Linda de Suza : Morte de chagrin !

France Dimanche
Linda de Suza : Morte de chagrin !

Elle qui vient de se � réconcilier �avec son fils João Lança, s’est trouvée confrontée à une situation éprouvante, qui l’a renvoyée vers les pires années de sa vie.

Depuis sa plus tendre enfance, Linda de Suza aura traversé des mésaventures plus éprouvantes les unes que les autres. Après quelques années passées dans un sombre orphelinat, la petite Portugaise rêve d’une vie meilleure et, vers 20 ans, tente sa chance en France. Elle devient alors femme de chambre, métier éreintant, parfois humiliant.

Soudain la célébrité frappe à sa porte. Jamais la petite Linda n’aurait pu imaginer que sa voix puisse faire d’elle une star de la chanson. C’est pourtant bel et bien le succès qui l’attend. Et quel succès ! Celle qui a cartonné avec notamment Un Portugais, son premier tube en 1978, et enchanté d’innombrables salles de spectacle, dont le mythique Olympia, triomphera aussi en librairies grâce à son autobiographie, La valise en carton, vendue à plus de deux millions d’exemplaires.

Mais aussi incroyable que cela puisse paraître, la petite Cendrillon est tristement retombée dans la misère, alors qu’on aurait pu la penser financièrement à l’abri. L’interprète de Tiroli Tirola est loin d’avoir mené ces derniers temps la vie qu’on aurait pu imaginer. Ses neuf ans passés comme femme de ménage lui auraient en effet procuré des revenus plus élevés que ceux obtenus grâce à sa carrière d’auteur-compositeur et interprète.

« J’ai la chance de n’avoir jamais connu la faim, nous confiait-elle en début d’année. J’ai un toit, une vieille Mercedes qui continue heureusement de rouler, et mon chien Tomy [un bâtard de 9 ans, ndlr] qui mange lui aussi à sa faim, donc je ne suis vraiment pas à plaindre. Beaucoup de gens souhaiteraient vivre comme moi, avec une retraite de 1 300 euros par mois. Mais trouvez-vous normal qu’après avoir vendu des millions de livres et de disques, je ne touche “que" ça ? »

Lors de notre rencontre, la chanteuse de 66 ans, qui se dit victime d’usurpation d’identité et de détournements de fonds, semblait reprendre du poil de la bête depuis que le producteur Michel Algay avait à nouveau fait appel à elle, après quinze années passées loin de la scène, pour participer à son nouveau spectacle, Rendez-vous avec les stars.

Quelle ne fut pas alors notre surprise d’apprendre ces derniers jours que toutes ces années de galère lui auraient finalement été... fatales ! Que lui est-il donc arrivé ?

Mauvais tour

Il y a trois mois, elle paraissait en pleine forme physique, avouant même que seule la santé ne lui avait pas fait faux bond jusqu’ici. Il n’y a donc aucune raison qu’elle dépérisse, si ce n’est pour les besoins... d’un film ! Car il s’agit bien là d’une fiction dans laquelle Linda tient le rôle d’une femme à qui la vie aura joué de mauvais tours. Au point de la tuer...

Que ses fans se rassurent, la chanteuse se porte à merveille. Ce nouveau virage dans sa carrière semble même lui avoir redonné du baume au cœur. Tiré d’un roman de Georges Simenon, La boule noire est un téléfilm réalisé par Denis Malleval, et sera diffusé prochainement sur France 3. Les deux rôles principaux sont tenus par Virginie Lemoine et Bernard Campan, qui incarne le rôle de Vincent Ferreira, fils d’une femme de ménage arrivée du Portugal vingt ans plus tôt. Qui mieux que Linda de Suza pouvait jouer cette dernière ?

« C’est mon histoire, nous a-t-elle confié en début de semaine. J’ai été très déstabilisée, je pensais à une blague tellement cela me correspond. » En découvrant le scénario, c’était effectivement sa propre histoire qu’elle lisait au fil des pages. Inutile de préciser que le tournage, du côté de La Rochelle et de Rochefort, aura été chargé d’émotions. Surtout lors d’un échange avec Bernard Campan. « J’ai vu dans le visage de Bernard celui de mon fils », se souvient-elle encore.

Obsèques

Le réalisateur lui a conseillé de se servir de sa propre expérience pour jouer la comédie. Sans trop de difficulté, mais non sans douleur, Linda a revécu intérieurement les années horribles, éloignée de son fils. France Dimanche (voir notre n° 3526) avait d’ailleurs assisté à leurs émouvantes retrouvailles à Lisbonne.

À l’occasion de la dernière croisière Âge tendre et têtes de bois, elle retrouvait, durant une escale, son fils unique de 45 ans, qu’elle n’avait plus vu depuis vingt ans. « Être éloignée ainsi de mon fils, ça m’a détruite, nous confiait-elle. Nous n’étions pas fâchés. [...] On nous a montés l’un contre l’autre pour une sombre histoire de gros sous. »

Si dans le téléfilm, la forme diffère, le fond est bien le même. À tel point qu’une seule prise aura suffi pour ce face-à-face avec le brillant Bernard Campan. Un exploit pour une débutante, même si on avait déjà pu la voir apparaître dans un épisode de Médecins de nuit, en 1986, et dans un téléfilm suisse, il y a longtemps...

Une performance d’autant plus remarquable que, pour les besoins du scénario, son personnage est appelé à mourir de chagrin... « C’est très étrange comme situation de jouer ce genre de scène. Je pense d’ailleurs que j’ai bien fait la morte », plaisante-t-elle. Avant de conclure : « C’est la première fois que j’assiste à mes obsèques... »

De son propre aveu, Linda a pris goût à la comédie et ne serait pas opposée à la perspective de revenir sur un plateau. Peut-être aura-t-elle l’occasion de revivre, devant les caméras, un nouveau conte de fées...

Philippe Callewaert

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