Jean-Jacques Goldman : Le golden-boy de la chanson française

France Dimanche
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Il y a quarante ans, le chanteur-auteur-compositeur Jean-Jacques Goldman sortait son premier album. La chanson tenait son nouveau prodige. Et avec sa longue traînée de tubes, l'étoile ne sera pas filante.

Loin des yeux, près du cœur ! Nul besoin de se montrer, l'artiste demeure la personnalité préférée des Français en 2020.

«Tout mais pas l'indifférence / Tout mais pas ce temps qui meurt » chante en 1981 Jean-Jacques Goldman, dans Pas l'indifférence, titre de son premier album. Et s'il est un artiste majeur qui n'est pas tombé dans l'indifférence depuis quarante ans, c'est bien lui. Ce classique incontesté de la chanson française réussit à s'inscrire dans le temps présent, en dépit de son absence avec des tubes à la modernité intemporelle. Sa sincérité joue en sa faveur, de même que sa façon de se tenir droit dans le monde, comme sa capacité à se réinventer en embrassant une nouvelle esthétique avec Fredericks Goldman Jones ou à tout remettre en cause et quitter les feux de la rampe.

Indétrônable, sa popularité demeure intacte. En 2020, Jean-Jacques Goldman restait toujours la personnalité la plus appréciée des Français. Il est sorti de son silence et de sa tanière londonienne lors d'une apparition sur les réseaux sociaux le temps d'un hommage musical aux soignants de la pandémie. Le chanteur-auteur-compositeur a su s'emparer des facettes sensibles de la société, mêlant histoire personnelle et narration universelle en ayant écrit l'une des plus belles pages de la chanson populaire française.

En septembre 1981, son charisme et sa fougue font péter les plafonds d'un futur radieux. Son tube Il suffira d'un signe fond dans l'oreille. L'écriture est carrée et le refrain est contagieux. Il ordonne : « Tu ris mais sois tranquille, un matin /  J'aurai tout ce qui brille dans mes mains ». Et l'avenir va briller pour le nouveau prodige de la chanson, au point de basculer de promesse affirmée à séduction à tous les étages. Il n'en est pas à son coup d'essai. Chanteur et guitariste du groupe progressif Tai Phong, il a déjà sorti trois 45-tours en solo qui n'ont pas rencontré le public. Marc Lumbroso, jeune éditeur à la recherche de nouveaux talents, décèle le potentiel de l'auteur-compositeur. Il lui demande de réaliser des maquettes et présente celle d'Il suffira d'un signe à EPIC, le label des nouveaux talents de CBS. Enthousiaste, ce dernier le prend sous contrat pour cinq albums. Jean-Jacques Goldman veut appeler son premier, Démodé. Le service communication de sa maison de disques ne l'entend pas de cette oreille et l'album sort sans titre.

Bien qu'Il suffira d'un signe ne soit pas calibré pour les radios – il dure près de six minutes –, le morceau suscite l'enthousiasme de la directrice des programmes de RTL, Monique Le Marcis. Une catapulte dont le succès écrasant – 500 000  exemplaires vendus – lui assure un rendez-vous avec l'avenir. Il s'y révèle cavalier d'une pop rock et blues enchanteresse.

Dans cette première carte de visite de onze titres, Jean-Jacques Goldman mêle la narration et le ressenti intime, la rage introspective et une autre plus « sociétale ». Des mots directs, vulnérables pour exhiber dilemmes et fêlures. Dès le premier morceau, À l'envers, il délivre « J'fais jamais l'affaire », doutant de lui-même. À l'image de la pochette du disque où il semble ne pas savoir comment se comporter devant l'objectif. Ce premier opus marque le début de la gloire. La route du succès est désormais ouverte à ce prodige promis à une adhésion massive.

Sorti un an après, son deuxième album génère des ventes aux airs de feu d'artifice. Son nom s'imprime sur toutes les lèvres. On martèle qu'il est la sensation du moment. Des tubes exutoires, concernés et accessibles, qui se ramassent à la pelle : Quand la musique est bonne, Au bout de mes rêves, Comme toi...

La suite, on la connaît. Ce sera un chemin bordé de roses pour le jeune homme capable de sauter d'autres haies, faiseur de tubes à belle hauteur de plume pour lui-même, mais aussi pour Céline Dion (D'eux, surnommé The French Album aux États-Unis a été le disque francophone de tous les records), Johnny Hallyday, Calogero, De Palmas, Patricia Kaas, Patrick Fiori et tant d'autres. Plus de 30 interprètes et près de 20 millions de ventes certifiées.

Toujours au pinacle bien que loin de la sphère médiatico-artis-tique, Jean-Jacques Goldman est aujourd'hui un pater familias discret qui s'occupe de ses trois filles Maya, Kimi et Rose qu'il a eues avec Nathalie, professeure de mathématiques. Il a quitté Marseille pour l'Angleterre à l'automne 2016.

« Goldman » sonne comme une voix amie pour l'éternité, une marque, un label et gage de qua-lité. Tout ce que touche le musicien se transforme en or. Ses reprises ont même ravivé la flamme d'une nouvelle génération d'artistes. Personnalité préférée dans le cœur des Français (selon le traditionnel sondage Ifop pour Le Journal du dimanche), Jean-Jacques Goldman reste à ce jour un cas unique dans la chanson hexagonale.

Depuis deux ans, les abonnés à un service de streaming musical peuvent découvrir que l'intégralité des tubes du chanteur avait rejoint leurs catalogues. Jean-Jacques Goldman avait longtemps interdit à ces plateformes de diffuser ses titres. Et depuis, ses chansons sont parmi celles les plus écoutées.

Le journaliste musical et animateur de radio Éric Jean-Jean sort, chez Hugo Doc le 23 septembre prochain, Goldman, une vie en chansons. Un livre dans lequel il dévoile les secrets de création de l'œuvre de l'artiste et propose de découvrir, à l'aide de nombreuses anecdotes, l'histoire des chansons de Jean-Jacques Goldman.

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Dominique PARRAVANO

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