Jean-Pierre Pernaut : Ses vacances gâchées !

France Dimanche
Jean-Pierre Pernaut : Ses vacances gâchées !

Indigné par les interdictions qui pourrissent la vie des vacanciers,  Jean-Pierre Pernaut a lâché un grand cri de colère  :  “Il faut filer un grand coup de balai dans toutes ces règles à la con”.

Lisez-moi donc ce qui suit, en prenant le ton solennel d’un Charles de Gaulle, à l’Hôtel de ville de Paris, en août 1944 : Pernaut énervé ! Pernaut indigné ! Pernaut révolté ! Mais aussi Pernaut muselé ! Pernaut censuré ! Vous me croyez en plein délire ? Vous avez tort. Sans l’avoir voulu, le journaliste Jean-Pierre Pernaut se retrouve au centre d’une tourmente qui a rapidement pris des proportions nationales.

Quand on a tenu à bout de bras le 13 heures de TF1 durant toute une année, l’on apprécie particulièrement les vacances d’été. Car c’est la seule période où Jean-Pierre Pernaut peut vraiment se laisser vivre, sans avoir à subir la moindre contrainte, le plus petit contretemps. Enfin, c’est ce qu’il croyait...

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Comme à son habitude, c’est sur le Lavandou qu’il a mis le cap, impatient de retrouver le calme de sa villa : quel bonheur de n’avoir que quelques mètres à parcourir pour plonger dans la Grande Bleue ! On imagine donc sa stupéfaction, puis son indignation, lorsqu’il a découvert que, en quelques années, les règlements tatillons et les interdictions absurdes s’étaient multipliés comme les pains et les poissons dans le désert de Judée. Il faut dire que, en cet été 2015, une tension nouvelle règne sur la Côte d’Azur, dont l’épicentre est situé plus à l’est, à Vallauris.

La tension a commencé à monter à cause du roi d’Arabie Saoudite...

Tout le mal est venu d’un résident célèbre, dont l’une des nombreuses propriétés se trouve à l’aplomb de la petite plage de la Mirandole : Salman, le roi d’Arabie Saoudite ! Or, cet été, Sa Majesté des sables et des puits de pétrole a eu la fantaisie d’y venir en villégiature, accompagné de toute sa suite, ainsi que d’un petit groupe de gardes du corps peu engageants et armés jusqu’aux dents.

Comme la vue du petit peuple de France, sur la plage, juste sous ses fenêtres, devait offenser son regard, le monarque avait demandé aux autorités de fermer la Mirandole aux estivants ; de la transformer, durant tout son séjour, en plage privée, ce qui est contraire à la loi française. Mais comme on ne veut pas se fâcher avec l’Arabie Saoudite, la plage a bien été interdite, dans les derniers jours de juillet, à toute personne ne faisant pas partie de l’entourage du roi, et elle a été protégée par une demi-compagnie de CRS !

Il y a mieux, si l’on peut dire : la semaine dernière, un émissaire de Sa Majesté est venu voir le responsable des policiers pour lui demander de bien vouloir faire disparaître de ses effectifs la femme CRS qui accomplissait tranquillement son service : pas question que les princes et les émirs aillent barboter en petite tenue sous les yeux d’une jeune femme !

L’indignation n’a pas tardé à s’élever, parmi les gens du coin et les vacanciers non saoudiens : soutenue par les élus locaux, une pétition était bientôt lancée, qui recueillait en un rien de temps 150.000 signatures. Et, là-dessus, arrivait sur la côte Jean-Pierre Pernaut, pour des vacances qu’il s’imaginait tranquilles...

Apprendre que, en France, en 2015, une plage peut du jour au lendemain être fermée au public par le fait du prince a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de ses ras-le-bol. Saisissant l’étendard de la révolte, Jean-Pierre a publié, sur sa page Facebook, un message incendiaire qui traduit son exaspération, mais pas seulement la sienne.

Dans son viseur, l’administration à la française : « Elle emmerde les plagistes (et les vacanciers) en multipliant les contrôles, en mesurant la distance des matelas de la mer, la largeur des espaces qui ont été réduits cette année. 6 000 emplois perdus cet été sur le littoral... Qu’importe [...], faut contrôler pour faire de la place avec de gros PV si on dépasse de 10 cm ! » tempête-t-il. Puis, faisant une référence directe au roi saoudien, il ajoute, caustique : « C’est ballot ! J’aurais dû penser à faire privatiser ma plage le temps des vacances... »

Une fois lancé, Jean-Pierre Pernaut ne s’arrête plus. Comme le fait remarquer l’un des très nombreux commentateurs sur Facebook, le journaliste est « vraiment très remonté ». Et de repartir à l’attaque pour fustiger les fonctionnaires trop zélés qui interdisent tout, comme de « conduire sa voiture en tongs ou d’approcher de la plage en jet-ski même si le moteur de l’engin est arrêté. Ça donne bougrement envie de partir ailleurs ! »

Enfin, de révolté, Jean-Pierre devient même révolutionnaire en pressant ses concitoyens de « filer un grand coup de balai dans toutes ces règles à la con ».

Fichtre ! Le voilà transformé en Che Guevara ! Il crie si haut et si fort ce que beaucoup pensent tout bas que la conséquence ne tarde pas à arriver : quelques heures après la publication de son brûlot, sa page Facebook devient inaccessible ; même Jean-Pierre ne peut plus y accéder ! Censure ? Tentative d’intimidation ? Allez savoir... Le lendemain, tout est rentré dans l’ordre.

Et, dimanche dernier, à 150 km à l’est du Lavandou, vaincus par les pétitions et la colère, le roi et sa suite ont quitté précipitamment Vallauris, direction le Maroc, alors qu’ils avaient prévu en France un séjour bien plus long. Dès lors, bien sûr, la plage de la Mirandole a aussitôt été rendue aux riverains et aux estivants.

Malheureusement pour Jean-Pierre Pernaut, cette victoire ne suffira pas à abolir tous les règlements tatillons qui semblent n’avoir été imaginés que pour lui gâcher ses vacances !

Didier Balbec

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