Mary Higgins Clark : Une vie marquée par la mort !

France Dimanche
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Mary Higgins Clark, fervente catholique d’origine irlandaise aura connu bien des tragédies avant de s’éteindre à l’âge de 92 ans…

Elle aura fait passer bien des nuits blanches à ses lecteurs... et en était fière, comme elle l’expliquait en 2013. « Le plus grand compliment que je peux recevoir c’est : “J’ai lu votre sacré bouquin jusqu’à 4 heures du matin et maintenant je suis fatigué." Je réponds : “Vous en avez eu pour votre argent." » Vendredi 31 janvier, à Naples, en Floride, Mary Higgins Clark a posé définitivement son stylo. Elle avait 92 ans.

Toujours tirée à quatre épingles, tailleur chic et collier de perles, cette élégante cachait sous son éternel chignon une imagination fertile. Des intrigues brillamment ficelées, où ses personnages, souvent des femmes, sont confrontés à de sordides tragédies. Savant dosage de mystère, de situations angoissantes et de tendres romances, ses romans ont fait, font, et feront encore longtemps la joie des amateurs de polars, toutes générations confondues.

Preuve que tout vient à point à qui sait attendre, Mary Higgins Clark a publié son premier best-seller à 50 ans, devenant en quelques années l’un des écrivains les plus vendus au monde, l’un de ceux aussi, dont les œuvres ont été le plus adaptées au cinéma et à la télévision.

« Gagner à la loterie rend heureux un an, faire ce que l’on aime rend heureux toute une vie », énonçait-elle. Faut-il en déduire que Mary, qui à 7 ans, écrivait ses premières histoires, a toujours nagé dans le bonheur ? Pas vraiment. En revanche, elle a trouvé dans la littérature un refuge, et bien plus : le moyen de s’évader d’une vie marquée par les drames et la mort.

Ses parents, Luke et Nora, immigrés irlandais avaient ouvert un petit restaurant à New York. Mary, la cadette des trois enfants, a 10 ans, lorsque son père est terrassé par une crise cardiaque. Peu de temps après, un de ses frères est emporté par une méningite. L’adolescente interrompt alors ses études pour aider sa mère, dévastée par le chagrin. Elle enchaîne les petits boulots : standardiste, dactylo, grappillant sur son sommeil pour écrire...

Mais le sort s’acharne. Un de ses jeunes neveux, qui a à peine l’âge de marcher, tombe accidentellement d’une fenêtre et succombe à sa chute...

À 20 ans, elle entre comme hôtesse de l’air à la Pan American World Airways. Elle découvre, l’Europe, l’Afrique, l’Asie... et le grand amour avec Warren F. Clark, directeur d’une ligne aérienne. Ils se marient le 26 décembre 1949. Une fille, Marilyn, couronne leur union. La famille s’agrandit ensuite de Warren, David, Carol et Patricia. Mary arrête de travailler pour se consacrer à l’éducation de sa tribu. Elle se lève à l’aube et, dans sa cuisine, noircit des pages avant que la maisonnée ne se réveille.

Hélas, le destin cruel revient frapper à sa porte. Comme son père vingt-cinq ans plus tôt, son époux est emporté par une crise cardiaque. Elle a 35 ans et cinq jeunes enfants à élever. Seule. Elle reprend son job de dactylo, mais ne désespère pas de vivre un jour de son écriture. Des journaux publient certaines de ses nouvelles, et la radio diffuse des feuilletons dont elle est l’auteure. De petits succès qui ne lui permettent cependant pas de subvenir aux besoins des siens. Elle signe une biographie romancée de George Washington, sur laquelle elle mise beaucoup. L’ouvrage n’obtient hélas aucun succès...

Pas de quoi décourager cette entêtée qui se lance alors dans le polar. La Maison du guet paraît en 1975. C’est le best-seller de l’année et la révélation pour Mary qui a enfin trouvé son filon ! Digne héritière de Daphné du Maurier, elle fait du suspense un véritable art, élargissant, roman après roman, son cercle de fans. Comme l’a confié son éditeur de longue date, Michael Korda : « Elle comprenait ses lecteurs comme s’ils étaient des membres de sa propre famille. Elle savait avec certitude ce qu’ils voulaient lire et ce qu’ils ne voulaient pas lire. Pourtant, elle réussissait à les surprendre à chaque nouveau livre. »

La vie lui sourit enfin ! Son deuxième ouvrage, La Nuit du renard, bat tous les records, faisant d’elle une millionnaire, elle qui a si souvent couru après l’argent ! Elle retrouve également l’amour, auprès de l’homme d’affaires John J. Conheeney, qu’elle épouse en 1996.

Avec sa fille Carol, qui a hérité de son talent, elle publiera cinq romans. C’est néanmoins toute seule qu’elle écrit son ultime histoire, En secret, paru en 2019 chez Albin Michel...

Elle est partie en paix, « entourée par sa famille et ses amis », a précisé sa maison d’édition. France Dimanche lui dit aujourd’hui, reprenant le titre d’un de ses plus célèbres ouvrages, Dors, ma jolie...

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Lili CHABLIS

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