Jean-Louis Aubert : Son bouleversant destin !

France Dimanche
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À l’occasion de la sortie de son dernier album, Jean-Louis Aubert se raconte sans filtre, levant le voile sur son passé d’adolescent turbulent.

«Je suis un vieux de 64 ans qui est encore un enfant à l’intérieur de lui. » Qu’il se rassure ! Malgré une chevelure hirsute qui est passée au gris, la rock star française n’a pas pris une ride et a conservé son allure à la Mick Jagger... Après une tournée avec son groupe Les Insus, puis une en solo, l’ancien leader de Téléphone vient de sortir un double album, Refuge, qui célèbre ses quarante-trois ans de carrière.

Une sorte de retour aux sources dans lequel il évoque ces jeunes années. Révélant une sensibilité à fleur de peau, l’artiste a décidé de se confier sans détour. Des confidences bouleversantes sur son passé, livrées avec beaucoup de sincérité, comme si le temps s’était figé pour l’éternité. Le petit garçon qu’il était et qu’il a su rester a toujours eu le don de tout se faire pardonner ! Son côté sauvage, rebelle à toutes formes d’autorité, il tient ça de son enfance passée à la campagne.

Son papa, d’abord sous-préfet à Nantua dans l’Ain, puis à Senlis dans l’Oise, traîne sa petite famille au gré de ses mutations. Loin de traumatiser Jean-Louis, cette vie au grand air le ravit. « Je cavalais partout », se souvient-il sur les ondes de France Info. Il est inscrit chez les scouts et c’est l’occasion pour lui de communier avec la nature. L’occasion aussi d’expérimenter la vie en communauté. « On nous laissait en forêt avec une boussole par groupe de quatre. On avait peur, mais il y avait des moments où on était bien, allongés sur la mousse, avec la pluie sur nos visages... », raconte-il.

Seulement, ce « conte de fées » comme il dit, va vite tourner court lorsque son père quitte la fonction publique pour le privé. Direction la capitale ! Pour Jean-Louis, c’est le choc. Il est inscrit au lycée Pasteur, à Neuilly-sur-Seine. Ambiance collet monté. À peine arrivé, dès le premier jour, il prend deux avertissements et une colle. L’élève très dissipé se rêve déjà musicien. Une envie que lui a transmise son père, qui fut capturé par les Allemands pendant la guerre. « Il a été prisonnier et là, il a fait du spectacle et de la musique, ce qui a fait de lui le chouchou de son camp. Moi, à l’adolescence, je ne me sentais pas très bien dans mon pays et dans la société telle qu’elle était foutue. Moi aussi, j’ai fait de la musique et je suis devenu le chouchou de mon camp ! », confesse-il entre rire et émotion.

Comme son père tant aimé, il sortira de la cellule de la monotonie en chantant, en créant du lien avec les autres. Et c’est au lycée Pasteur qu’il va trouver l’opportunité d’exprimer sa créativité. Même s’il s’exerce dans sa chambre avec la guitare paternelle, il a besoin de quelques cours. Qu’à cela ne tienne, il va trouver sur place un jeune homme qui va lui donner quelques tuyaux... un certain Gérard Jugnot, qui est son surveillant ! Ils bricolent tous les deux leurs amplis de guitare au club d’électronique, tandis que Michel Blanc, Thierry Lhermitte, Christian Clavier et ce même Gérard Jugnot animent le club de théâtre. Jean-Louis aurait très bien pu se retrouver dans la troupe du Splendid ! Drôle et original, il avait tout pour ça. Mais il préfère donner de la voix de son côté avec son groupe qui s’appelle, à l’époque, Masturbation ! Cette ultime provocation lui vaudra d’ailleurs d’être renvoyé du lycée.

Il est de plus en plus indiscipliné, alors son père, qui lui passe tout au grand désespoir de sa maman, lui paie une chambre de bonne pour qu’il vive sa vie. Mais le jeune rebelle ne tarde pas à partir dans tous les sens : « Je grimpais sur les toits et je volais les clés des sous-sols... » Quand il intègre le lycée Carnot, dans le XVIIe arrondissement parisien, il ne demande qu’à retrouver cet esprit de groupe qu’il a connu chez les scouts et qui lui manque tant. Ça tombe bien, il y rencontre Louis Bertignac, futur guitariste de Téléphone, en attendant de tomber bientôt sur Richard Kolinka, batteur de son état, et sur la jolie Corine Marienneau, qui va faire un malheur à la basse. Une bande de quatre copains comme chez les scouts !

Téléphone est né et donne son premier concert le 12 novembre 1976 au Centre américain, boulevard Raspail, juste après le retour de Jean-Louis des États Unis où il avait, façon Kerouac, sillonné le pays en auto-stop. Le succès est immédiat mais, avec la consécration, l’argent et la gloire, arrive aussi la peur de la mort. « Avec Téléphone, je rentrais sur scène toujours comme si j’allais mourir le soir même. J’étais un gentil kamikaze », avoue-t-il. Néanmoins, la naissance de son fils Arthur, en 1985, a réussi à dompter un peu ses angoisses. À moins qu’avec l’âge, cette idée le taraude à nouveau... Redoute-il encore de devoir quitter un jour cette Terre ? « Pas trop, mais on va voir », répond-il, soudain pas rassuré. Nous, on lui souhaite une très longue vie, car on l’aime beaucoup !

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Valérie EDMOND

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