FD : Lorsque vous pensez à une personne, la petite Estelle par exemple, est-ce toujours les mêmes flashes qui vous viennent ?

GD : Toujours. Il y a ce que je vois tout de suite, instantanément, et là on peut me couper les deux mains, je ne varie pas et ne varierai jamais de récit. Pour Estelle, j’avais toujours dit que c’était Fourniret, et malgré son soi-disant alibi du coup de fil, je n’ai pas changé de version. Après, vous êtes un peu parasitée par ce que disent les gens, et je peux aussi me tromper. Mais quand je vois, c’est tout de suite, et je me dois d’écouter mes premières impressions.

FD : Vous arrive-t-il de ne rien voir du tout ?

GD : Bien sûr, et heureusement que je ne vois pas tout, sinon ça voudrait dire que j’ai la science infuse et ce serait impossible. C’est déjà tellement épuisant. Mais il arrive en effet que je ne voie pas grand-chose, et puis qu’un jour je me réveille en sursaut en me disant : « C’est ça ! »

FD : Que faites-vous lorsque vous avez un flash ? Vous vous arrêtez, vous asseyez, vous allongez, fermez les yeux ?

GD : J’ai des visions quelques fois tellement violentes et douloureuses… À l’époque, Michel m’aidait beaucoup. Il savait me calmer, me canaliser, m’apaiser. Aujourd’hui, je fais sans lui, bien obligée, et souvent c’est très dur. Il n’est pas évident de garder les choses pour soi, de ne plus pouvoir les partager. Parfois, je suis au restaurant, attablée à côté d’un couple, et je sens la maladie, mais je ne peux rien dire. C’est terrible, très angoissant, car je rentre chez moi avec ce secret. Alors qu’auprès de Michel, j’arrivais à extérioriser tout ça. Il croyait énormément en mon don et m’aidait beaucoup.

FD : Que ressentez-vous exactement ?

GD : Je ne sais pas trop comment l’expliquer, mais je suis dans la scène. J’ai de l’empathie pour les personnes que je vois, et souvent je souffre avec elles. Quand je vois un enfant qui étouffe, j’étouffe. Il m’est arrivé d’approcher des gens malades et de ressentir leurs symptômes. Je le vis, c’est ma vie ! Pas une journée ne passe sans que je me dise : « Allez, j’arrête ! » Mais je ne peux pas, les gens me réclament.

FD : Ça doit sacrément vous agacer de voir parfois les enquêteurs partir sur une fausse piste, alors que vous, vous savez ?

GD : Oui, c’est sûr. Néanmoins, je suis étonnée de voir à quel point aujourd’hui ils m’écoutent. Ils ne disent pas qu’ils y croient, d’ailleurs ils ne disent rien, mais ils m’écoutent. Au fil des années, j’ai vraiment senti ce changement. En même temps, j’ai donné de vraies preuves et je me dis que je ne fais pas ça pour rien.

FD : Y a-t-il encore beaucoup de gens qui ne vous prennent pas au sérieux ?

GD : Je ne sais pas, sûrement un peu. Mais je reçois des témoignages d’amour tellement incroyables que peu m’importe le reste. Tout ce que je peux vous dire, c’est que je n’ai jamais eu d’insultes ou de messages horribles. On me croit, tant mieux ; on ne me croit pas, tant pis. Toutes ces preuves d’amour me transcendent, me rassurent et m’incitent à continuer.

FD : Avez-vous un moyen de bloquer, afin de ne rien voir, rien ressentir ?

GD : Bien sûr. Même si quand on a vu, on a vu. C’est comme si vous aviez un arbre devant vous, vous avez beau détourner le regard ou fermer les yeux, vous avez vu qu’il était là. Là, c’est pareil, j’ai vu, mais je ne veux pas en parler, pas y penser. Parfois, j’en ai marre, j’ai besoin de me reposer, de faire autre chose, de peindre. Mais comme on m’appelle de Birmanie, d’Australie, du fin fond de la Creuse, d’un peu partout, je n’ai plus vraiment une minute à moi.

FD : Vous n’avez jamais peur de craquer ?

GD : C’est bizarre, mais non. J’ai le sentiment d’être hyperprotégée et je ne trouverais plus aucun sens à ma vie si je m’arrêtais de partager tout ça. Parfois j’en ai marre, alors je regarde un bon film, je lis un livre, mais je ne craquerai pas. Je suis comme portée par une force.

FD : Quelles sont les demandes les plus farfelues qu’on vous ait faites ?

GD : Très récemment, un fermier m’a consultée pour savoir comment nourrir ses poules parce qu’elles ne mangeaient plus. Et puis, il y a quelques années, un vieux monsieur de 90 ans, qui s’était mis au piano, m’avait invitée à demander à Michel s’il allait faire carrière.

FD : Vous arrive-t-il d’entendre des amis raconter des choses complètement fausses à vos yeux ?

GD : Oh, neuf fois sur dix ! Ça me paraît prétentieux de vous dire ça, mais c’est tout le temps. Ce qui est terrible, car si on ne me demande pas mon avis, je me tais. Je dînais l’autre fois avec un réalisateur très connu qui parlait de son futur projet et de tout l’argent qu’il était en train d’y investir. Parce qu’il croyait dur comme fer au succès de son film, alors que moi je voyais bien que ça allait être une énorme catastrophe. C’est comme si, pour moi, le futur existait déjà. La voyance est en effet une question d’espace-temps qui fait que le présent, le passé et l’avenir sont étroitement liés.

FD : Quand il vous arrive de voir des choses qui vont se produire pour des gens qui vous sont chers, vous leur dites ou préférez-vous vous taire ?

GD : Si ce sont des très proches, en général je le leur dis. Aussi je me fais souvent engueuler, même si ensuite ils viennent s’excuser, reconnaissant que j’avais raison, et me remercient de leur avoir permis de prendre charge leur mal au plus tôt. Maintenant, j’arrive de mieux en mieux à évaluer le temps, à savoir en tout cas si l’échéance est très proche ou plus lointaine, s’il y a urgence ou non.

FD : Nous ne pouvons pas nous quitter sans évoquer Michel. S’est-il manifesté ces derniers temps ?

GD : Je suis en contact permanent avec Michel. Sans cesse, il me parle : « Attention, ne fais pas ça, tu vas te faire mal, prends plutôt cette direction, écoute cette personne… » Et je l’entends, il est omniprésent. Les défunts sont juste passés dans la pièce d’à côté et ne demandent qu’à communiquer avec nous. Ils ont compris beaucoup de choses et souhaitent nous épauler. Il faut leur parler, rechercher leur appui, car je vous assure qu’ils nous aident. Et ce serait les faire mourir une seconde fois que de ne pas les solliciter.

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Caroline BERGER

Écrit par Import

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