Jean-Paul Belmondo : Une longue agonie !

France Dimanche
Jean-Paul Belmondo : Une longue agonie !

Triste date que le 24 juillet pour le comédien ! �La filleule de Jean-Paul Belmondo, Caroline, s’est éteinte de maladie ce jour-là, alors que son père, Michel Beaune, était mort d’un cancer, il y a vingt-quatre ans, jour pour jour…

Caroline est morte 24 ans après son père, morts tous les deux un 24 juillet à 55/56 ans!

Une mort attendue n’est pas moins douloureuse que celle qui survient sans crier gare. Peut-être même l’est-elle davantage encore, parce qu’on a le temps de la voir s’approcher, saisir sa proie, faire son abominable travail à l’intérieur même de son corps et de son esprit, avant de l’emporter inexorablement, sans que l’on puisse rien faire contre cette fatalité.

C’est la cruelle expérience que Jean-Paul Belmondo est en train de vivre depuis le jeudi 24 juillet. Ce jour-là, une femme de 59 ans fermait ses yeux à jamais, après avoir lutté durant des décennies, sans jamais perdre courage, contre la maladie orpheline qui la rongeait et qui a fini par la vaincre. Elle s’appelait Caroline.

L'ami de Jean-Paul, Michel Beaune

Jean-Paul l’a vue naître, et c’est lui que le tout jeune père du bébé avait choisi comme parrain. Un parrain, c’est celui qui remplace le père auprès de l’enfant, s’il arrive malheur à celui-ci. Et c’est précisément ce qui s’est produit, en 1990... un 24 juillet, déjà. À cette date funeste, voilà vingt-quatre ans, le cancer tuait le comédien Michel Beaune, le père de Caroline et l’ami irremplaçable de Bébel depuis leurs années de Conservatoire et tous les films qu’ils ont tournés ensemble ensuite.

Jean-Paul et Michel dans Joyeuses Pâques de Georges Lautner

De ce jour, les liens s’étaient encore resserrés, entre lui et sa filleule, déjà en lutte contre la maladie qui devait l’emporter un quart de siècle plus tard. Avec qui, mieux qu’avec son parrain, Caroline aurait-elle pu évoquer ce père disparu à 56 ans, que nul n’avait connu mieux que lui ? De son côté, Jean-Paul était empli de fierté lorsqu’il voyait à quel point la jeune femme refusait de sombrer, et parvenait même à se tailler une place au soleil en tant que comédienne, suivant en cela les traces de ses père et parrain.

En rouge, Caroline !

Lynette

Caroline Beaune, vous connaissiez son visage, son lumineux sourire, ses yeux d’un bleu intense. Elle avait débuté dès 21 ans, au cinéma, dans le célèbre film de Michel Lang, À nous les petites Anglaises. À la télévision, on avait pu la voir dans la série Les Dossiers secrets de l’inspecteur Lavardin, de Claude Chabrol, ainsi que dans L’Instit ou Une femme d’honneur.

Mais si vous connaissiez son visage, c’est surtout sa voix qui a conquis la France entière. Car cette actrice était aussi une formidable « doubleuse » de stars étrangères. Lynette, la Desperate Housewives réduite en esclavage par ses enfants ? C’est elle ! On pourrait citer une bonne douzaine de séries et de films américains où Caroline s’est fait « entendre ». Mais son titre de gloire, ce qui fait que personne n’oubliera sa voix, c’est de l’avoir prêtée à Gillian Anderson, autrement dit l’agent Scully de X-Files !

Au fil des saisons, ce «rôle vocal » était devenu important pour elle. Et comme cette comédienne dans l’âme accordait énormément d’importance au bonheur de son public, même si pour lui elle n’était qu’une voix, Caroline ne rechignait jamais à se rendre à telle convention des fans de X-Files, dès qu’il s’en tenait une en France. Encore fallait-il que sa santé, chaque jour plus préoccupante, lui en laissât la possibilité...

Cette santé défaillante, cette maladie qui l’assaillait depuis toujours, c’est la croix qu’elle a dû porter tout au long de sa vie. Mais elle ne l’a jamais portée seule ; sans même parler du reste de sa famille, deux hommes se sont toujours relayés auprès d’elle, pour tenter de lui en rendre la charge moins lourde : son père et son parrain, d’abord ; puis son parrain seul, lorsque son père a dû, lui aussi, s’avouer vaincu par la maladie.

Jean-Paul Belmondo est bien triste d'avoir perdu à la même date du 24 juillet, son meilleur ami et sa filleule !

L’amitié qui liait ces deux hommes, Michel Beaune et Jean-Paul Belmondo, rien n’a jamais pu l’entamer. Entre eux, jamais question de ces petites « rivalités d’ego » qui sèment souvent la zizanie chez les comédiens de la même génération, et donc « concurrents ». De Stavisky à Joyeuses Pâques, en passant par Le Guignolo ou Itinéraire d’un enfant gâté, dès que Jean-Paul endossait le costume du premier rôle, Michel était là pour lui donner la réplique – et leur complicité était presque palpable.

Comment Belmondo aurait-il pu prévoir, que, par deux fois, ce funeste jour du 24 juillet allait lui ravir un être cher ? D’abord le père, il y a vingt-quatre ans déjà ; et aujourd’hui sa fille Caroline. Il y a des dates qui font mal, et qui sont impossibles à oublier.

Pierre-Marie Elstir

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