Line Renaud : "Aidez-moi à partir !"

France Dimanche
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Line Renaud lance un appel bouleversant pour obtenir le droit mourir dans la dignité…

« Madame Fleur », c'est sous ce nom qu'il y a un et demi, Line Renaud s'était retrouvée dans une chambre d'hôpital. Officiellement, elle souffrait d'une fracture à la cheville. Mais en réalité, elle avait été victime d'un AVC. C'est ce qu'elle a révélé dans son nouveau livre, En toute confidence, publié aux éditions Denoël, écrit avec la complicité de Bernard Stora. Fin septembre, elle avait expliqué au micro de RTL pourquoi elle avait, dans un premier temps, tu son accident vasculaire cérébral : « Autour de moi, on m'a conseillé de ne surtout pas le dire ! Surtout pas. Et je me suis dit que je n'allais pas le dire mais que j'allais l'écrire. Pardon, pour le petit mensonge, j'espère que vous ne m'en voulez pas ! »

Qui pourrait en vouloir à Line d'avoir préféré être discrète sur sa maladie ? Mais si l'on se réjouit que la formidable artiste, vice-présidente de l'association Sidaction, n'ait pas gardé de séquelles de son accident, elle a quand même frôlé la mort de très près, ce 10 avril 2019. C'est son chien, Pirate, et Jacinthe, une personne qui s'occupe de l'artiste dans sa maison, qui l'ont sauvée. Car si Pirate n'avait pas refusé de sortir de la chambre de la chanteuse alors que Jacinthe l'appelait, comme elle le fait tous les matins, cette dernière n'y serait pas entrée, et Line n'aurait pas été transportée aussi rapidement à l'hôpital Foch de Suresnes !

C'est justement là, dans sa chambre d'hôpital, que l'idée de la mort, de sa mort, serait venue se rappeler à son bon souvenir Se rappeler, car pour Line, sa propre disparition n'a jamais été un tabou. Peut-être parce qu'elle était sortie indemne d'un accident grave qu'elle avait eu toute jeune, à 14 ans, lorsqu'un camion l'avait renversée alors qu'elle roulait à bicyclette... Depuis, c'est comme si chaque jour était un cadeau. Et bien des fois, Line a revu la mort de près, quand sa mère est décédée, quand Loulou, son mari tant aimé, est parti à son tour.

Lorsque ses amis sont morts, dans de terribles conditions, du Sida si dévastateur et meurtrier dans les années 80. C'est d'ailleurs dans ces années-là, après avoir rendu visite à l'hôpital à son ami Michel, dévasté par les attaques de cette maladie, qu'elle avait songé très précisément aux conditions de sa propre disparition. « C'est à ce moment que j'ai pensé que chacun devait être libre de pouvoir décider de sa propre mort, écrit-elle, dans En toute confidence. S'il n'y a plus d'espoir, pourquoi s'infliger des épreuves inutiles ? Quand ma mère était en fin de vie et qu'elle souffrait tant, je lui disais : “Tu as du courage, maman", et elle me répondait tristement : “Qu'est-ce que je peux faire d'autre ?" Endurer jusqu'au bout était la seule option dont elle disposait. » Aujourd'hui, Line sait qu'elle peut choisir. C'est ce qu'elle a confié, d'une façon bouleversante, à Audrey Crespo-Mara, lors de l'émission Sept à huit dimanche 25 octobre.

Son regard bleu délavé par une grande émotion, la mère de cœur de Claude (Chirac) et de Muriel (Robin) a tenu à dire de la façon la plus solennelle qui soit que, lorsqu'elle aura décidé que son heure est arrivée, elle souhaite s'en aller en toute quiétude : « Je ne veux pas qu'on me prolonge inutilement, a-t-elle expliqué. Quand on est à la fin de sa vie, qu'on nous laisse partir ! Qu'on nous aide à partir ! Il faut nous aider à partir... Il faut. Je le demande. Quand on souffre, on part. »

Il est rare que la télévision offre le spectacle d'une telle honnêteté. D'une telle détermination aussi. Line a 92 ans, elle est en pleine possession de ses moyens, et elle a voulu, visiblement, faire passer ce message, essentiel à ses yeux. De la même façon que depuis des années, elle se bat pour lutter contre les a priori et les ravages du Sida. Elle a même été l'une des premières à adhérer à l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), dirigée actuellement par son ami Jean-Luc Romero.

Mais pour que Line puisse s'en aller tranquillement, elle doit régler certaines choses importantes. Lorsqu'elle se trouvait à l'hôpital, consciente d'avoir échappé de peu au pire, elle s'est dit : « Mes affaires ne sont pas en ordre, il faut que je le fasse. » Et elle a pris ses dispositions Ainsi qu'elle l'a confié dans Sept à huit, son « héritage ira à un fonds de dotation Line Renaud Loulou Gasté ». Un fonds dédié à la science.

Son seul grand et vrai problème est sa maison adorée de Rueil-Malmaison, La Jonchère, qu'elle avait fait construire avec Loulou. « La Jonchère, c'est mon souci, a-t-elle dit à Audrey Crespo-Mara. Je voudrais la vendre parce que j'aimerais connaître qui va habiter ici. Qui va suivre. Comment sont ces gens... Si jamais je ne les aime pas, je ne les prends pas ! J'aurais souhaité que ce soit Dany Boon. La famille continuerait. »

Même si elle n'a pas eu d'enfant, Line Renaud a tant d'humanité en elle que l'on se sent très proche d'elle. Comme en famille justement. Si l'on peut comprendre sa volonté de s'en aller dignement, le moment venu, tout ce que l'on espère, c'est que ce sera le plus tard possible. Car, comme elle l'a elle-même dit sur TF1, « Mais la vie est belle ! ».

Une magnifique leçon de philosophie, qui dit que l'on peut désirer partir en paix, et aimer passionnément la vie...

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Laurence PARIS

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