Julien Lepers : Il pleure son père

France Dimanche
Julien Lepers : Il pleure son père

Julien Lepers assistait à une messe à la cathédrale d’Antibes, célébrée en mémoire de son père, Raymond Lepers, architecte et jazzman.Julien Lepers assistait à une messe à la cathédrale d’Antibes, célébrée en mémoire de son père, Raymond Lepers, architecte et jazzman.

Bien qu’il soit présent sur nos petits écrans depuis près de trente ans, cet homme si sympathique, compagnon fidèle de nos fins de journée, semble ne pas changer. Comme si le temps n’avait pas vraiment de prise sur l’animateur de Questions pour un champion. Mais hélas, malgré les apparences, le temps ne s’est pas arrêté, même pour Julien Lepers.

Vendredi dernier, le présentateur a perdu son père, l’un des êtres qui a sans doute le plus compté dans son existence. Et l’animateur a beau avoir 65 ans, une telle disparition engendre toujours un terrible déchirement...Raymond Lepers appartenait à cette famille d’hommes brillants et doués, à la fois musicien et architecte, qui marquent profondément les esprits par leur personnalité très forte. Une personnalité qui a dû aussi beaucoup impressionner le petit garçon qu’était Julien.

Car le couple que Raymond formait avec son épouse, la charmante et envoûtante Maria Rémusat, avait de quoi faire rêver tout le monde, et en tout premier lieu leur fils.Dans les années 50 et 60, le talentueux chef d’orchestre et sa ravissante chanteuse ont en effet fait tourner bien des têtes. Maria interprète alors ce qui se fait de mieux en matière de chansons d’amour. Pierre Delanoë, Gilbert Bécaud, Charles Aznavour ou encore Boris Vian, sont parmi ses auteurs et compositeurs !

Mais, pour l’enfant qu’est Julien Lepers, qui regarde avec des yeux émerveillés ce couple digne des contes de fées que sont son père et sa mère, la réalité est différente. Car ses parents sont avant tout des artistes, des saltimbanques, qui ont choisi de se produire dans toute la France...De ce fait, sa jeunesse ressemble un peu à un gruyère : peu de pâte et beaucoup, beaucoup de vide...

« Il m’est arrivé de passer un trimestre entier loin d’eux, a expliqué l’animateur à notre confrère Ici Paris, le mois dernier. Je me revois, seul, dans la cour de récréation désertée. Je ne veux pas faire pleurer dans les chaumières, mais j’ai manqué d’affection. J’en ai beaucoup souffert. »

Chansons

Cependant, l’on sait bien que ce sont autant les moments heureux que douloureux qui forgent le caractère. Sans doute Julien a-t-il en effet pâti de ce manque de présence, mais il semble qu’il n’en ait pas trop voulu à ses géniteurs de l’avoir laissé seul, quand ils devaient aller travailler aux quatre coins du pays.

Car, quel plus bel hommage aurait-il pu leur rendre, à son père en particulier, que de reprendre le flambeau ? C’est ce qu’il a fait, un peu timidement, d’abord, mais avec un vrai succès ensuite, puisque, on le sait, avant de devenir un animateur star, Julien Lepers a composé de nombreuses chansons !

À la fin des années 70, il enregistre même plusieurs titres, dont De retour de vacances, que l’on peut découvrir aujourd’hui sur Internet. Puis, passionné de piano, l’instrument favori de son père, il composera, entre autres, deux énormes tubes : Pour le plaisir, d’Herbert Léonard, en 1981. Et, deux ans plus tard, Amoureux fous, que le même interprète chante en duo avec la volcanique Julie Piétri.

En réalité, bien qu’il se donne à fond dans sa carrière d’animateur, jamais Julien ne laisse vraiment de côté la musique. Il écrit ainsi pour Sylvie Vartan, Michel Delpech, Sheila et, en 1996, sort un disque avec les cent dix musiciens du grand orchestre philharmonique de Bratislava !

Bouleversé

De quoi, sans doute, impressionner son père, qui était devenu un jazzman reconnu, ami des plus grands, comme le pianiste Count Basie. Il avait aussi accompagné de formidables artistes, comme Paul Anka et Claude Nougaro.Mais la plus douce des musiques, qu’elle soit de jazz ou de java, ne peut consoler de la perte d’un père.

Lundi 15 décembre dernier, à 3 heures de l’après-midi, la famille et les proches de Raymond Lepers lui ont rendu un dernier hommage à la cathédrale d’Antibes, ville où il habitait et qui comptait beaucoup pour lui. Il avait d’ailleurs conçu les premiers grands immeubles du quartier de la Salis, et s’était produit, en tant que pianiste, lors du premier festival de jazz à Juan, en 1960.

Une fois la cérémonie achevée, Julien Lepers, soutenu par son fils, Guillaume, 16 ans, a accompagné son père à sa dernière demeure, au joli cimetière de Rabiac, à Antibes. Visiblement bouleversé, l’animateur s’est laissé aller à sa peine, posant sa main sur le cercueil dans un geste d’une infinie douceur.

Gageons que vous serez très nombreux à vouloir lui transmettre vos condoléances, auxquelles nous joignons les nôtres.
Laurence Paris

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