Mimie Mathy : Une effroyable agressionen plein été !

France Dimanche
Mimie Mathy : Une effroyable agressionen plein été !

Mimie Mathy est accusée de racisme par des internautes déchaînés.

Voilà vingt-et-un ans déjà qu’elle se promène dans le temps et l’espace en claquant des doigts. Et si ses aventures ont pu en agacer certains, jamais la comédienne, qui rassemble encore plus de quatre millions de fidèles lors de chacune de ses apparitions sur le petit écran, n’avait suscité une telle colère chez les téléspectateurs. Mais qu’a-t-elle pu donc bien faire pour mériter ça ? 

Joséphine, ange gardien, la série de TF1 dont Mimie Mathy est l’inusable héroïne, n’a, vous en conviendrez sans doute, rien de très sulfureux. Son personnage, volant au secours de la veuve et de l’orphelin malmenés par le destin, n’exprime que de bons sentiments tout au long d’intrigues respectant, tel un bréviaire, les principes du politiquement correct. Et pourtant, aussi surprenant que cela puisse paraître, l’actrice se retrouve aujourd’hui, bien malgré elle, au cœur d’un scandale, au point que les plus enragés de ses critiques lui réserveraient volontiers le sort d’un autre célèbre ange déchu : le Diable...

Cette violente polémique qui la plonge en plein enfer médiatique a commencé bien avant la soirée du 26 août dernier, date choisie pour la diffusion sur la Une d’un nouveau voyage de Joséphine, intitulé Enfin libres !. Animés peut-être par un louable désir de se renouveler, les scénaristes avaient choisi de transporter pour l’occasion leur héroïne favorite dans une période et un lieu très sensibles de l’histoire de France : la Guadeloupe dans les années 1830. Sans doute ne mesuraient-ils pas les risques encourus en envoyant Mimie aider Clémence, une jeune femme à la recherche de ses origines. Devenue gouvernante de la petite Lison, une fille de planteurs ne manquant pas de tempérament, elle ne va pas tarder à soutenir Scipion et Vénus, deux esclaves déterminés à se battre bec et ongles pour conquérir leur liberté et vivre leur amour.

En apparence, ce synopsis narrant les heurts et malheurs d’un couple à l’idylle entravée par les chaînes du colonialisme ne semble pas devoir susciter la fureur des habitués de la série, d’autant que cette romance s’achève bien sûr par un inévitable happy end. Ceux qui craignent d’assister au triomphe de propriétaires terriens racistes et âpres au gain peuvent respirer. Les affaires de cœur l’emportent sur les affaires tout court. Bref, la bien-pensance paraissait sauve, ainsi que Mimie Mathy d’ailleurs. 

Seulement voilà, aux yeux de nombreux internautes, les colonies et l’esclavage sont des phénomènes bien trop graves pour qu’un ange gardien de télévision les évoque. À tel point qu’à l’annonce de la programmation de ces épisodes, et donc sans même les avoir visionnés, ils se sont déchaînés sur les réseaux sociaux, et ce, dès le 7 août. Si l’un d’entre eux a choisi l’ironie pour critiquer cette initiative, « Twelve Years a Slave (un long-métrage de Steve McQueen consacré à l’esclavage aux États-Unis, Oscar du meilleur film 2014) n’a qu’à bien se tenir. », d’autres se sont fâchés pour de bon. « Encore une idiotie pour faire croire au Blanc qu’il est allé sauver le pauvre Noir banania de l’esclavage tel Jésus, alors que, non, on a pris notre liberté à coups de fusil et de sabre. » 

Les plus furieux en appellent même déjà à la censure : « Pour les Noirs indignés et qui se sentent insultés par cet épisode de mauvais goût, allez tous sur le site csaudiovisuel ! Pour moi, c’est déjà fait ! N’attendez pas que ça sorte. Si on peut empêcher sa diffusion, ce serait top ! » Et la jeune femme indignée de joindre à son post la copie de l’accusé de réception du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) prenant acte de sa requête. 

À l’heure où nous écrivons ces lignes, ni Mimie Mathy ni les producteurs de la série n’ont souhaité s’exprimer sur ce sujet très délicat, et rien n’indique que le gendarme du petit écran donnera une suite favorable à cette demande radicale. Reste que ce scandale intervient dans un contexte particulier, où les descendants d’esclaves ne veulent plus que le récit de la traite soit exclusivement écrit par ceux de leurs anciens maîtres, aussi repentants soient-ils. Un principe que résument les propos tenus à L’Express par Louis-Georges Tin, président du Conseil représentatif des associations noires (Cran) : « Je ne souhaite pas faire de procès d’intention, affirme-t-il, tout en confessant ne pas avoir vu les deux épisodes incriminés. Mais le risque est de renforcer une historiographie paternaliste qui a prévalu jusqu’ici, selon laquelle les Blancs seraient les seuls sauveurs de Noirs. » Pour choisir son camp, le mieux serait peut-être de regarder l’objet du litige. Si sa diffusion est maintenue...

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Alain MORLAIX

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