Jean-Pierre Danel : “Enfant, j’ai passé tous mes étés chez les Mitterrand”

France Dimanche
Jean-Pierre Danel : “Enfant, j’ai passé tous mes étés chez les Mitterrand”

Inconnu du grand public, le fils unique de Pascal Danel, Jean-Pierre Danel, est pourtant un producteur indépendant couronné de succès avec plus de vingt-trois  millions de disques vendus en vingt-cinq ans de carrière. Rencontre avec un homme heureux.

Son visage ne vous dit probablement rien. Fils unique de Pascal Danel, inoubliable interprète de Kilimandjaro, Jean-Pierre Danel, 46 ans, est pourtant un guitariste confirmé, et surtout un producteur indépendant qui cartonne dans ce milieu avec plus de 23 millions de disques vendus ! Il a ainsi reçu un multi-disque de diamant pour ses vingt-cinq ans de carrière.

Collectionneur de guitares (il en possède une soixantaine), et auteur d’une douzaine de livres (sur la musique, les voitures et même sur Sacha Guitry !), ce papa d’une ravissante Philippine, 1 an, est un homme heureux. Alors qu’est réédité le 18 août le double CD et double DVD Guitar Connection, une compilation de standards de guitare, il nous a reçus chez lui, dans sa maison du Loiret.

Enfant sur les genoux de son père

France Dimanche (F.D.) : Souffrez-vous de ne pas être aussi connu que votre papa ?

Jean-Pierre Danel (J.-P.D.) : Dans la rue, on doit me demander cinq autographes par an ! Je reçois en revanche des milliers de mails d’amateurs de guitare. En France, on me connaît sans doute comme étant le fils de Pascal Danel, alors que, paradoxalement, certains de mes fans ne le connaissent même pas. C’est curieux, car papa a une carrière bien plus grand public que la mienne. Mais si j’avais voulu être populaire comme lui, je n’aurais pas choisi de faire de la guitare instrumentale.

Pascal et Jean-Pierre au casino de Paris

F.D. : Comment êtes-vous devenu guitariste ?

J.-P.D. : J’ai eu la chance de côtoyer dès mon plus jeune âge de grandes vedettes. Richard Anthony était le témoin de mariage de mes parents. Laurent Voulzy a été le guitariste de mon père à ses débuts. Et j’en passe ! À force, j’ai pris goût à la musique. Puis je suis tombé un jour amoureux de cet instrument après avoir entendu les Shadows. Je me suis mis à apprendre tout seul. Je ne remercierai d’ailleurs jamais assez mon père de m’avoir offert mes premières guitares. J’ai pu me produire sur scène dès 14 ans, avant de jouer en studio pour des spots de pub. À 20 ans, j’ai créé ma propre boîte de production tout en réalisant des enregistrements dans ma chambre. Aujourd’hui j’ai la chance d’avoir fait fortune grâce à la musique, notamment en produisant certaines des chansons de mon père.

Avec Carla Bruni

F.D. : Parmi les célébrités que vous avez côtoyées dans votre enfance, lesquelles vous ont le plus marqué ?

J.-P.D. : J’ai une relation particulière avec Laurent Voulzy. Il a d’ailleurs gentiment accepté de jouer dans mon album de duos (sorti en 2010, au profit de la lutte contre le sida), aux côtés de Louis Bertignac, Axel Bauer, Michael Jones [guitariste et compositeur, ndlr], entre autres. À cette occasion, une soirée de lancement avait été organisée avec la présence de Carla Bruni, une femme adorable. Je n’oublierai jamais non plus la période de mon enfance passée en compagnie de François Mitterrand.

F.D. : Quels souvenirs gardez-vous de l’ancien chef de l’État ?

J.-P.D. : Petit, je passais toutes mes vacances chez lui, dans sa bergerie de Latche. J’y avais même ma chambre ! Je n’oublierai jamais le jour où il est venu, en peignoir, m’apporter le petit déjeuner au lit. Il a voulu qu’on discute de mon avenir. Je venais tout juste d’avoir mon bac et lui ai dit que je songeais à faire une fac d’anglais. Ça m’a surpris quand il m’a dit de ne pas trop en faire, de garder aussi du temps pour lire, aller au cinéma, continuer la musique, voir des copains et des copines. « Il faut vivre », m’avait-il dit.

F.D. : Comment votre famille a-t-elle noué des liens avec les Mitterrand ?

J.-P.D. : Papa a chanté lors d’un de ses meetings en 1973. Ils sont devenus très intimes. Ma mère a dirigé le bureau de son conseiller, Jacques Attali, pendant quatorze ans à l’Élysée. C’est pour ça qu’on connaît aussi très bien François Hollande et Ségolène Royal, chez qui j’ai passé des vacances en Ardèche.

F.D. : Vous arrive-t-il encore de travailler avec votre père ?

J.-P.D. : Oui, j’ai produit plusieurs albums de Pascal Danel. Il m’a invité sur la scène du Casino de Paris [le 10 janvier 2014, ndlr] pour la première de son spectacle en hommage à Gilbert Bécaud. J’ai beaucoup d’admiration pour lui. J’ai même un projet secret avec lui mais il n’est pas encore au courant. J’aimerais enregistrer un album de reprises acoustiques dans lequel il chanterait et je jouerais de la guitare. J’attends de finir de construire mon studio d’enregistrement chez moi. S’il est d’accord, on devrait s’y mettre avant la fin de l’année.

F.D. : Êtes-vous fier de votre réussite ?

J.-P.D. : Ce qui me rend le plus fier, c’est d’avoir une magnifique petite fille. Philippine est mon rayon de soleil.

Philippe Callewaert

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