Johnny Hallyday : Sa mémoire profanée !

France Dimanche
Johnny Hallyday : Sa mémoire profanée !

Deux semaines après sa mort, Johnny Hallyday, la star tant regrettée, fait l’objet d’un odieux commerce.

Pour beaucoup, il était plus qu’une idole, quasiment un dieu. Il n’est qu’à voir l’émotion qui s’est emparée de la France à l’annonce de sa mort, par sa femme Læticia, le 6 décembre dernier ; la foule, fervente et recueillie, qui s’est pressée à la cérémonie d’adieu organisée en son hommage trois jours plus tard.

Ce samedi 9 décembre, en effet, ils étaient presque un million à affronter le froid pour accompagner la dépouille de Johnny à l’église de la Madeleine, à Paris, et plus de quinze à suivre l’événement, retransmis en direct sur le petit écran.

Digne, c’est le mot qui convient pour qualifier cet hommage, incroyable communion nationale où se mêlaient peine, larmes, musique et nostalgie.
Car, ce n’est pas un secret, c’est bien souvent quand quelqu’un s’en va, qu’on réalise combien il va nous manquer. Or c’est précisément sur cette absence, insupportable, qu’ont joué certains, n’hésitant pas à faire de la disparition de cette légende française du rock, un odieux commerce.

Ainsi, le jour même de la cérémonie, un certain David, de Brest, a proposé sur le site Le bon coin, cette petite annonce au titre racoleur : « Le mégot de Johnny Hallyday ». Pour 90 euros, il était possible d’acquérir ce résidu de cigarette d’une marque célèbre, récupéré par le vendeur à l’issue de l’ultime concert de la tournée des Vieilles canailles, à Carcassonne, le 5 juillet dernier !

Ce délicat personnage avait non seulement récupéré le mégot de la star – ainsi que le prouve le petit film publié avec l’annonce – mais l’avait précieusement conservé en attendant sa mort, dans le but d’en tirer profit !

Indécence

Il n’est hélas pas le seul. Sur le même site, un certain Lolo, installé dans le XXe arrondissement de Paris, audioprothésiste de son état, proposait, lui, un autre objet ayant appartenu au chanteur : les empreintes de ses oreilles sur lesquelles ce professionnel avait modelé les écouteurs lui servant pour les retours de scène. Le prix de ses improbables reliques ?

10 000  euros.

Et que dire de l’attitude de ces privilégiés, assez proches du chanteur pour avoir été invités à assister à l’office religieux donné à la Madeleine ? Tout juste ont-ils attendu le lendemain de la cérémonie présidée par monseigneur Benoist de Sinety pour proposer à la vente le programme de cette célébration, qu’ils avaient soigneusement gardé.

Un marché noir... c’est noir pas franchement catholique mais très lucratif puisqu’il fallait débourser pour l’obtenir quelque 200 euros ! Mais cette course à l’indécence ne s’est pas arrêtée là. Certains n’ont pas hésité à aller plus loin encore dans le morbide. Le mardi suivant le décès du rocker, le responsable d’un magasin d’objets dédiés à Johnny recevait un étrange coup de téléphone. Au bout du fil, un homme lui proposait d’acheter la photo du disparu reposant dans son cercueil !

Il ne s’agit malheureusement pas d’une première. Rappelez-vous ce fameux cliché, publié le 25 janvier 1996, deux semaines après le décès de l’ancien président de la République François Mitterrand, où il figurait, gisant sur son lit de mort. À l’époque, cette ultime impudeur avait défrayé la chronique. Impossible cependant d’établir l’identité du photographe qui avait réalisé l’image.

C’est le même mystère dont s’entoure aujourd’hui celui qui cherche à vendre, sans doute pour une somme astronomique, ce portrait mortuaire du Taulier.

Comme s’en est ému le gérant de la boutique dans le Journal du Dimanche :
« Je ne peux concevoir que cette photo ait été prise par un membre de la famille. Ce doit être une personne présente lors de l’embaumement du corps. » Choqué, il n’a pas donné suite à l’offre. Reste que ce photographe continue de chercher acquéreur...

Vandalisme

Voir la mémoire de Johnny bafouée pour de l’argent, voilà qui doit ajouter au chagrin de sa famille comme de tous ceux – et ils sont nombreux – qui ont vraiment aimé la star. Peut-il exister pire affront ? Hélas, oui ! Il y a quelques jours, à Calais, la légende du rock a fait l’objet d’un acte de vandalisme, violent, gratuit, inexcusable. Sur un mur de cette ville du Nord, mis à disposition des artistes pour qu’ils s’y expriment, le graffeur boulonnais Romuald Demilly, alias KMU, avait réalisé, le 7 décembre dernier, une grande fresque en hommage à Johnny.

Cinq heures de travail avaient été nécessaires pour exécuter ce portrait devant lequel les gens du quartier fans du chanteur venaient se recueillir. Hélas, au matin du 15 décembre, les riverains pouvaient découvrir, horrifiés, ces mots abjects, barrant le visage de la star : « Les murs de Calais aux Calaisiens » et « Fuck KMU » ! Certes, même si l’artiste graffeur a tenu sa promesse de réaliser ailleurs une nouvelle fresque « encore mieux que la première et [...] intouchable », le coup a sans doute été dur, très dur, pour le clan Hallyday.

Tout comme les propos de Philippe Poutou, porte-parole du NPA (Nouveau parti anticapitaliste), qui a déclaré sur RMC : « Johnny Hallyday est enterré à Saint-Barth. Bah là, le fraudeur fiscal, il est jusqu’au bout fraudeur fiscal. Même une fois mort. » Il ne s’est écoulé que deux semaines, mais il doit déjà leur sembler bien loin ce chaleureux, cet extraordinaire samedi de décembre où la France entière reprenait en chœur « Que je t’aime, que je t’aime »...

Lili CHABLIS

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