INTERVIEW Georges Beller : “Être un couple est un atout sur scène !”

France Dimanche
INTERVIEW Georges Beller : “Être un couple est un atout sur scène !”

Georges Beller a rencontré son épouse Michèle Kern en jouant une pièce de théâtre. Depuis, ils ne se quittent plus. Et ça fait neuf ans que leur mariage dure !

Cet été, pas de vacances pour l’infatigable Georges ! Jusqu’au 28 août, au côté de Michèle Kern, son épouse, et de Séverine Ferrer, il joue la pièce qu’il a coécrite, Enfer et contre tout, au théâtre Déjazet. Nous avons rencontré ce trublion de 69 ans, au sourire d’éternel gamin, en compagnie de sa femme.

France Dimanche : Enfer et contre tout relate l’histoire de comédiens jouant dans une pièce, Sang pour sang Dracula, et dont le premier rôle se tue quelques heures avant la première...

Georges Beller : Je fête cette année mes cinquante ans de théâtre. En écrivant cette pièce, nous avons voulu nous moquer gentiment du théâtre de boulevard. Les personnages classiques (l’amant, la maîtresse, etc.) sont mis dans des situations inattendues et révèlent leur médiocrité. Seul le personnage de Michèle s’en tire bien !

Michèle Kern : Merci à toi (rires).

“Séverine Ferrer est venue à la maison pour faire une lecture et elle m’a stupéfait"

F.D. : Pourquoi inviter Dracula ?

G.B. : À la télé, les vampires se reproduisent comme des lapins. Dracula est partout. Nous avons voulu nous attaquer à ce mythe. Il est quand même rare qu’une pièce comique commence avec un cercueil sur la scène ! Cela dit, enfant, j’ai vu tous les Dracula au cinéma. J’étais terrifié. Maintenant que Christopher Lee est mort [l’acteur s’est éteint le 7 juin 2015, ndlr], je dors mieux !

F.D. : Michèle, comment est Georges quand il travaille à la maison ?

M.K. : Il fume plus que d’habitude, est davantage préoccupé. Mais il me réserve toujours l’honneur d’être sa première lectrice.

G.B. : Nous oublions complètement que nous sommes mari et femme. Je me régale à lui confier un rôle comique. Il est rare de voir de jolies femmes dans un tel registre. Être un couple peut être un atout sur scène. Cela dit, j’ai vu des comédiens ne pas s’adresser la parole de la journée et être parfaits le soir. Je ne vous dirai pas qui !

F.D. : Dans Enfer et contre tout, on a aussi la surprise de retrouver Séverine Ferrer...

G.B. : Je ne la connaissais pas en tant que comédienne. Elle est venue à la maison pour faire une lecture et j’ai été stupéfait de son talent. C’est quelqu’un de très humble. Nous allons continuer à travailler ensemble. À partir du 1er septembre, toujours au théâtre Déjazet, nous interpréterons Je ne veux pas mourir idiot de Georges Wolinski. J’étais très ami avec lui. J’ai joué en 1969 la pièce qu’il avait écrite avec Claude Confortes, Je ne pense qu’à ça. Georges et ses potes de Charlie Hebdo sont morts pour l’idée qu’on n’a pas le droit d’interdire.

F.D. : Michèle et vous, comment vous êtes-vous rencontrés ?

M.K. : Je suis née à Nice et j’ai été mannequin avant d’être comédienne. J’ai suivi des cours au conservatoire et j’ai même eu un rôle dans Les filles d’à côté, dans les années 90 !

G.B. : En 2001, nous jouions ensemble Ma femme est folle au théâtre des Nouveautés. Michèle interprétait une secrétaire amoureuse de son patron... moi. On est finalement vraiment tombés amoureux, même si la différence d’âge me faisait peur. Nous nous sommes mariés en 2006, à Las Vegas.

“Coluche était mon copain depuis l’adolescence. On a grandi en banlieue sud de Paris, lui à Montrouge, moi à Vanves"

F.D. : Cela vous a rappelé vos jeunes années ?

G.B. : Et comment ! À 16 ans, je suis parti à New York pour suivre les cours de l’Actors­ Studio. J’ai donné la réplique à Dustin Hoffman. Il disait : « Il parle mal anglais. Tant mieux, ce sera encore plus difficile. » Un soir, j’ai rencontré Jerry Lewis qui m’a engagé pour être l’un de ses gagmen. J’ai passé vingt mois aux États-Unis. J’ai dû rentrer pour ne pas être déclaré déserteur, car le service militaire ne m’avait pas oublié.

F.D. : Par la suite, vous avez eu d’autres partenaires illustres.

G.B. : En 1974, j’ai joué dans Rosebud d’Otto Preminger, avec Peter O’Toole et Isabelle Huppert. Comme il était très alcoolisé, Robert Mitchum avait été viré du tournage. À côté de lui, je ressemblais au nain Piéral ! Mais Mitchum faisait preuve de modestie. Après chaque prise, il me demandait : « J’ai été bon ? » J’ai aussi joué dans Moonraker avec Roger Moore. Sans oublier Les pétroleuses avec Brigitte Bardot et Claudia Cardinale !

F.D. : L’an prochain, nous commémorerons les 30 ans de la mort de Coluche...

G.B. : Oui, c’était mon copain depuis l’adolescence. On a grandi en banlieue sud de Paris, lui à Montrouge, moi à Vanves. Il était mon aîné de deux ans. Je l’appelais « Mimi » ou « ma poule ». Il était déjà très drôle. C’était le bouffon du roi. Aujourd’hui, il se servirait toujours de ça pour nous faire rire.

F.D. : Ça vous fait beaucoup de choses à raconter à vos enfants !

G.B. : Mes filles – Mélina, 35 ans, et Myriam, 31 ans – sont respectivement kinésithérapeute et chargée de mission dans une banque. J’ai aussi un petit-fils, Maxime, âgé de 2 ans. Je leur dis sans cesse que l’on n’a qu’une vie et qu’il ne faut pas tout le temps pleurer sur soi-même.

Recueilli par Benoît Franquebalme

Enfer et contre tout, jusqu’au 28 août. - Je ne veux pas mourir idiot, du 1er au 26 septembre. Au théâtre Déjazet, à Paris, Tél. 01 48 87 52 55.

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