Koh-Lanta, Denis Brogniart "Il a tout perdu !"

France Dimanche
Koh-Lanta, Denis Brogniart "Il a tout perdu !"

Effondré par la mort de Gérald Babin, l’animateur de Koh-Lanta, Denis Brogniart, est resté au Cambodge pour soutenir les parents du candidat. Son retour à Paris s’annonce difficile...

Il a tout perdu... En l’espace de quelques jours, l’animateur a assisté, impuissant, à sa chute. Coup sur coup, le cœur brisé, il a en effet dû se résoudre à se séparer des deux « bébés » qu’il choyait et pour lesquels il se battait depuis des années. D’abord en abandonnant, la mort dans l’âme, l’une de ses plus grandes passions, la formule 1.

Après vingt ans de retransmissions, supplantée par Canal +, TF1 ne diffuse plus les Grands Prix, ce qui chagrine Denis Brogniart, spécialiste de ce sport sur la chaîne. Un coup dur dont il espérait se remettre en partant à l’autre bout du monde, au Cambodge, pour enregistrer la 16e saison de Koh-Lanta. Et, dès son arrivée sur place, en postant des photos et des commentaires via son compte Twitter, l’homme a partagé son bonheur avec les internautes : « ça sent bon le début de tournage » ou encore « les amis, on a un super casting. Des aventuriers pour vous faire vibrer».

Denis Brogniart. Cette nouvelle saison devait avoir lieu au Cambodge. La production ne confirme ni ne dément l'arrêt définitif de l'émission.

Comme chaque année depuis 2002, le présentateur de l’émission de télé-réalité la plus populaire de l’Hexagone semblait donc ravi de reprendre du service aux côtés des nouveaux naufragés ! « Ce programme regroupe tout ce qui me plaît dans la vie : le sport, le voyage, l’aventure, le dépassement de soi », confiait-il en 2011 dans Télé poche. Mais dès le coup d’envoi du tournage de l’émission, le 22 mars dernier, l’aventure tourne au drame...

Lors de la première épreuve du tir à la corde, sous les yeux de Denis Brogniart, l’un des candidats se plaint immédiatement de violentes crampes au bras. Sur place, l’équipe médicale pense d’abord à une déshydratation et à une baisse de tension... Mais lors de son évacuation en bateau vers l’infirmerie de la production, le malheureux est victime d’un premier arrêt cardiaque. Le médecin urgentiste parvient à le ranimer, mais en arrivant à l’hôpital de Sihanoukville, après un transfert par hélicoptère, son cœur s’arrête une nouvelle fois, définitivement.

À seulement 25 ans, Gérald Babin devient le premier participant d’une télé-réalité française à trouver la mort en plein tournage. Les autres candidats, les équipes techniques, la direction de TF1 et Adventure Line, la société de production, tout le monde est sous le choc ! Et le jeune homme laisse derrière lui une famille effondrée. Le lendemain même du drame, ses parents, Marlène et Alex Babin, prenaient le premier vol vers le Cambodge pour venir se recueillir auprès du corps de leur enfant avant son rapatriement.

Détresse

Du côté de la Martinique, d’où Gérald était originaire, la nouvelle a eu l’effet d’une bombe. Son oncle, Max Babin, s’est d’ailleurs confié au quotidien France-Antilles. « Tout de suite, ma femme et moi avons essayé d’entrer en contact avec mon frère et son épouse pour en savoir davantage. Très affecté, mon frère Alex n’a pas voulu rester au bout du fil, raconte-t-il. Gérald était venu chez moi, en août dernier, pour trois semaines en compagnie de sa petite amie, de ses parents et de sa sœur. Ils ont passé d’excellentes vacances, ils étaient heureux. Tous s’étaient fait la promesse de revenir chaque année. »

Portrait de Gérald Babin © DR

Mais Max s’est surtout souvenu d’un détail qui, aujourd’hui, donne une résonance terrible à cette affaire : « Les parents de Gérald n’étaient pas d’accord pour qu’il participe à l’émission Koh-Lanta. Imaginez maintenant leur détresse, eux qui avaient sans doute eu cette sensation prémonitoire. » À Villejuif, où Gérald résidait depuis trois ans avec sa compagne, l’émotion est palpable. M. Christophe, l’un de ses voisins, évoque un garçon « charmant, particulièrement poli et toujours prêt à rendre service ».

Sur la porte de l’ascenseur de son immeuble, ces quelques mots attristés ont été accrochés dès l’annonce de son décès : « Très forte pensée à notre voisin Gérald. Repose en paix... Une voisine très, très touchée. » Un sentiment partagé à la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) du Val-de-Marne, à Créteil, où le jeune homme était téléconseiller. « On respecte le choix de la famille de ne pas raconter Gérald, mais c’était quelqu’un d’exceptionnel », témoignait l’une de ses collègues, profondément émue, dans Le Parisien.

En pleine force de l’âge, passionné de culturisme, celui qui suivait également des cours pour devenir pilote automobile avait-il un cœur plus fragile que les autres ? À l’heure où nous écrivons ces lignes, le mystère demeure... « Tous les aventuriers, de 18 à 65 ans, font un électrocardiogramme avant d’être déclarés aptes, souligne Stéphanie Clemente, d’Adventure Line Productions, toute une batterie d’examens s’ensuit, et ceux qui ont plus de 40 ans sont même soumis à un test d’effort. »

Sauf que Gérald avait 25 ans, et ce test aurait peut-être permis de lui sauver la vie. Juste après le drame, la direction de la chaîne a annoncé l’arrêt définitif de cette nouvelle édition de Koh-Lanta, et tous les autres candidats ont été rapatriés en France. « Dès leur arrivée à l’aéroport, un psychologue a été mis à leur disposition, confie Stéphanie Clémente. Et ils peuvent faire appel à lui tant qu’ils veulent. Une semaine, six mois, un an, peu importe. La chaîne s’engage à les soutenir dans cette épreuve. Car certains sont traumatisés et pleurent à longueur de journée. »

Quant à l’arrêt définitif de l’émission, qui se murmure depuis le drame, la production ne confirme pas, mais ne dément pas non plus. « Ni TF1 ni la société de production ne se sont encore posé la question », poursuit-elle. Les fans de Denis Brogniart n’ont donc plus qu’à croiser les doigts...

Propos recueill par Florian Anselme

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